Bilan de l’été des Toronto Raptors : une page se tourne, avec tristesse

Le 19 août 2018 à 11:39 par Bastien Fontanieu

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Source image : NBA League Pass

Peu d’équipes ont vécu 4 mois aussi violents que ceux des Raptors depuis le printemps dernier. Entre élimination traumatisante en Playoffs et transfert inattendu, la franchise canadienne a décidé d’appuyer sur le gros bouton rouge et aborde donc la rentrée avec un paquet de points d’interrogation. Zoom sur les emplettes à Toronto sur le Summer 2018.

Mystère, mystère, mystère. Voilà le mot qui pourrait résumer en grande partie l’été des fans des Raptors, eux qui ont pris cher en mai et ne pensaient pas cumuler ça avec le départ de leur meilleur marqueur all-time sans le moindre avertissement. Blasés par les éliminations consécutives en Playoffs et en clair besoin de changement, les décisionnaires de Toronto n’ont pas mis longtemps avant de se retrousser les manches. Dwane Casey out, c’est Nick Nurse qui prend la suite sur le banc et doit faire avec un effectif bien changé. Beaucoup de cadres sont restés, mais le nouveau patron est en dernière année de contrat et les certitudes l’entourant sont aussi rassurantes que ses prises de paroles. Qu’a donné cet été pour les Raptors ? On fait le point complet ci-dessous.

Ils ont bougé

DeMar DeRozan, Jakob Poeltl, Lucas Nogueira, Bruno Caboclo

Impossible de ne pas commencer par le transfert, the transfert, celui de DeMar DeRozan. Certes, Poeltl fait partie du deal et enlève une pièce intéressante à l’intérieur pour les dinosaures, mais on parle ici du meilleur scoreur de tous les temps à Toronto. DeRozan, c’était bien plus que des lancers et des pull-up, c’était un ambassadeur loyal de la franchise, un mec qui avait fait de la cité canadienne sa maison. Autant dire que son départ a foudroyé les fans comme le joueur, surtout pour l’aspect inattendu de la chose. Un point tout de même intéressant à souligner est le culot du management local, qui a considéré assez pertinemment qu’une équipe possédant DeMar comme leader ne pourrait aller plus loin. C’est culotté de se séparer de lui compte-tenu de son image sur place, mais d’un point de vue basket, cela avait du sens. Poeltl part donc faire ses écrans à San Antonio, tandis que la paire brésilienne Nogueira-Caboclo fera des cocktails en D-League ou ailleurs. Un été bien mouvementé donc, surtout si on inclut Casey dans la balance. En résumé, il fallait mettre une fin à cette chouette team qui n’arrivait pas à passer au level supérieur, et les décisionnaires de Toronto ont décidé d’arracher le pansement d’un coup plutôt que de le retirer en douceur. Violent, mais potentiellement efficace.

Ils arrivent 

Kawhi Leonard, Danny Green, Greg Monroe

L’homme le plus zarbi de la saison passée débarque à Toronto, elle est là la grande nouvelle. Zarbi, et doué. Car ne nous trompons pas sur la valeur de la marchandise, si Kawhi retrouve tous ses moyens et s’intègre bien chez les Raptors, il n’y aura aucun doute sur la validation du transfert réalisé cet été. Meilleur joueur que DeRozan, Leonard est aussi une énigme complète, qui sera… agent-libre l’été prochain. On est donc dans le cas d’un véritable pari, celui de séduire le All-Star et lui montrer que l’avenir est chouette in the North. Dans la poche arrière de Kawhi, c’est Danny Green qui a aussi fait le voyage de San Antonio, lui aussi en dernière année de contrat. Deux joueurs complémentaires qui boostent immédiatement la défense déjà redoutable des Raptors, et apportent encore plus de shooting comme de polyvalence. On ne peut tout simplement pas regarder les trois noms ci-dessus et se dire que Toronto n’a pas une meilleure équipe sur le papier, potentiellement. Greg Monroe, par exemple, n’a peut-être pas le moindre QI défensif dans son répertoire, mais il apporte une option offensive de luxe sur le banc et pourra s’éclater dans le spot délaissé par Poeltl. Pour résumer, soulignons à nouveau le fait qu’il s’agit ici d’un coup de poker, un all-in à la canadienne, visant à aller plus loin que jamais auparavant en espérant que les arrivants se plaisent sur place. Si Kawhi prolonge dans quelques mois à Toronto, Céline Dion pourra sourire quand elle veut.

L’avis du banquier

Se séparer des 84 millions de dollars restant sur le contrat de DeRozan pour trois ans est une bonne chose, d’un pur point de vue financier. S’il a largement prouvé qu’il méritait son salaire, DeMar a aussi montré ses limitations et les banquiers de Toronto commençaient à se demander si le joueur n’était pas une brique trop lourde dans la réserve locale. Maintenant, en décidant de récupérer le package Kawhi-Green (33 millions combinés), les Raptors ont décidé de se préparer à une potentielle implosion dans un an. Entre Leonard, Danny, Jonas Valanciunas et C.J. Miles potentiellement agent-libres, Toronto pourrait se retrouver devant une transition mouvementée et sans véritable star dans son vestiaire. Tout ça pendant que, dans le plus grand calme, Lowry et Ibaka continueront à toucher plus de 50 millions la saison à deux. Sur cet été 2018, disons que les Raptors ont montré à quel point le contrat de DeRozan les dérangeait, et la page fût tournée en pariant sur deux joueurs en dernière année de contrat. Avec 138 millions de deal garantis pour la saison à venir, la franchise canadienne est ric-rac, mais elle sait aussi ce qui l’attend dans un an : seulement 77 millions garantis, et une bonne petite place pour signer de l’agent-libre. Encore une fois culotté, et à confirmer.

Note : 7/10

Trop compliqué de noter cet été des Raptors sans savoir ce qui va se passer dans un an. Si Kawhi Leonard prolonge après une fabuleuse saison à Toronto ? On pourra reparler d’un 9/10 en fermant les yeux. Mais si le All-Star s’en va vers des contrées plus ensoleillées, tout comme Danny Green, comment pourrons-nous laisser le management fuir en toute liberté ? Perdre le meilleur scoreur de son histoire contre peanuts, tel est le scénario qui pend au nez des fans des Raptors. Et rien que pour avoir bazardé ce dernier sans le prévenir, on est obligés de faire baisser le grade. Pour le moment, on part donc sur un 7/10 à très court-terme, car l’équipe est qualitativement meilleure que celle de l’an dernier et dans une perspective financière plus allégée. Mais comme pour le Thunder avec Paul George il y a quelques mois, on ne peut que froncer les sourcils et attendre : la seule et vraie note sera donnée à Masai Ujiri et ses hommes en juillet 2019.


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