Même aux Lakers, Isaiah Thomas garde de grosses ambitions : le lutin veut gagner des titres et être MVP
Le 23 mars 2018 à 15:35 par Aymeric Saint-Leger
Isaiah Thomas est arrivé aux Lakers dans le cadre d’un échange incluant Jordan Clarkson et Larry Nance Jr., lors de la trade deadline du 8 février. Après une expérience compliquée avec les Cavaliers, il reprend peu à peu du poil de la bête à L.A. où il n’exclut pas de rester la saison prochaine. Surtout, le lutin sait où il veut aller : continuer à être All-Star, gagner des titres et être MVP. Rien que ça.
On connait le calvaire qu’a traversé Isaiah Thomas sur cette dernière année : d’abord un blockbuster trade qui l’envoie de Boston à Cleveland, notamment contre Kyrie Irving. Puis de longs mois de soin à la hanche compromettant une partie de sa saison, jusqu’à son retour le 2 janvier avec les Cavaliers. En méforme, pas en rythme sur les parquets, cela ne se passe pas beaucoup mieux en dehors du terrain dans l’Ohio. Il n’y jouera que 15 matchs, avec des statistiques plus que moyennes pour lui : 14,7 points à 36,1% au tir, dont seulement 25,3% du parking, et 4,5 assists. Au shoot, de tels pourcentages sont indignes de son standing. Victime du “panic mode” des Cavs, il est échangé le 8 février. Il part en direction de Los Angeles avec Channing Frye et le pick de cet été de Forest City, alors que Larry Nance Jr. et Jordan Clarkson font le chemin inverse. Depuis, IT s’épanouit en Californie, et travaille dur pour retrouver son niveau de la saison 2016-17. Ce n’est pas encore fameux, mais en 17 matchs en sortie de banc, il a augmenté ses stats pour un temps de jeu similaire : 15,6 points à 38,3% au tir, dont 32,7% du vestiaire. Ajoutez à cela cinq passes de moyenne, et on trouve un joueur un peu plus performant, mais surtout plus heureux. Le King of the Fourth se sent bien à Los Angeles, même si son rôle de sixième homme ne lui convient pas tout à fait. IT est en fin de contrat, et sera agent-libre cet été. De nombreuses possibilités s’offriront à lui, mais malgré sa fâcheuse posture dans le roster des Angelinos, il se verrait bien y rester. Il en a sans doute marre d’être trimbalé de part et d’autres des USA. Lors d’une session Q&A sur son compte Twitter dimanche, le lutin a pris l’option de ne s’en fermer aucune. Il a évoqué un (im)probable retour aux Celtics, certes. En revanche, il a aussi répondu positivement à des questions des fans des Lakers soucieux de son avenir dans leur franchise. Il s’est déclaré fier de porter ce maillot, et a annoncé qu’il aimerait également rester à L.A :
Not a question, but you’ve been my favorite player after Kobe retired, you have that mentality. Hoping you come back to LA next season #ThatSLOWgrind
— Austin Gable (@a_gable24) March 19, 2018
“Ce n’est pas une question, mais depuis la retraite de Kobe tu es mon joueur favori. Tu as cette mentalité. J’espère que tu resteras à L.A. la saison prochaine.”
En quelques simples mots, IT a répondu favorablement :
I hope so too!!! https://t.co/uEfNNzYyW1
— Isaiah Thomas (@isaiahthomas) March 19, 2018
“J’espère aussi !!!”
Ce n’est peut-être pas la priorité de Thomas, de rester à Los Angeles. C’est plutôt de trouver un endroit où il est désiré, où il peut se poser avec sa famille. Ceci dit, il ne se ferme aucune porte, et apprécie la manière dont il est considéré à L.A., c’est ce qu’il a confié à Tania Ganguli du L.A. Times :
“Je me plais ici, j’aime la situation dans laquelle je suis, le système, le staff. L’organisation a été super avec moi. Si cela tourne dans le bon sens, j’adorerais rester ici. On ne sait jamais. Avec la free agency, vous devez garder vos options ouvertes. Je n’ai jamais eu à me plaindre depuis que j’ai mis un pied ici et enfilé l’uniforme des Lakers.”
Isaiah Thomas sait ce qui l’attend cet été, et ne se trompe pas d’objectif :
“Evidemment, je veux avoir un gros contrat, mais je veux être dans un endroit où l’on me veut, et où l’équipe veut que je sois qui je suis vraiment. C’est à dire être un All-Star. Être un meneur spécial dans cette Ligue.”
