Après Curry l’unanime et Westbrook l’historique, assisterions-nous à une saison enfin “normale” ?
Le 21 déc. 2017 à 20:08 par Bastien Fontanieu
Ces deux dernières années, la NBA a été rythmée par les exploits de plusieurs joueurs dont deux en particulier. Stephen Curry pour commencer, Russell Westbrook pour enchaîner, quid de cette saison ?
La phrase, aussi folle soit-elle, a été lue et entendue dans quelques sombres parties du globe orange. Une discussion sur un playground, un blabla dans les transports, des échanges sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont tapé la grimace en voyant le début de la nouvelle saison. Cette même tête mitigée, l’insatisfaction presque palpable, accompagnée par ces quelques mots douteux.
Elle est moyenne, cette saison.
Et il est vrai que, sur le papier, rares sont les éléments d’exultation qui nous permettent de nous réveiller avec l’impatience d’un gamin le 25 décembre au matin. LeBron toujours aussi fort ? Meh. James Harden et Chris Paul ? Bof. Porzingis et Giannis en éveil ? Whatever. Chaque semaine apporte son lot habituel de scripts, de matchups, de confrontations pouvant élever le peuple de basketteurs et de basketteuses, mais la mine ne change pas. Comme si la NBA était devenue chiante pour certains, comme si elle manquait de rebondissements marquants afin de rythmer ce frustrant quotidien. Mais à y regarder de plus près, cette attitude aussi inévitable qu’insupportable ne vient pas de n’importe où. Elle est le fruit de deux saisons qui ont pompé toute notre énergie, notre attention, notre passion.
Tout d’abord, il y a eu la fameuse campagne “unanime” de Stephen Curry. Lancés sur leur quête historique, les Warriors se mettaient en tête qu’il fallait bien quelqu’un pour secouer les Bulls de 96 et leur record de 72 victoires en saison régulière. Ainsi, grâce aux performances exceptionnelles du meneur et le merveilleux jeu déployé par Steve Kerr, c’est un film de plusieurs mois que les fans de tous les horizons regardaient avec bonheur, popcorn en main. Vont-ils y arriver ? Quelle est la meilleure équipe de tous les temps en régulière ? Curry est-il humain ? Match après match, démonstration après démonstration, Golden State occupait l’espace réflectif et nos sens, faisant battre nos coeurs et débattre les plus fervents passionnés. Suivie par une Finale NBA 2016 légendaire, cette campagne était une sorte d’apex de notre génération, un sommet sportif comme on espère en vivre au moins une fois dans sa “carrière” de fan. Et on pensait que cela nous mènerait forcément à quelque chose de moins bien, de moins fun, de moins épique. Signature de Kevin Durant aux Warriors, qui plus est, comment s’enthousiasmer pour une saison “jouée d’avance“, pensait-on.
Pensait-on.
Puis il y eut l’incroyable saison “triple-double” de Russell Westbrook. Et sans qu’on s’y attende, la suite fût limite meilleure car drivée par une course mythique. James Harden dans le rétroviseur, Oscar Robertson au péage, le paradis des plus grands qui attend Russ. A peine la séance de cinéma 2015-16 était terminée qu’on retournait en salle pour une nouvelle projection passionnante. Et de un, de deux, de trois, de quatre triple-doubles de suite. Et le retour de KD à Oklahoma City, les regards qui se croisent à peine, le front-contre-front opposant Roberson à Durant. Va-t-il y arriver ? Quelle est la meilleure saison individuelle de tous les temps en régulière ? Westbrook est-il humain ? Cette notion all-time dont on raffole avait du coup droit à une prolongation d’un an, et personne ne semblait s’en plaindre. Jusqu’à ce que de tristes Playoffs se jouent, la saison se termine, les joueurs se déplacent, et la nouvelle campagne démarre, il y a maintenant un peu plus de deux mois. En quête de ravitaillement, les observateurs se penchent aujourd’hui sur la moindre dose de grandeur, la moindre ligne à creuser. Mais pour le moment, c’est un sentiment de sécheresse qui occupe l’espace plus qu’autre chose dans le conscient majoritaire, car ces deux années passées dans les stratosphères du basket nous ont permis de goûter à cette excellence. Et quand on y prend goût, on en redemande.
Le point de cet article ? Il n’est pas de pointer du doigt la régulière en cours, elle qui propose un paquet de voies intéressantes à creuser, en plus de celles qui vont se développer au fil des mois. Il n’est pas non plus d’imposer à la grande majorité des spectateurs de devoir fermer leur gueule et apprécier le spectacle désormais diffusé tous les soirs. Non, il s’agit plutôt d’un coup d’oeil dans le rétro, afin de réaliser ce qu’on a vécu ces deux dernières saisons, la chance que nous avons eu de pouvoir participer à ces légendaires séances, assis au premier rang. Pendant des années, la NBA a manqué de piment, proposant des régulières plus chiantes les unes que les autres, priant pour que l’histoire soit réécrite par quelques fous aventuriers. Peut-être que cette campagne en cours est vouée à servir de break, afin de respirer un peu. Ou peut-être qu’elle nous réservera une deuxième partie exceptionnelle, et que les Playoffs nous feront oublier la désillusion de ceux de 2017. Quoi qu’il en soit, on sera toujours là, prêts à acheter notre ticket. Et on regardera en arrière par la suite, réalisant que les cuvées 2015-16 et 2016-17 étaient merveilleuses. Chacun son rythme, chez nous c’est déjà fait.
“De tous les temps, de tous les temps, de tous les temps.” Pendant deux ans, Stephen Curry et Russell Westbrook ont – à eux seuls – permis aux fans de débattre sur des notions all-time qui nous passionnent, au fil des mois. Un autre joueur prendra bientôt le relais, et nous replongera dans cette folie de chaque matin. Mais pour le moment, relax. Reprenons notre souffle, en comprenant pleinement ce qui vient de se produire en deux saisons.