Frank Ntilikina : et si on passait aux choses sérieuses après une première saison encourageante ?
Le 28 juil. 2018 à 12:53 par Alexandre Martin
Aujourd’hui, Frank Ntilikina fête ses 20 ans. Seulement a-t-on envie de dire, même si dans le milieu de la balle orange – surtout chez les fans tricolores – on sait que Franky est un tout jeune basketteur. Il n’empêche que le meneur français vient de conclure sa première saison en NBA et se prépare ardemment pour la suivante. Ce jour d’anniversaire paraît donc être le bon timing pour jeter un œil dans le rétro et surtout tenter de se projeter dans l’avenir et cet exercice 2018-19 qui attend notre frenchy.
Il a été drafté en huitième position par les Knicks. On le sait. Il est le Français choisi le plus haut de l’histoire lors de la grand messe annuelle qu’est la Draft. On le sait aussi. En attendant, ce sont mine de rien des éléments susceptibles de mettre un vraie pression sur un rookie qui découvre la Grande Ligue. Ensuite, il y a : le Madison Square Garden, jouer aux côtés de Kristaps Porzingis, un coach qui a la pression, un public très investi, une presse qui peut s’enflammer dans un sens comme dans l’autre en un rien de temps, jouer au poste de meneur là où les Knicks n’ont pas eu de joueur dominant depuis Walt Frazier quasiment, là où les Knicks ne vont cesser de rajouter des joueurs (Jarrett Jack, Emmanuel Mudiay, Trey Burke ou Ramon Sessions) qui vont venir lui manger du temps de jeu potentiel, là où la plupart des autres équipes sont particulièrement bien équipées… Autant de facteurs pas évidents à gérer quand on a 19 ans et qu’on débarque aux États-Unis pour jouer au basket dans le plus gros marché de la NBA. Mais Ntilikina est arrivé avec son calme caractéristique, sa gentillesse et son bon anglais. Il s’était bien préparé mentalement. Enfin du mieux qu’il le pouvait avant de vraiment prendre connaissance de son nouvel environnement. Il n’est pas du genre à en faire des tonnes. C’est un bosseur qui savait que rien ne lui était acquis et que l’adaptation prendrait bien une saison.
Une saison au cours de laquelle il va participer à 78 des 82 matchs de Knicks, entre gros espoirs et tanking à partir du moment où le Letton Porzingis a été déclaré out pour la saison dès le début du mois de février. En difficulté au shoot, Franky a planté 5,9 points par soir à seulement 36,4%, le tout accompagné de 2,3 rebonds, 3,2 passes décisives et pas loin d’une interception en 22 minutes de temps moyen. Des statistiques loin d’être ronflantes et qu’il faudra bien évidemment améliorer, mais qui ne cachent pas le potentiel très intéressant de ce bon Frank. Il y a eu plusieurs aspects très encourageants pour la suite dans cette première saison du Français. Tout d’abord, sur phase de transition, il a montré un magnifique instinct à la passe et a su servir ses copains dans des conditions idéales. Ensuite, il a beau être d’un naturel qui semble plutôt calme et posé, Frank Ntilikina n’est pas du genre à se laisser marcher dessus. Il l’a montré en se frottant tout simplement à LeBron James sur une situation anodine de récupération du ballon pour faire une remise en jeu. King ou pas, il s’en bat les c******* le Franky et il a bien raison ! Fristouille, échange d’amabilités, Enes Kanter qui vient défendre son meneur et le Garden qui rugit devant l’attitude d’un Frenchy, un French Prince. Bonheur, non ? Enfin, et ce n’est pas le moindre de ces aspects encourageants, Ntilikina a tout de suite mis les choses au clair : en défense, il n’est là pour faire de la figuration. Bien au contraire.
Avec sa longueur (taille : 1m96, envergure : albatros), sa mobilité, son envie et son sens du placement et du déplacement, le Français a régalé à plusieurs reprises en empêchant son adversaire direct de passer, en tenant un gars plus gros que lui ou en volant du ballon. C’est indéniable, Frank Ntilikina a tout ce qu’il faut pour devenir un défenseur de premier plan en NBA, doublé d’un passeur tout à fait correct. Voilà des bases sur lesquelles il va désormais falloir s’appuyer pour continuer de progresser et passer des caps. C’est à ce prix que Franky pourra briguer une place de titulaire indiscutable à la mène chez les Knicks. Et cela commence dès la saison prochaine. Non pas que l’on attende déjà des miracles de la part d’un sophomore mais prendre le poste 1 à Trey Burke et Emmanuel Mudiay doit être possible ! On a parlé de lui au poste 2 dans certaines rumeurs mais on a un peu de mal à y croire étant donné le nombre de joueurs déjà présents dans l’effectif des Knicks et qui peuvent jouer sur les extérieurs.
La saison prochaine sera une saison de transition pour les Knicks. Le nouveau coach, David Fizdale, va devoir prendre ses marques et se passer de son meilleur joueur, Kristaps Porzingis, pour une bonne partie voire la totalité de l’exercice. Les ambitions collectives en termes de résultat ne devraient pas être trop élevées. En revanche, il s’agira de construire la suite et de développer un noyau de jeunes joueurs pour entourer la tour lettone et donner envie à une autre star de venir renforcer le roster dès l’été 2019. Il est clair que Frank Ntilikina fait partie des plans de son entraîneur et de ses dirigeants. Sa jeunesse, son potentiel et sa défense donnent envie d’en voir beaucoup plus. Sauf qu’on le sait, à New York, la patience n’est pas la qualité première. L’ami Frank doit travailler sur son jeu offensif, sur son handle et sur son shoot principalement. Il doit être capable de peser plus en attaque même si ses aptitudes défensives sont immenses et que le public new yorkais l’adorera toujours pour ça. Aujourd’hui en NBA, à part Patrick Beverley, quels meneurs peuvent prétendre à une place de titulaire sans pour autant garantir au moins 12 ou 15 points par soir ? Et ce bon Pat est un shooteur très sérieux derrière l’arc, ce qui n’est pas le cas de notre Franky national. A peine 32% de réussite à trois points, c’est trop peu et cela nécessite du boulot pour avoir un tir qui oblige la défense à sortir, à ouvrir des espaces pour les coéquipiers.
On a vu passer des photos de Ntilikina sur les réseaux sociaux, des photos le montrant tout musculeux après le travail qu’il est en train de faire pour gagner en puissance et en masse musculaire afin de se faire moins bouger par les monstres physiques qui se baladent sur les lignes arrières en NBA. On a vu. Mais si le physique va venir à force de travail, il doit en être de même pour le shoot. Franky a tout ce qu’il faut : une mécanique très correcte et de bonnes prises d’appuis, il doit juste bosser pour que ça rentre. Même chose pour son handle : s’améliorer pour être de plus en plus efficace en pénétration, notamment sur demi-terrain, quand les espaces se resserrent. C’est à ce prix que le Français pourra jouer une très belle carte à fond, celle de devenir le titulaire des Knicks à la mène dès sa deuxième saison. C’est possible.
Tout cela est évidemment bien plus facile à dire qu’à faire. Mais Frank Ntilikina possède un vrai potentiel qu’il lui faut exploiter pour s’imposer en NBA. La saison de sophomore est souvent une saison clé dans une carrière. Le joueur est encore très jeune mais on attend de lui qu’il progresse et qu’il montre quel genre d’élément il peut devenir. Franky a du boulot devant lui mais aussi un vrai coup à jouer. Du haut de ses 20 ans, il est en position de marcher dans les traces des Tony, Nico, Vavane ou Rudy et de se faire une belle place parmi l’élite de la balle orange.