On le connait, le petit homme au bandeau. C’est un compétiteur hors-pair, qui, du haut de ses 29 ans veut gagner maintenant. Il sait que ce n’est pas forcément l’état d’esprit du jeune roster des Lakers, mais il pourrait leur inculquer cette mentalité :
“Je veux être grand. Je veux gagner le trophée de MVP, je veux continuer à être un All-Star. Leurs buts [aux joueurs des Lakers, ndlr] ne sont pas encore ceux-là. Ils viennent d’arriver dans la Ligue, et n’ont que 19, 20 ans. Ils sont là pour prendre de l’expérience, pour voir les choses et progresser par eux-mêmes. Pour ce qui est d’aller en Playoffs et de gagner des titres, je veux tout ça et ce n’est peut-être pas encore leur état d’esprit. Mais en même temps, en étant dans cette équipe, j’essaye de mettre ça dans leurs têtes, qu’on peut réaliser toutes les choses qu’on a en tête. Pourquoi pas penser les choses en grand ?”
Voilà un discours conventionnel de la part d’un joueur en recherche d’une franchise et d’un gros contrat. Cependant, cela a de quoi faire plaisir aux fans et à l’organisation californienne. L’objectif premier des Lakers cet été n’est pour autant pas la prolongation d’Isaiah Thomas. Ils ont fait de la place dans leur salary cap, et veulent donc attirer un ou deux gros agents-libres, pour encadrer leur noyau de jeunes joueurs, et retourner jouer les premiers rôles à l’Ouest. IT peut faire partie de cette classe-là, mais il y aura quand même du lourd de disponible en fin de saison : LeBron James, Paul George, DeMarcus Cousins… De plus, il y a toujours la présence de Lonzo Ball, que Magic Johnson veut absolument garder en titulaire pour le développer, ce qui met le lutin sur le banc. Zo, auteur d’un superbe 1 sur 12 à trois points hier soir contre les Pelicans, paraît indéboulonnable. Les Angelinos pourraient cependant signer Pizza Guy pour un an, le temps de voir venir. Il serait sans doute prêt à accepter ça, tant qu’il peut livrer des filoches et des pénétrations à foison en sortie de banc, à condition d’avoir un temps de jeu conséquent. Rester et instiguer une mentalité de winner aux jeunes de L.A., pourquoi pas. Par contre, signer un nouveau contrat avec les purple and gold, cela ne l’aiderait pas forcément à réaliser ses objectifs. Être MVP en sortant du banc, jamais réalisé. Être All-Star dans cette situation, compliqué. Gagner des titres, ce n’est pas pour aujourd’hui. Alors, qu’espère donc Isaiah Thomas ? Que Lonzo Ball se blesse ou s’embrouille sévère avec Magic et son daron pour avoir un spot de titulaire, et performer au tout haut niveau, à l’image de sa dernière saison avec les Celtics. S’il arrive à replanter 28,9 points à 46,3% au tir, dont 37,9% de derrière l’arc, et à donner 5,9 passes décisives lors de chaque rencontre, il pourra être dans la conversation du MVP, et espérer emmener les Angelinos jusqu’aux joutes printanières. Pour aligner de tels chiffres, il jouait alors 33,8 minutes par opposition à Boston. Pas sûr que Luke Walton lui accorde un tel temps de jeu en sortie de banc. Il lui faudrait alors un poste de titulaire. Et pourquoi pas, dans Le meilleur des mondes, un IT en mode machine, qui porte les Lakers peu à peu. Un retour en Playoffs dans un an, des Finales NBA dans trois ans, contre les Celtics, pour un revival, un old classic clash entre les deux franchises historiques. Isaiah Thomas, fraîchement couronné MVP, pose 35 points de moyenne lors des sept matchs, et va l’emporter en mettant 42 points au TD Garden sur la tête de Kyrie Irving lors du Game 7. Mais allez, arrêtons l’utopie, nous ne sommes pas dans le bouquin d’Aldous Huxley.
Isaiah Thomas n’a rien perdu de ses traits de compétiteur, pour lui sky is the limit. On ne sait pas où terminera IT, à Boston, à L.A. ou ailleurs. Le contrat qu’il obtiendra, on n’en connait pas le montant. Mais dans le cas où les Lakers n’arrivent pas à attirer de gros poissons cet été, ils pourraient bien re-signer le lutin pour un an, sans bouffer la place qu’ils ont dans leur cap. Puis, si ça se passe bien, le King of the Fourth pourrait siffler une douce ritournelle pendant quelques années en Californie, et y devenir MVP.
Source texte : LA Times, Twitter/@isaiahthomas