A-t-on vu le dernier match en carrière de Manu Ginobili ? Le coeur dit non, mais la raison dit oui
Le 25 avr. 2018 à 09:00 par Bastien Fontanieu
Vingt-cinq minutes de jeu n’auront pas suffit. Présent sur le parquet d’Oakland pour la fin de saison des Spurs cette nuit, Manu Ginobili a peut-être joué son dernier match en carrière. Peut-être ou très probablement ? On a notre petite idée.
La scène, déjà observée l’an dernier face aux Warriors, était touchante. Buzzer final, confettis qui tombent, les joueurs des deux équipes se câlinent enfin après dix jours passés à se rentrer dedans. Au milieu de cette horde de géants, Ginobili est exténué mais congratulé par l’intégralité du groupe adverse. Tout le monde, coaching staff, joueurs, assistants, kinés, chacun y va de son accolade avec l’Argentin. Il faut dire que l’intéressé est potentiellement en train de quitter un terrain de basket pour la dernière fois de sa carrière professionnelle. Et on ne parle pas de n’importe quel joueur. C’est donc sous le bras de Steve Kerr que Manu termine sa ronde, souriant aux côtés de son ancien coéquipier pendant que ce dernier lui demande de revenir. Allez, un an de plus, juste un an. Why not ? La tête à moitié baissée, à cause de cette défaite cuisante et la fin d’une saison éprouvante, le vétéran quitte le parquet et envoie un peace ou pace des plus typiques. Conférence de presse protocolaire oblige, Ginobili renvoie la même balle que l’an dernier aux médias, indiquant qu’il prendra le temps. Qu’il se donnera “un ou deux mois pour réfléchir“, avant de faire un choix, et qu’il n’est “pas du genre à se presser“. On connaît la bête, on connaît nettement moins la suite. Oui, cette nuit, l’un des meilleurs basketteurs de l’histoire a peut-être joué son dernier match pro. Et si on devait se retrouver dans le salon de Manu Ginobili, on verrait plutôt les choses ainsi.
Le coeur dit oui, forcément. C’est obligé. Comment observer la saison qui vient de s’écouler, et croire que l’arrière est sur les rotules ? Toujours aussi exemplaire dans sa combativité, toujours prêt à donner son corps pour la gagne, El Manu a le même feu qui l’habite depuis ses premiers dribbles à Bahia Blanca. Ses improvisations sont géniales, son efficacité remarquable, et son apport est surtout resté fondamental dans la réussite des Spurs. Si on suit le coeur donc, celui qui bat plus fort que tous ceux de sa génération, on dira oui. Oui, Ginobili sera de retour et nous offrira encore des passages en force, des poings rageurs, des passes légendaires, le tout sans se soucier du lendemain.
Mais la raison dit non, c’est certain. Contexte et futur oblige. La situation des Spurs est telle, tellement indécise et chamboulée, qu’on ne sait même pas ce que réservera la semaine prochaine. De Gregg Popovich, aujourd’hui veuf et qui aura lui aussi une grande décision à prendre cet été, à Kawhi Leonard, aujourd’hui un pied dans la franchise et un autre dehors, en passant par Tony Parker et le management de San Antonio, tout est en stand by. On est à un tel virage global que la page peut être intégralement tournée avec un strike dévastateur, ou bien tout peut rentrer dans l’ordre avec une nouvelle saison de Pop, Leonard qui rempile et Tony qui suit en compagnon number one de Manu. Sachant que l’Argentin ne vit que pour la gagne et la camaraderie, impossible de croire que les inquiétudes tout au long de l’année ne vont pas affecter sa décision. Croire que les Spurs, dès aujourd’hui, vont faire quoi que ce soit de compétitif l’an prochain relève du culot. Et c’est en cela que le coeur, habituellement vainqueur par KO chaque été, pourrait rendre ses gants face à la raison.
Tout au long de la saison, Manu Ginobili s’est filmé, à l’entraînement, en bagnole, en avion, pour enregistrer ces moments d’équipe et cette fabuleuse aventure partagée depuis plus de quinze ans en NBA. Peut-être que la carte mémoire sera saturée aujourd’hui, peut-être que la retraite de l’Argentin tombera en juillet. La meilleure des options reste de se préparer et de le remercier, pour tout ce qu’il a fait. Quoi que tu fasses : t’es un grand, un géant, Manu.