Que les fans des Dubs se rassurent : le nom Golden State Warriors restera malgré le déménagement à SF
Le 05 avr. 2018 à 19:25 par Aymeric Saint-Leger
Cela traîne depuis maintenant quelques années dans les atours de la Ligue : les Warriors ne joueront plus à l’Oracle Arena à compter de la saison 2019-20. Ils vont quitter Oakland et s’installer à San Francisco, dans le tout nouveau Chase Center. Au-delà d’être une grosse perte pour la ville à l’est de la Baie, des questions se posaient sur un éventuel changement de nom de la franchise trois fois championne. Mais comme l’a annoncé Rick Welts, le président et directeur des opérations des Dubs, malgré le déménagement, l’équipe s’appellera toujours les Golden State Warriors.
Dans son histoire, la franchise des Warriors a connu de nombreux changements de localisation, depuis sa création en 1946. Originellement créée à Philadelphie, elle y restera jusqu’en 1962, avant de partir à l’extrême opposé des États-Unis, à San Francisco. Après neuf ans passés au sud de la Baie, l’entité a été à nouveau déménagée en direction de Oakland, à l’est de cette dernière, en 1971. Depuis, elle n’a pas bougé de l’Oracle Arena, depuis presque 50 ans. Mais au tout début du mois de janvier 2017, une annonce tombe sur le coin de la tête de The Town : les Warriors retournent officiellement à San Francisco, pour aller siéger dans une toute nouvelle salle, le Chase Center. Encore en cours de construction aujourd’hui, l’arena devrait être prête pour la saison 2019-20. Selon les délais, l’équipe de Steve Kerr pourrait bien y emménager d’ici un an et demi, ou bien pour l’exercice 2020-21. Bien évidemment, la nouvelle ne ravit ni les fans qui résident à Oakland, ni la ville et ses institutions. À l’inverse, c’est la joie à SF, qui va récupérer une franchise NBA et relancer son attractivité au niveau sportif. Lors de l’implantation de l’ancienne franchise de Philadelphie à Oakland, en 1971, l’équipe n’a pas pris le nom de la ville dans laquelle elle réside. C’est vrai, sur le papier, cela fait moins rêver que San Francisco.
La ville à l’est de la Baie est moins jolie, moins riche, on y recense plus de violences, et une ambiance plus “ghetto”. Ainsi, le nom de Golden State est apparu dès 1971. Cette dénomination est le surnom de l’État de Californie, et représente l’ensemble de la Baie de l’ouest des USA. Oakland, ce n’est pas un nom ronflant, ce n’est pas bankable, et au vu de la réussite de l’équipe dans les années 70, et de celle de l’époque actuelle, les dirigeants de la franchise n’ont pas voulu “ternir” une image qui a été éclatante, à l’arrivée de l’équipe dans la ville, et à la veille du départ (parce qu’entre les deux, à part Run TMC, et We Believe, c’était pas foufou). De fait, San Francisco, ça en jette plus, c’est beaucoup plus clinquant. Une question s’est alors posée dans toutes les têtes, au moment où l’annonce du déménagement a été officielle : est-ce que la franchise va prendre le nom de la ville, va-t-on balancer “Golden State” aux oubliettes ? Cette interrogation a subsisté pendant des années, mais Rick Welts vient d’y mettre fin, dans le podcast de Murph&Mac, pour KNBR 680, où il était invité hier :
“Voilà l’information d’aujourd’hui : c’est officiel [que les Warriors porteront toujours le nom de Golden State, ndlr]. La réalité est que si vous m’aviez demandé cela il y a trois ans, j’aurais menti, je vous aurais dit qu’on réfléchissait toujours à ça, parce que nous pensions vraiment à changer le nom de l’équipe, en les appelant à nouveau les San Francisco Warriors. Ce qui s’est passé entre ce moment et aujourd’hui, c’est que cette équipe dont nous parlons est allé plusieurs fois consécutivement en Finales NBA. Avant cela, personne à Pékin ne savait ce qu’était Golden State, maintenant, n’importe qui dans le monde sait ce qu’est Golden State. Nous en sommes venus à la conclusion logique que le nom de la franchise devait rester Golden State.”
Rick Welts, fraîchement nommé au Naismith Hall of Fame, vient de rassurer la majeure partie des fans des Warriors, qui souhaitent, pour la plupart, que le nom reste tel quel. La décision est maintenant d’une logique implacable. Auparavant, du côté du front office californien, on aurait pu se dire qu’en traversant le Bay Bridge, l’idéal était de reprendre le nom de San Francisco Warriors. Cela rappellerait des souvenirs aux moins jeunes d’entre les fans, cela aurait fait renaître de ses cendres une franchise qui date de quasiment 50 ans, et la notoriété de la ville de SF parle pour elle, à son avantage. Cependant, désormais, tout le monde connaît Stephen Curry, Kevin Durant, Draymond Green, Klay Thompson, Steve Kerr et toute l’organisation championne en 2015 et en 2017 comme les Golden State Warriors, ou comme dirait Bill Walton de son poste commentateur : “The Warriors of the Golden State”. Le succès des Dubs est incroyable, l’engouement populaire est présent, et du haut de ses quarante années d’expérience dans la Ligue, Rick Welts l’a bien compris, il faut surfer sur la vague de notoriété soudaine de sa franchise. La pérennité de l’organisation est assurée pour de nombreuses années, cela ne fait aucun doute. Par contre, un tel déménagement, même en gardant la même dénomination pour l’équipe du Shaqtin’ A Fool all-time MVP Javale McGee, a des effets très contradictoires pour les deux villes impliquées, Oakland et San Francisco.
