Alléluia : Deron Williams et Jerry Sloan ont enfin fait la paix, tout est bien qui finit bien à Utah
Le 19 sept. 2018 à 07:12 par Bastien Fontanieu
Depuis des années, Jerry Sloan et Deron Williams étaient en froid total. Un froid qu’il fallait réchauffer, pour retrouver la relation saine entre un coach et son ancien joueur : c’est fait, la hache de guerre a été enterrée.
Ce n’est peut-être pas l’épisode le plus marquant de l’histoire de la NBA, mais il mérite pourtant d’être raconté. Car sans avoir à être un habitant de Salt Lake City ou un fan hardcore du Jazz, on doit respecter les deux hommes en question et le parcours qu’ils ont eu ensemble comme séparément. Nous sommes en 2011, tout début d’année et donc moitié de la saison régulière. Après une période assez dorée durant laquelle Deron va mener le Jazz avec Carlos Boozer et compagnie jusqu’en finale de conférence, le meneur commence à prendre un peu trop la confiance et cela ne plaît pas forcément à son coach. Il faut dire que Sloan, qui s’entend pourtant bien avec Williams, n’a pas eu de joueur sous son bras capable de remettre sa parole en cause. Stockton, Malone, Kirilenko et compagnie, personne n’a bombé le torse devant le légendaire entraîneur du Jazz pendant plus de 20 ans, c’est donc assez tendu quand Deron le meneur commence à avoir un gentil boulard et prend trop de place. Après avoir déjà changé plusieurs fois les systèmes demandés par son coach et murmuré son désaccord avec le style de jeu employé auprès de ses coéquipiers, Williams fait définitivement exploser la marmite le 9 février 2011. Dans un match anecdotique face aux Bulls, que le Jazz perdra, la mi-temps devient le lieu d’un énorme cirque au centre duquel le meneur et son entraîneur ne peuvent plus se blairer. La punchline la plus connue est évidemment celle de Deron qui, au moment de checker ses coéquipiers avant de retrouver les terrains, lâche un “1, 2, 3, bonne chance” au lieu du “1, 2, 3, Jazz” habituel. C’en est trop pour Sloan, qui annoncera à la fin de cette terrible soirée qu’il prend sa retraite. Depuis ce jour ? Les deux hommes ne s’étaient pas reparlés, le coach tombant dans de graves soucis de santé pendant que Williams continuera sa carrière loin des lacs salés.
Mais aujourd’hui, c’est désormais une relation plus saine qui a été réinstallée, le duo se retrouvant cet été pour la première fois autour d’une table, depuis ce terrible soir de février 2011.
“C’est quelque chose que j’ai voulu faire depuis des années. Un peu d’entêtement et pas mal de nervosité ont joué dans le fait que je n’ai pas fait le pas en avant.”
Mais tout cela a changé au début de l’été. Sept ans après sa rupture avec Jerry Sloan, qui a mené le coach Hall of Famer à démissionner et le joueur à être transféré, Williams s’est retrouvé face à face avec son ancien entraîneur. Assis devant le bureau de Sloan, chez lui, les deux hommes ont eu leur première longue conversation depuis ce que Williams décrit comme “cette ignoble journée”. Deron a 34 ans aujourd’hui, plus âgé repentant. Sloan a 46 ans aujourd’hui. Sa santé se détériore, il doit faire avec la maladie de Parkinson ainsi que la démence à corps de Lewy, et il peut ne plus se souvenir de ce dont il vient de parler.
“Mais je vais vous dire une chose, il se souvient de plein de détails. C’est sûr et certain. Le positif, le moins positif, tout.
Il n’oublie pas grand chose, que ce soit les exemples de moments où je l’ai énervé, les choses que j’ai pu faire pour le titiller. Il m’en a parlé, et il avait raison de le faire. Il a aussi dit d’autres choses vraiment bien, c’était typique de Coach Sloan, vraiment. Si vous le connaissez, vous savez qu’il n’hésitera jamais à vous dire la vérité et ce qu’il ressent.
J’ai pu m’excuser sur la façon dont tout s’est terminé. Il a pu s’exprimer sur toutes ces fois où j’ai agi comme un con avec lui et j’étais un fardeau, afin que cela sorte enfin. Je pense que c’était bien, il n’y avait rien de mal à cela, c’était que du positif.”
L’âge a fait son effet, la sagesse a rattrapé Deron et la petite tête de mule du passé a enfin laissé place à un homme plus mûr et dans la pensée. Mais le temps a aussi fait son effet, et dans le mauvais sens concernant Sloan, puisque sa condition physique a clairement détérioré au fil des années. Encore aperçu il y a quelques temps dans les tribunes de la Vivint Smart Home Arena où les fans lui réservaient une standing ovation à chaque apparition, Jerry a réduit puis totalement effacé les déplacements pour voir le Jazz. Cette situation médicale a dû probablement jouer dans la balance, Williams réalisant sans doute que son ancien entraîneur était dans un pétrin qui l’empêcherait peut-être bientôt de se souvenir de certains moments clés de sa vie. Mais quelles que soient les raisons, le résultat final est là et on en est bien contents : le duo du Jazz qui a bercé les années 2005 à 2010 a pu se serrer la main à nouveau, et peut-être qu’on les reverra un jour dans les rangées du Jazz, applaudissant les arabesques de Donovan Mitchell, devant une foule amourachée par la vision de ce tandem si excitant par le passé. Dans une franchise basée sur des valeurs de famille et de soutien, qui n’a jamais pu faire de gros splash sur la free agency et a dû toujours faire avec du produit maison, voir deux aussi grandes figures se cracher à la joue ne pouvait plus durer. Voilà qui est réglé, merci messieurs d’avoir mis vos égo de côté.
Peut-être qu’un jour, on verra Kobe et Dwight se faire un câlin avec une photo de Mike D’Antoni entre les deux ? Nan, c’est sûr on rêve, mais tout est permis : il suffit juste de laisser passer un minimum de temps…
Source : NBA.com/Jazz