Le record du nombre de tirs du parking battu pour la sixième fois consécutive : bienvenue dans la NBA des années 2010

Le 31 mars 2018 à 19:25 par Benoît Carlier

Parking
Source image : Alden Jewell via Flickr (creative commons)

Fans de grosses défenses et de jeu au poste léché, passez votre chemin. La NBA actuelle pourrait se résumer par le tir à trois points et nombreuses sont les franchises à faire le choix de vivre ou de mourir par leur réussite du parking. La preuve avec cette nouvelle statistique vertigineuse : le record de ficelles envoyées derrière l’arc sur une saison ne fait qu’être battu tous les ans depuis six ans.

C’est dans la nuit de vendredi à samedi que le 23 749ème triple de la saison a été validé en NBA, dépassant la marque de 2016-17 qui constituait déjà le précédent record. A l’heure actuelle, les 30 franchises de la Ligue ont une avance de huit pourcents par rapport à l’année dernière et pourraient même atteindre le plateau symbolique des 25 000 ficelles du parking cette saison. Un tel chiffre ne laisse plus la moindre place au doute, quant à l’importance du tir à trois points dans le jeu aujourd’hui. A titre de comparaison, les 15 000 triples avaient été franchis pour la première fois lors de la saison 2009-10, il y a huit ans, alors que la barre des 20 000 ne date que de 2016. Pour continuer dans l’énumération de chiffres historiques, 19 franchises sont sur les bases de casser leur précédent record de nombre de tirs rentrés de loin cette année. Plus qu’une mode, c’est la recette miracle pour plus de la moitié des entraîneurs qui imitent les Warriors ou les Rockets, voire les Suns du milieu des années 2000 pour remonter un peu plus loin. L’équipe qui était dirigée par… Mike D’Antoni était complètement en avance sur son temps avec un jeu offensif extrêmement rapide avec beaucoup de tirs en moins de sept secondes. Selon Erik Spoelstra au micro d’ESPN, son homologue de Houston est un précurseur qui n’a pas fini de nous surprendre en insistant encore plus sur l’importance du tir extérieur.

“Ça ne me semble pas fou de dire que la première équipe qui tournera à 50 tentatives à trois points de moyenne par match appartiendra à Mike D’Antoni. On peut en rire aujourd’hui, mais cela va arriver et son équipe sera probablement la première à le faire. Sa première équipe à avoir réellement changé les codes tournait à 23 triples par match, c’était l’équipe des Suns de 2004-05. Regardez où nous en sommes maintenant, quasiment au double.”

Les Rockets dominent la Ligue dans ce domaine avec 42,4 tentatives par match de moyenne, évidemment un record. Grâce au game-winner de Gerald Green pour prolonger la série de victoire des leaders de la Conférence Ouest cette nuit, Houston n’est plus qu’à cinq petits tirs primés de son propre record établi l’année dernière. Car si les Warriors étaient les premiers à franchir la barre des 1 000 triples dans une saison, les Rockets se rapprochent maintenant des 1 300. Comme on peut donc le voir dans le Texas ou en Californie, les joueurs sont interchangeables et les positions sont moins marquées qu’avant, tout le monde pouvant dégainer derrière l’arc désormais. Les shooteurs sont partout et à l’exception de quelques pépites comme Ben Simmons ou Lonzo Ball, c’est presque devenu un prérequis pour intégrer la Ligue. Chez les rookies, Donovan Mitchell (172) est en bonne voie pour battre le record de Damian Lillard à l’époque où il découvrait la NBA (185). D’un point de vue plus global, ils étaient 57 à larguer plus de 100 bombes il y a quatre ans. Cette saison, ils devraient être plus d’une centaine. Une tendance qui n’est pas près de s’inverser selon Kevin Love, qui fait partie de ces nouveaux intérieurs mobiles capables d’écarter les défenses.

“Je pense que cela va continuer pendant un moment mais il y a forcément un jour où l’on va atteindre le pic. Toutes les positions, de 1 à 5, savent shooter à trois points. C’est devenu une arme. Cela rend le jeu plus intéressant à suivre. Il y a beaucoup de spacing désormais et c’est plaisant à suivre.”

La révolution est en marche, elle a même déjà eu lieu et chaque équipe essaye maintenant d’en tirer profit pour concurrencer les équipes à l’origine de cette mutation. Les présidents et entraîneurs qui ne croient plus au tir à trois points doivent désormais se compter sur les doigts d’une seule main et force est de constater que les équipes qui fonctionnent le mieux aujourd’hui figurent bien au classement du nombre de tentatives du parking et d’adresse de cette zone du parquet. Pour être plus précis – c’est le cas de le dire – la Ligue est plus adroite de 1,5 pourcent dans cet exercice par rapport à 2015. Les joueurs sont donc plus adroits qu’avant et il n’y a qu’à voir le warm-up de Stephen Curry ou James Harden pour s’en convaincre. Une mutation qui abouti nécessairement à des scores plus élevés mais qui n’enlève rien à la qualité du jeu pratiqué malgré quelques critiques persistantes sur le niveau de la défense qui aurait nettement faibli aujourd’hui. Toujours est-il que l’évolution fait désormais l’unanimité avec son lot de conséquences jusque dans notre vie quotidienne où les gosses préfèrent s’entraîneur du parking plutôt que d’apprendre les fondamentaux. Tout cette réussite extérieure pose aussi la question de la ligne à quatre points, déjà testée à l’occasion du Celebrity Game en février. Une vaste question pour Adam Silver qui doit veiller à ne pas déconstruire ce qui a été bâti avant lui tout en capitalisant sur ce qui marche pour rendre son bébé encore plus prestigieux. Chaque changement est effrayant mais les acteurs de la Ligue étaient tout aussi circonspect au moment de rajouter une ligne à trois points en 1979. Un sport doit rester en phase avec son temps et tout le problème consiste à savoir si c’est une simple tendance passagère ou un vrai pas en avant qui ne sera jamais réalisé dans le sens inverse.

Tout le monde tire davantage à trois points et avec plus de réussite qu’auparavant. Cela donne des records en pagaille et des scores généreux qui feront plaisir aux amateurs de grosses orgies offensives. Dans le sillage de précurseurs comme Mike D’Antoni ou Steve Kerr sur les bancs et de Stephen Curry ou Devin Booker sur les planches, la NBA est en tout cas entrée dans une nouvelle ère depuis six ans.

Source texte : ESPN


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