Quand Ralph Sampson éliminait les Lakers sur une action de volley : encore une carrière brisée par les blessures
Le 22 mai 2018 à 19:18 par Hugo Chalmin
Prenez quelques secondes, posez vos fesses au fond du canapé, fermez les yeux et imaginez un mec de 2m24, fin comme liane, agile tel une gazelle, capable de dribbler dans le dos et vous obtenez Ralph Sampson. Un pivot doté de la vélocité d’un ailier, auteur d’un des buzzer beaters les plus incroyables de l’histoire des Playoffs NBA.
Nous sommes en 1986, les Rockets possèdent une des raquettes les plus impressionnantes que la Grande Ligue ait pu voir évoluer. Il faut dire qu’avec les 213 cm de Hakeem Olajuwon et les 224 de Ralph Sampson, il y a de quoi dissuader les arrières les plus téméraires de pénétrer dans la peinture. Ceux que l’on surnomme les Twins Towers (avant Tim Duncan et David Robinson aux Spurs) sont All-Stars et vont emmener Houston en Finale de Conférence après s’être débarrassé de Sacramento puis de Denver. Ils y retrouveront les Lakers champions en titre de Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson et James Worthy. Inutile de préciser que ce sont les Angelinos qui partent en grands favoris. Mais ça on ne l’avait sûrement pas dit aux hommes du Texas. Ces derniers ne vont pas se contenter de battre Los Angeles mais ils vont les défoncer 4-1 ! Une série dominée de bout en bout qui s’achèvera lors d’un Game 5 avec une fin de match qui restera gravée dans les mémoires. On se refait le film, il reste une seconde au chrono, la bande de Bill Fitch et celle de Pat Riley sont à 112-112 . Hors de question pour les Texans d’aller jouer une prolongation au Forum. Sur la remise en jeu, la gonfle arrive au-dessus de la tête de l’ami Sampson qui se prend pour Benjamin Toniutti et envoi une passe de volleyeur dos au panier. La suite, pour ceux qui ne la connaissent pas, la grosse balle orange ricoche un peut partout sur le cercle avant de rentrer et d’assassiner les Lakers au buzzer. Un exploit mettant fin à la suprématie de quatre ans des Californiens sur l’Ouest et qui va les propulser en Finales NBA face aux Celtics de Larry l’oiseau. Pas de surprise cette fois, les Bostoniens vont s’imposer 4 à 2. Mais à ce moment-là, on ne réalise pas que ces NBA Finals seront le sommet de la carrière d’une des tours jumelles…
Comment ne pas être emmerdé par les blessures lorsque l’on possède un châssis de 2m22 et que l’on joue comme LeBron James ? C’est impossible et Ralph Sampson en sait quelque chose. Véritable star en université avec les Cavaliers de Virginie, RS roule sur toute la concurrence : il récolte à trois reprises le titre de Naismith College Player of the Year récompensant le meilleur joueur universitaire de l’année et fera même six fois la couverture de Sport Illustrated en quatre ans. Il est ensuite logiquement choisi en numéro 1 lors de la Draft 1983 par les Rockets, première pièce d’une raquette complétée par un certain Hakeem Olajuwon l’année suivante, lui aussi drafté en first pick. Olajuwon-Sampson, paye ta raquette de gratte-ciels ! Leur association fait aussitôt des ravages puisque les géants vont ramener Houston en Playoffs mais se font sortir au premier tour. L’aventure suivante est racontée dans le paragraphe précédent et c’est là que la tragédie commence. La saison 1986-87 s’annonçait grandiose avec les deux animaux que tout le monde voyait rouler sur la Conférence Ouest mais elle marque la chute d’un homme, celle de Ralph Sampson. A force d’être le premier en contre-attaque, poser des crêpes à tout ceux qui osaient s’aventurer dans sa raquette, les genoux couinent et vont être opérés à trois reprises. La moitié du temps à l’infirmerie, il va ensuite être envoyé du coté de Golden State l’édition suivante où Sampson verra son corps le lâcher petit à petit et à 28 ans, sa carrière “s’achever”. Ses stats sont en baisse constante, il peut dire adieu à ses 21 points, 11 rebonds et 2,4 contres de moyenne qu’il avait lors de sa saison rookie. Un passage à Sacramento puis dans la capitale et la NBA dit au revoir à l’un des phénomènes les plus étonnants n’ayant jamais foulé les parquets ricains.
Imaginez seulement voir un tel spécimen évoluer dans la NBA de nos jours. Malheureusement pour lui, à ses pépins (à ce stade là ce ne sont plus des pépins, ce sont des noyaux) physiques s’ajouteront des soucis judiciaires pour des histoires de défaut de paiement de pension alimentaire. Tout ça ne l’empêchera d’être intronisé au Basketball Hall of Fame en 2012 pour son incroyable parcours universitaire. Mérité pour le géant.