Pour la ville où résident actuellement les Warriors, le départ de l’équipe dans les années à venir est une catastrophe. Déjà bien moins réputée que ses comparses californiennes (L.A., SF, San José…), l’attractivité de la ville ne va faire que décroître avec le départ de Steve Kerr et ses guys de l’Oracle Arena. Oakland détient encore trois équipes des sports majeurs américains, entre la franchise NBA, les Raiders de NFL et les Athletics de MLB. Cependant, ce ne sera bientôt plus du tout le cas, entre le retour des Warriors à San Francisco, le départ d’ici quelques temps de l’équipe de Derek Carr et Marshawn Lynch vers Las Vegas, et le déménagement prévu des A’s dans un nouveau stade, mais cette fois toujours dans la ville de l’est de la Baie. Alors que les équipes de foot US et de baseball se partagent le même stade, le Oakland-Alameda County Coliseum pour encore quelques temps, les Warriors sont les seuls résidents de l’Oracle Arena. Leur départ va laisser la salle de 19 500 places quasiment à l’abandon. En effet, elle pourra encore recevoir des concerts, des shows sur glace, et pourra de nouveau accueillir des événements sportifs universitaires et lycéens. Mais elle pourrait également être détruite, dans le but de recréer une nouvelle structure, ou de nouveaux équipements pour le stade de la ville, situé juste à côté du gymnase. Une démolition de la salle qui a vu les trois titres des Warriors en 1975, 2015 et 2017 (sans compter les titres à l’époque de Philadelphie, en 1947 et 1956), ce serait une terrible disparition du symbole que sont les Dubs pour la ville entière d’Oakland. The Town rayonne à travers eux, et sans eux, ce sera complètement différent pour cette dernière. C’est l’est de la Baie qui a fait les Warriors, et les Warriors ont fait l’est de la Baie, l’un ne va pas sans l’autre. Oakland risque de souffrir, au niveau de la fréquentation, mais aussi économiquement, d’un tel cataclysme.
Mais aux États-Unis plus qu’ailleurs, business is business. San Francisco est un gros marché, une ville connue, prisée des stars, à l’image de Los Angeles. La construction d’une toute nouvelle salle, le Chase Center, plus petite en capacité (18 500 places) que l’Oracle Arena, mais plus moderne et bien plus équipée est une aubaine pour la ville du sud de la Baie. Les Warriors auront des structures, des commodités plus adaptées à la réussite d’une équipe de sport collectif. Surtout, avec leur notoriété, associée à l’image de la ville, voila de quoi faire un co-branding sympathique, qui peut largement bénéficier aux deux parties. Il y aura forcément un temps d’adaptation, mais dès lors que les potes de Chef Curry auront pris possession des lieux, les places dans le Chase Center pourront s’arracher, et sans doute à prix d’or. Il sera rare de voir un siège vide lors d’un match des Dubs. En termes entrepreneuriaux, c’est une superbe opportunité pour faire du profit. Pour ce qui est du côté sportif, cela va relancer la ville de San Francisco. Les Giants, emblématique franchise de MLB qui a gagné de nombreux titres, est à la peine depuis ses dernières World Series en 2014. Du côté des 49ers, on cherche depuis de nombreuses décennies les successeurs de Joe Montana et Jerry Rice. La franchise NFL du sud de la Baie n’a pas vu la postseason depuis 2013. L’arrivée des Warriors à SF pourra donner un second souffle aux équipes des ligues des Big Four Sports de la ville, et les faire rayonner. Pour ce qui est de la fréquentation, du niveau économique et social, nul doute que l’arrivée des Dubs va être positive, donner du bonheur aux gens, faire rêver les gosses. Clairement, San Francisco va bénéficier de la marque “Warriors”, sur le long terme. Malheureusement, l’effet est bien contradictoire pour Oakland, qui se doit de profiter de ses héros tant qu’il est encore temps. Et même si Rick Welts a annoncé que la ville serait célébrée dans les derniers temps de la franchise NBA en ces lieux, cela ne consolera pas les habitants de Oaktown, et n’aidera pas la situation globale de l’aire de l’est de la Baie.
C’est bien triste pour Oakland, alors que San Francisco peut se réjouir de l’arrivée des Dubs. Mais ce qui reste important, c’est que l’identité de la franchise managée par Bob Myers ne change pas, et reste bien les Golden State Warriors. C’est prépondérant pour le business, les jeunes fans, les fervents de la franchise depuis des décennies. Mais surtout, cela respecte l’identité d’un projet qui s’est construit sur le long terme. Puis, même lorsqu’on sera dans le Chase Center, on pensera à l’Oracle Arena, et on n’oubliera pas le superbe bout d’histoire que les Warriors ont écrit, pour l’éternité, à Oakland.
Sources texte : Murph&Mac Podcast, mercurynews.com, sfchronicle.com