Le proprio des Pistons veut discuter avec Stan Van Gundy : changements en vue pour la moustache
Le 13 mars 2018 à 15:26 par Aymeric Saint-Leger
Vendredi dernier, les Pistons jouaient un match à la maison, contre Chicago. Ils l’ont remporté 99-83, pour espérer croire encore aux Playoffs. Lors de la mi-temps de cette confrontation, le propriétaire de la franchise, Tom Gores, a donné une interview, dans laquelle il commence à parler tout doux de l’après-saison. Il sous-entend quelques changements, qui devraient impacter le rôle de Stan Van Gundy, qui est actuellement président des opérations basket et coach en chef pour Detroit.
Dans le microcosme de la NBA, on entend peu parler de Tom Gores. C’est un milliardaire, un homme d’affaires, président directeur-général et fondateur de Platinum Equity, une société d’investissement privée. Lui et son entreprise sont propriétaires des Pistons depuis 2011, et on avait rarement entendu publiquement une déclaration si intense de celui qui possède la franchise, jusqu’à il y a un peu plus de trois jours. Gores s’est exprimé, avec respect, dans un discours fourni de sous-entendus, que l’on peut extrapoler ou non. Sans vouloir remettre en cause le travail de quiconque afin de ne pas gâcher une fin de saison régulière qui pourrait sourire, si les miracles s’enchaînent à Motor City, le proprio commence doucement à préparer les réunions d’après-saison. S’il y a bien un homme que cela va concerner dans la franchise, c’est Stan Van Gundy. L’homme à la voix si stridente et caractéristique est à la fois le head coach et le président des opérations basket des Pistons depuis son arrivée dans l’équipe, à l’été 2014. Il est donc le responsable de nombreux choix au sein de la franchise. Malheureusement pour lui, tout n’est pas couronné de succès, puisque les épaules poilues de Dédé Drummond ne sont pas assez imposantes pour amener son équipe en Playoffs régulièrement. Une petite fois en 2016, sous l’ère Van Gundy, et c’est tout. Cela ne devrait pas être le cas non plus cette saison, même s’il reste 16 matchs à disputer pour un des duos intérieurs les plus prometteurs de la Ligue. Les Pistons ne sont que neuvièmes, et voient s’éloigner peu à peu le train vers la postseason. Ainsi, le proprio commence tout doucement à préparer le terrain des négociations en respectant le travail de SVG, mais en lui faisant comprendre qu’il va falloir que les résultats s’améliorent, et pour cela, des choses doivent changer. Les deux hommes semblent vouloir aller dans la même direction, mais Gores risque d’avoir un choix à faire, et Stan également. Pour commencer le processus de réhabilitation, il s’est donc exprimé publiquement auprès de Bob Wojnowski (et non pas Wojnarowski) de Detroit News :
“‘C’est à propos de ce qu’il s’est passé cette année, ce que nous allons faire, notre futur. Stan est un joueur d’équipe. On ne gagne pas assez, donc nous devons en parler.’ s’est exprimé Gores. Quand on lui demande si SVG sera encore le coach la saison prochaine, il répond : ‘Stan et moi n’avons pas encore discuté de ça. Je crois en Stan, mais il est un joueur d’équipe, donc nous verrons. Il fera exactement la bonne chose pour cette franchise. Actuellement il est occupé à coacher cette équipe. Nous verrons ensuite.'”
“Stan et moi n’avons pas d’excuses, il nous faut gagner. Il n’y a pas d’ultimatum si on n’atteint pas les Playoffs ou quoi que ce soit. Nous devons fournir de gros matchs et gagner, nous ne l’avons pas encore fait, mais je pense que nous le ferons. Et au passage, cette équipe n’a pas abandonné, je vous le dit. Je n’abandonne pas Stan, ni cette équipe. Je pense que Stan a fait du super boulot sur certains domaines, notamment en créant une bonne culture ici. (Mais) nous ne gagnons pas, donc nous devons faire des ajustements. Clairement, on ne peut pas être borné et têtu sur quoi que ce soit, mais je pense qu’on en est pas si loin que ça [de gagner plus, ndlr].”
