Joe Johnson trouve l’attaque des Rockets meilleure que celle des Suns des années 2000 : Mike D’Antoni confirme
Le 14 mars 2018 à 13:24 par Aymeric Saint-Leger
Il est facile d’annoncer qu’une équipe est la meilleure défense, ou la meilleure attaque d’une ère, voire de l’histoire. Ce n’est pas pour autant que c’est vrai. Mais si un vétéran comme Joe Johnson, dans sa dix-septième année dans la Ligue, déclare quelque chose comme cela, c’est déjà plus crédible. D’autant plus lorsque son opinion est confirmée par un coach qui a mené un des plus beau shows du nouveau millénaire, Mike D’Antoni. Ça tombe bien, les deux hommes se sont retrouvés cette année.
L’histoire entre MDA et Iso Joe ne date pas d’hier. Joe Johnson a été drafté par les Celtics en dixième position en 2001. Une demi-saison après, il débarquait déjà dans l’Arizona, pour y jouer 30 matchs. Il pose durablement ses valises à Phoenix, puisqu’il jouera 82 rencontres à partir de l’exercice 2002-03 lors de chacune de ses saisons avec les Suns. Cette même année, un certain Mike D’Antoni débarquait chez les cactus, en tant qu’assistant de Frank Johnson. Il le remplacera d’ailleurs lors de la saison suivante, après 20 matchs de régulière. Celui qui entraînera les Knicks par la suite restera jusqu’en 2008 dans la Valley of the Sun. Big Shot Joe la quittera lui plus tôt, à la fin de la saison 2004-05, à destination d’Atlanta, où il fera ses meilleures saisons en carrière. Cela aura donc laissé deux ans et demi de travail commun pour Joe Johnson et son assistant coach/coach de l’époque. Le point d’orgue de leur collaboration s’est déroulé en 2005. L’armada des Suns, avant le départ de JJ, fait légèrement rêver : Steve Nash à la baguette, Amar’e Stoudemire pour péter des arceaux, Iso Joe bien sûr, des gâchettes comme Q-Rich et Jim Jackson. Sans compter les historiques comme Shawn Marion, qui mettait pas loin de 20 points par match à l’époque, avec son shoot qui ressemble à un lancer de canette.
Il ne faut pas oublier les petits jeunes de l’époque comme Leandro Barbosa ou Casey Jacobsen, des potentiels intéressants à cette époque. Bref, de quoi mitrailler et finir avec un bilan de 62-20 sur cette saison-là, en scorant la bagatelle de 110,4 points lors de chaque rencontre. Boum. Le show des Suns, mené par le magicien Nash marchait sur la Ligue en régulière. En revanche, le collectif léché de Phoenix s’est fait sortir sèchement, 4-1 en Finale de Conférence contre des Spurs omniprésents. Malgré tout, cela jouait vraiment un beau basket, offensif, sous l’égide du run-and-gun de Mike D’Antoni. Ce dernier est arrivé l’an dernier à Houston, un roster qui convient à son style de coaching sur le papier. Son ancien joueur à Phoenix, Joe Johnson, l’a rejoint dans l’armada des Fusées, peu après la trade deadline du 8 février. Le coach expérimenté et le vétéran sont tout deux en accord, et l’ont dit au NY Times de Marc Stein : la puissance offensive des Rockets actuels est plus importante que celle des Suns de l’époque MDA-JJ.
Quand on pose la question à Joe Johnson sur la puissance offensive des Rockets, sa réponse est sans équivoque :
“C’est de loin la meilleure attaque dans laquelle j’ai joué. Durant mes 17 saisons, de loin. […] Avec les manieurs de ballons que nous possédons, entre C.P. et James, je pense que la dynamique de cette équipe est tellement différente. Puis nous avons une profondeur de banc incroyable. On a une superbe circulation du ballon, il passe dans les mains de tout le monde, ce qui permet à tout les joueurs de se sentir impliqués.”
Même son de cloche du côté de Mike D’Antoni :
“Quand un joueur doit créer toutes les actions, tout le temps, cela devient lisible. C’est ce qu’il s’est passé pour nous à Phoenix avec Steve, c’en était de même avec James l’an dernier. Vous combinez les deux, cela fait une énorme différence, enfin je l’espère. Nous verrons.”
On ne saurait que donner raison au vétéran de 36 ans, et à son coach actuel de trente ans son aîné. Les Rockets ont le meilleur bilan de la Ligue pour le moment, avec 53 victoires pour seulement 14 défaites cette saison. Ils peuvent égaler, si ce n’est dépasser la performance des Suns de 2004-05, et leurs 60 victoires pour 22 défaites. Cependant, au-delà des résultats, Houston se démarque de l’ancienne équipe de Phoenix par sa profondeur offensive. Ils possèdent deux playmakers incroyables, entre CP3, meneur gestionnaire par excellence capable de scorer quand c’est nécessaire, et James Harden, favori dans la course au MVP qui est capable de créer pour lui, de trouver ses shoots et ses positions, mais aussi de plus en plus de distribuer : il est non seulement meilleur marqueur de la Ligue avec 31 unités par match, mais également troisième meilleur passeur de la NBA avec 8,7 caviars distribués chaque rencontre, juste devant son coéquipier à la mène, qui en distille 8,1 par match.
Alors bien sûr, c’est très bien d’avoir des créateurs de talent, mais la force des Texans, c’est bien leur effectif. Harden ou Paul passent leur vis-à-vis, l’intérieur d’en face sort ? Capela matraque les cercles au alley-oop, et Nene, Brandan Wright ou encore Tarik Black sont capables de finir les deux mains dans la marmite. Vous en voulez encore ? Ce qui reste le plus impressionnant, c’est d’être arrivé à rassembler un tel gang de snipers, comparable à celui des Cavaliers il y a quelques temps. MDA a réussi à transformer des joueurs corrects en shooteurs redoutables, en plus des purs artilleurs derrière l’arc qu’il possède. Cela donne Eric Gordon, Ryan Anderson, Gerald Green, Trevor Ariza, P.J. Tucker, Luc Richard Mbah A Moute et donc Iso Joe qui sont capables de punir du parking les défenses qui passent sous les écrans ou qui essayent de doubler Harden et Paul, capables de balancer des flèches longue distance également. Cela donne des Rockets à 113,7 points par match, deuxième meilleure attaque de la Ligue. Ce sont bien les Texans qui ont le meilleur différentiel de points par match dans la NBA, avec neuf points de plus marqués en moyenne sur chaque confrontation. Injouables, vous avez dit ?
L’alchimiste Mike D’Antoni a regroupé des atomes et des matériaux qui donnent un cocktail explosif, l’attaque des Rockets. Et pour que l’entraîneur, qui a dirigé de nombreuses attaques redoutables dont celle avec Joe Johnson aux Suns, admette que c’est la meilleure armada qu’il a jamais coaché, c’est que ce n’est pas rien. Iso Joe et MDA savent de quoi ils parlent, par expérience. C’est peut-être cette dernière, amenée par JJ et CP3 entre autres, qui permettra à Houston de toucher du doigt le trophée Larry O’Brien d’ici le mois de juin.
Source texte : NY Times