De vendeur à la sauvette à superstar en NBA : Giannis Antetokounmpo revient sur son incroyable parcours
Le 26 mars 2018 à 18:15 par Aymeric Saint-Leger
Dans la famille de Giannis Antetokounmpo, les premiers temps n’ont pas été les plus heureux. Avec son petit frère Kostas, candidat à la Draft 2018, et Thanasis, ancien des New York Knicks, ils vivaient tout trois avec leur frère Alexis et leurs parents dans des conditions tendues en Grèce. Pour s’en sortir, ils ont dû faire avec les moyens du bord, Giannis a vendu des babioles dans les rues d’Athènes. Depuis, le Greek Freak a bien grandi, forgé par cette expérience de vie qui n’a pas toujours été toute rose.
De situations difficiles lors de l’enfance ou de l’adolescence, aux spots étourdissants des plus belles salles NBA, il parait y avoir des années-lumières, mais il n’y a des fois que quelques pas. Que ce soit Joel Embiid, loin d’être prédestiné au basketball lors de son adolescence heureuse au Cameroun, ou Jimmy Butler, sans-abri lors de la même période de son développement, tout deux ont fini par arriver dans la Grande Ligue et sont même parvenus à en devenir des figures. Cela en est de même pour Giannis Antetokounmpo. En effet, l’ailier d’origine Nigériane n’a pas toujours été le Greek Freak, ce combo ultime de taille, de vitesse, de handle, d’envergure et d’énergie. Ses deux parents ont immigré en Grèce, là où l’ailier des Bucks est né. Ils s’y trouvaient avec trois autres de leurs enfants, Thanasis, Kostas et Alexis, l’aîné de la fratrie, Francis, étant resté au pays avant de venir les rejoindre plus tard. Le contexte était compliqué pour la famille Antetokounmpo, les parents de Giannis n’arrivaient pas à trouver de travail. Ainsi, lui et son grand frère passé par les Knicks ont dû mettre la main à la patte pour aider à la subsistance de la famille, pour subvenir à ses besoins. C’est ainsi que les deux jeunes hommes, encore adolescents, se sont retrouvés dans les rues d’Athènes, à vendre toutes sortes de bibelots, notamment aux touristes pour essayer de se faire un peu d’argent. Le Greek Freak se souvient de cet épisode et l’a raconté, dans un extrait de l’émission 60 Minutes de CBS :
Voix-off : “Il est né à Athènes en 1994, dans la pauvreté et la classe sociale la plus pauvre de la société grecque. Ses parents sont arrivés du Nigéria et ont élevé sa famille. Ils n’avaient pas de papiers, et vivaient dans un minuscule deux-pièces, et dormaient à trois ou quatre dans un lit. Ils avaient rarement suffisamment de nourriture.”
Giannis Antetokounmpo : “Vous savez, c’était difficile. Nous n’avions pas beaucoup d’argent, mais nous avions beaucoup de bonheur. Nous n’étions pas brisés. Vous savez, même si nous luttions, en fin de compte nous étions tous ensemble. Dans une pièce, la même pièce, on s’amusait, on souriait, il y avait des moments difficiles, mais…”
Journaliste : “Vous pensez que ça vous a rendu plus fort ?”
GA : “Oh oui, certainement.”
Voix-off : “Ils ont subsisté par l’économie souterraine, vendant des marchandises dans la rue, comme ces migrants africains, espérant récolter 25 ou 30 dollars, toujours à la frontière de la légalité.”
Journaliste : “Que vendiez-vous ?”
GA : “On avait l’habitude de vendre des paires de lunettes, des montres, des CD, des DVD…”
Journaliste : “Vous deviez être un bon vendeur.”
GA : “J’étais le meilleur.”
Journaliste : “Le meilleur ?”
GA : “Oui, j’étais très bon pour ça.”
Journaliste : “Quel était votre secret ?”
GA : “Je n’abandonnais jamais. Je continuais à leur poser des questions. J’étais aussi bon pour ça. J’étais jeune.”
Journaliste : “Vous restiez autour d’eux jusqu’à ce qu’ils achètent quelque chose ?”
GA : “Oui.”
Journaliste : “Êtes-vous toujours comme ça ?”
GA : “Persistant dans la vie ? Je pense que oui. Si je fais quelque chose, je veux aller au bout.”
Giannis était donc un vendeur à la sauvette avec son frère il n’y a vraiment pas si longtemps. Mais déjà, à cette époque, il avait la volonté d’être le meilleur. Que ce soit dans la rue, ou ailleurs. La NBA aurait très bien pu ne jamais connaître le talent du Greek Freak, s’il n’avait pas été performant en tant que vendeur, s’il n’avait pas été ouvert et humble. Lui qui était plutôt doué au football, il a fini par être repéré par un entraîneur d’une équipe junior du coin. Giannis ne voulait pas trop jouer avec la balle orange à l’origine, il était même maladroit. De plus, il devait travailler dans la street pour subvenir à se besoins ainsi que ceux de ses proches et n’avait pas le temps. Mais ce coach, Spiros Vellinatis, a proposé un deal au jeune homme : s’il venait s’entraîner avec l’équipe de basket, il trouverait un job à ses parents. Alors qu’il n’était qu’un jeune adolescent, il était conscient que cela pouvait aider, il a accepté. Moins de dix ans après, on voit le résultat : double All-Star, titulaire cette année, il a déjà participé aux Playoffs par deux fois, et est clairement le franchise player des Bucks. C’est un des top joueurs de la Ligue, à seulement 23 ans, sans parler du statut de turfu du basket international. Et dire que son talent aurait pu ne jamais être révélé au grand jour, et qu’il pourrait toujours être en train de hustle dans les rues d’Athènes. Au lieu de cela, Antetokounmpo est allé en NBA, a fait venir sa famille aux États-Unis. Il s’épanouit, et se sert de la force que lui ont donné ces années-là en Grèce pour être un des meilleurs au monde dans ce qu’il fait, tout en restant lui-même. Le tout, sous un contrat garanti de 100 millions de dollars que personne n’aurait pu imaginer dans son cercle.
De situations et de contextes compliqués naissent parfois les plus belles histoires, les destins les plus exceptionnels. D’une galère économique et sociale naquit un talent exceptionnel, celui de Giannis Antetokounmpo. Vente à la sauvette, basketball, le Greek Freak excelle dans tout. Et ce jeune homme, d’origine Nigériane, qui a vécu quelques années plus que tendues dans sa jeunesse, sera bientôt un prétendant au titre de MVP. De cette époque, il a retiré des choses, qui font de lui un garçon humble, gentil, les pieds sur terre et la tête bien fixée sur les épaules, parce qu’il sait d’où il (re)vient. Ce genre de story qu’on aime, chapeau Giannis.
Source texte : Youtube/60Minutes