Lettre ouverte à la NBA : c’est l’histoire d’une ligue qui part en sucette, une sucette au bon goût de seum

Le 03 juil. 2018 à 09:42 par Giovanni Marriette

Bill Russell
Source image : Youtube

Si vous avez choisi de vous offrir un week-end à la montagne, loin de votre téléphone et de toute espèce de réseau Internet, je vous conseille de ne pas lire les quelques lignes ci-dessous. Car depuis dimanche, la NBA a littéralement pété un câble, en s’asseyant sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la dignité. Dur à avaler.

Les quelques lignes ci-dessous représentent le regard de l’un de nos rédacteurs, pas celui de la rédaction tout entière. Il n’a pas vocation à allumer un feu mais simplement permettre à son auteur de souffler après une nuit compliquée. Bisous.

Imaginez Sangoku et Freezer décidant de mettre leurs inimitiés de côté et préférant aller cueillir ensemble des pâquerettes, main dans la main et en riant aux éclats. Tant pis pour la mort de Krilin, le chauve a déjà ressuscité deux fois. Imaginez Neymar signer au Real Madrid pour 2400 euros par mois, parce qu’il la veut cette Champion’s League 2019. Soyons honnêtes, ce qu’il se passe en NBA est pire. Mais attention, loin de moi l’idée de vouloir jouer au vieux con moralisateur. Tout d’abord parce que je ne suis pas vieux, mais aussi et surtout car il sera toujours tendu de comparer les époques, les mentalités, car la vie n’est tout simplement pas la même que dans les années 90. Car on peut reprocher à un gamin de 12 ans de chouiner pour avoir le dernier iPhone 10, mais en même temps… n’aurions-nous pas fait la même chose à sa place ? Ce constat matinal n’a donc pas pour but de tirer à boulets rouges sur une NBA faisant passer la soif de gagner avant le respect, mais tout simplement comme objectif de crier ma peine.

Un sorte d’exutoire, parce que j’en ai besoin, probablement comme des milliers d’entre-vous.

Qu’elle est loin l’époque où le départ d’un joueur phare occasionnait de grands feux de joie avec des bouts de tissu. Aujourd’hui ? Votre jersey aura à peine quitté les mains de votre facteur que le risque de voir votre joueur préféré changer de crèmerie est déjà élevé. On ne cite personne, on ne connait pas forcément les histoires de vie de chacun hein, mais force est de constater qu’aujourd’hui le business l’a définitivement emporté sur le jeu, sur le plaisir, sur l’honneur. Rejoindre un “grand marché”, accepter d’offrir l’un de ses reins alors qu’on est le meilleur de la Ligue à son poste, signer pour l’équipe qui vient de vous botter le cul, partir rejoindre le mec que vous avez toujours détesté, les exemples sont ce matin légion et c’est tout simplement un sentiment de dégoût qui s’empare de moi. J’en viens à espérer que des mecs se foutent sur la gueule à Los Angeles, j’en viens à vouloir fêter n’importe quelle défaite des Warriors comme si j’avais gagné au Loto. Le jeu en triangle de Phil Jackson est mort, le run and gun de Donnie et D’Antoni aussi, place aujourd’hui à l’empilage de stars type All-Star Game, sans se soucier une seule seconde de l’éthique de ce joyeux bordel. Vous connaissez l’histoire de la franchise championne NBA dès le mois de juillet ? Et bien c’est tout sauf une histoire drôle. J’en ai marre. On laissera aujourd’hui de côté mon amour pour une certaine franchise texane, dont je peux au moins dire qu’elle n’a pas encore tout à fait versé dans ce genre de filouteries, mais j’ai peur. Peur de voir les derniers bastions “historiques” de la Ligue se mettre à jouer le même jeu que les champions en titre. Rendez-vous en 2022, hâte de voir Chris Paul, James Harden, LeBron James, Kevin Durant et Joel Embiid dans le même cinq, en espérant que le soldat Westbrook – ou d’autres – continue de s’insurger contre ses fragiles méthodes. Marre.

On s’émerveille devant la Draft, on aime épier les progrès des jeunes pousses de la Ligue, mais au final le résultat est le même. Réunion de All-Stars, tuons donc la NBA avant même qu’elle ne commence. La question se pose donc réellement : doit-on vraiment admirer un mec parti acheter des bagues ou plutôt un type un peu manche incapable de mettre assez de côté pour se payer le moindre bijou. Personnellement je suis plutôt braqueur, mais un vrai braqueur n’est pas pote avec le proprio de la banque. CQFD.


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