Le respect mutuel et l’état d’esprit commun se ressent dans les propos de Stan Van Gundy :
“Je pense que Tom et moi sommes totalement sur la même longueur d’onde. Notre équipe joue dur, j’aime les gars qu’on a, même si des choses se sont passées indépendamment de notre volonté. Mais je ne cherche pas à faire des excuses. Le business, c’est de gagner des matchs, et on ne l’a pas assez fait. J’ai traversé ça a plusieurs reprises, mais jamais si franchement et directement, je n’ai jamais eu ce genre de relation avec un propriétaire. J’ai un respect total pour Tom. J’aime la façon dont je suis traité ici, mais je comprends et respecte aussi que Tom doive faire ce qu’il pense être le mieux pour sa franchise.”
Clairement, SVG n’a pas envie de perdre (un de) ses jobs. Même s’il est conscient que des changements risquent d’arriver pour lui, sa bonne relation avec son propriétaire semble le rassurer quelques peu. Puis Stan, ce n’est pas un perdreau de l’année. Malgré tout, le business, c’est le biz, surtout en NBA. Tom Gores ne dit pas que le frère de Jeff va se faire virer, mais qu’il faut “discuter”. C’est-à-dire qu’il devrait faire part à son coach de ses doutes sur l’efficacité de son système de jeu, sur ses choix, notamment lors des Drafts, sur les résultats obtenus, etc… Gores semble impatient, et on le comprend. Depuis son arrivée en 2011, les Pistons n’ont eu qu’une fois un bilan positif, ne sont allés qu’une fois en Playoffs, où ils se sont fait sweeper au premier tour à l’Est contre les Cavaliers. L’arrivée en 2014 de SVG dans le Michigan n’a pas changé grand chose. Allez, si, les Pistons sont régulièrement au-dessus des 40% de victoires en saison. Mais rien d’exceptionnel. Pourtant, le bonhomme sait de quoi il parle : il trimbale sa moustache depuis 1995 sur les bancs NBA, depuis 2003 en tant que head coach, successivement à Miami puis à Orlando. Avant son arrivée à Detroit, il n’avait jamais terminé une saison avec un bilan inférieur à 51% de succès en saison régulière. Donc, cela apparaît clair que Van Gundy n’est pas un mauvais coach. Cependant, il a dû composer avec l’absence de Reggie Jackson pendant 33 matchs cette saison, et cela se ressent comptablement. Avec l’ancien d’OKC, les Pistons ont compilés 19 succès pour 14 revers. Sans lui, le bilan est bien plus triste, puisque Detroit compte 11 matchs remportés contre 22 concédés. Mais comme Stan le dit lui même, ça n’excuse pas tout. Il a essayé de redonner une identité à une franchise qui, fut un temps, était la personnalisation du Eastern Basketball, dur et défensif. Il y est plus ou moins parvenu. Mais si sa place de coach paraît en danger, c’est bien celle de président des opérations basket qu’il risque de perdre. Avec l’expression ‘Stan is a team player‘ employée par Gores, on peut comprendre qu’il doit être plus proche de ses joueurs, et moins du management. Il pourrait donc conserver uniquement sa place d’entraîneur en chef la saisons prochaine. En tant que chairman, il a fait des choix douteux, compliqués : le trade pour Griffin est un gros pari, qui nécessitera sans doute d’attendre la saison prochaine pour voir le plein potentiel de ce nouveau frontcourt (avec SVG ou non). Surtout, lors des Drafts, les choix de Stanley Johnson, Luke Kennard et ce fameux Henry Ellenson, qui paraissait si bon sur 2K, n’ont pas été fructueux. Et certains contrats, sans doute un peu trop abusés (Jon Leuer, Langston Galloway), ont pu faire émettre des doutes sur ses capacités dans ce rôle-là.
Avec un bon départ, de 14 victoires pour 6 défaites en début de saison, cela aurait pu bien se passer pour les Pistons cette année. Blessures et mauvais choix ont fait que Detroit et son coach Stagne Van Gundy n’avancent pas. Tom Gores, le proprio est impatient. Même s’il respecte SVG, des choses risquent de changer. On ne veut pas imaginer le pire des scénarios, où on ne verrait plus cette sublime moustache se mouvoir de haut en bas lorsque Stan entre dans une colère toute rouge. Deux jobs, un seul, ou zéro l’an prochain pour Mario ? On verra ça à la fin de la saison.
Source texte : Detroit News