Bilan de l’été des San Antonio Spurs : la saga Kawhi Leonard est enfin terminée
Le 19 août 2018 à 13:14 par Bastien Fontanieu
Embourbés dans une affaire qui a pris des proportions assez folles en coulisses, les Spurs n’avaient pas vraiment le choix. Se séparer de Kawhi Leonard était une évidence imposée, mais comment la franchise texane pouvait faire pour s’en sortir sans avoir trop de pots cassés ? Zoom sur les emplettes à San Antonio sur le Summer 2018.
Des grognements, des soupirs, des têtes baissées et même quelques larmes pour certains, on peut affirmer sans trop trembler que la dernière saison des Spurs a été sacrément intense en interne comme pour les fans. Persuadés que la suite serait merveilleuse avec un franchise player aussi stoïque que Tim Duncan, les décisionnaires du Texas ne pensaient pas vivre le mini-cauchemar de ces derniers mois. Sauf qu’une fois l’ultimatum posé par le camp de Leonard, et après la tragique disparition de la femme de Gregg Popovich, le temps ne jouait pas en la faveur des grands hommes de San Antonio. Il fallait agir, bien et vite. Couper le cordon ombilical entre Kawhi et sa franchise de toujours, mais rester suffisamment compétitif pour prouver que la pensée locale est toujours tournée vers le mois de juin. On fait donc le point sur le business des Spurs, qui a été plus mouvementé que jamais cet été.
Ils ont bougé
Kawhi Leonard, Danny Green, Tony Parker, Kyle Anderson, Joffrey Lauvergne
Ouais, ça fait mal. Premier coup d’oeil, premier clignement des yeux. Tony quitte les Spurs après y avoir joué toute sa carrière, pareil pour Kawhi et Anderson même si ce fût moins long. Un sacré changement dans l’effectif texan, qui voit clairement sa défense en prendre un coup d’un point de vue talent avec également Danny Green sur le départ. Le séisme fût particulièrement violent à San Antonio en voyant Parker prendre la direction de Charlotte dans le même laps de temps que le transfert de Leonard, mais il fallait s’y attendre vus les signes montrés tout au long de la saison. Lauvergne retournera en Europe pendant qu’Anderson fera le bonheur des Grizzlies, pour boucler la boucle. En tout et pour tout ? Disons que la perte identitaire de TP est éprouvante, la perte de talent de Kawhi l’est tout autant, tout comme la défense de Green et les progrès d’Anderson. Mais vu le contexte dans lequel la franchise de San Antonio se situait une fois les Playoffs terminés, il fallait passer l’été sans subir trop de dégâts. Une mission balancée avec les arrivées ci-dessous.
Ils arrivent
DeMar DeRozan, Jakob Poeltl, Marco Belinelli, Lonnie Walker, Dante Cunningham
Quand on perd le meilleur joueur dans un transfert, on est perdant en NBA. Cependant, les Spurs ne se sont pas retrouvés totalement à poil et ils ont même réussi à remplir assez solidement leur vestiaire pour rester dans les hauteurs de la Conférence Ouest. DeRozan vient apporter scoring et création sur les ailes, avec également le retour de Belinelli qui avait remporté un titre à San Antonio en 2014. Lonnie Walker, bourré de talent, devra bosser pour se faire une place mais sa chute à la Draft pourrait faire le futur bonheur des Texans. Dans la peinture, deux hommes de main qui feront le sale boulot avec plaisir. Dante Cunningham, expérimenté et polyvalent, et Jakob Poeltl, plus rugueux et talentueux. En sachant que Kawhi voulait partir, les décisionnaires des Spurs ont choisi d’éviter la catastrophe et ont donc accepté de miser sur DeRozan ainsi que le développement de Poeltl. En y ajoutant les signatures de Marco et Dante, on peut affirmer sans trop se jeter que R.C. Buford a assez bien limité la casse et permet à Gregg Popovich de démarrer la saison avec un groupe à la fois expérimenté et talentueux.
L’avis du banquier
C’est le fameux contrat de DeRozan qui, sur le papier, fait grimacer certains fans. Deux années garanties à 27 millions, l’arrière a plutôt intérêt à apprécier le River Walk. Mais les Spurs savaient aussi très bien ce qu’ils étaient, et ce qu’ils sont. Un marché qui n’attire pas la crème des agents libres, et qui doit rester compétitif pour ne pas retomber dans la misère de la reconstruction. C’est donc assez logiquement que les hauts-placés de San Antonio ont vu la future free agency de Danny Green et de Kawhi Leonard, et ont transféré le package contre des joueurs assurés de rester sur place jusqu’en 2020 minimum. La prolongation de Rudy Gay et les douces arrivées de Belinelli – Cunningham permettent aux Spurs de rester dans leurs clous, c’est-à-dire 120 millions de dollars garantis en contrats pour la saison prochaine. En bref, un peu de liberté dans le paysage texan, avec de nouveaux joueurs qui resteront plus ou moins longtemps et qui ne plombent pas les finances : un été typique, bien que mouvementé d’un point de vue symbolique.
Note : 6/10
Perdre Kawhi Leonard, Tony Parker et Danny Green, voilà une phrase suffisamment percutante pour faire chuter la note des Spurs. Même avec les acquisitions réalisées cet été, le sentiment à l’approche de la rentrée est celui de l’anxiété. Pas pour les futurs résultats à San Antonio, qui resteront au top sous les ordres de Gregg Popovich, mais plutôt pour la transition qui s’opère au sein de l’effectif. Nouveau jeu, nouveaux leaders, nouvelles têtes, il faudra composer avec ces nouveaux éléments et pendant ce temps-là la Conférence Ouest cherchera à faire tomber l’empire noir et blanc. Cela sentait sacrément mauvais pour les Spurs en sortie de Playoffs, on peut dire que le management a fait de son mieux pour garder le torse bombé. Oui, cette équipe sera potentiellement meilleure que celle de l’an dernier, mais ce n’est pas ça qui changera les perspectives futures : San Antonio faisait partie des équipes capables de se battre pour le titre il y a deux ans, difficile d’en dire autant aujourd’hui malgré les mouvements effectués.