Joel Embiid sait ce qui l’attend : après la gloire des débuts vient la haine des attentes futures

Le 13 déc. 2017 à 20:38 par Alban Toniutti

Joel Embiid - pari
Source image : Nba League Pass

Joel Embiid poursuit son ascension vers les sommets de la NBA. La figure de proue du Process est très lucide sur le quotidien d’une superstar NBA, à peine arrivé au sommet que les gens cherchent déjà votre successeur, celui qui vous fera descendre de votre piédestal. Tel est le cycle naturel qui suit les phénomènes sportifs.

Le pivot camerounais s’est attiré la sympathie des fans de par son histoire personnelle atypique, il ne joue sérieusement au basket que depuis ses 17 ans. Trois ans plus tard, il est annoncé numéro 1 de la Draft 2014  mais se blesse juste avant l’événement et ne peut participer à tous les entraînements. Sa cote baisse alors, tombé à la 3ème place, Philadelphie saute sur l’occasion afin d’accueillir cet attaquant indéfendable. La franchise en fait l’étendard de son Process de reconstruction via un tanking ultra-agressif. Aussi talentueux soit-il, il ne joue aucun match lors des deux premières saisons de son contrat. Lors de la troisième il montre enfin toute l’étendue de son talent, il est unanimement pressenti comme rookie de l’année, mais encore une fois une blessure le foudroie dans son ascension. Avec seulement 31 matchs au compteur, la récompense lui échappe. Son immense talent et sa trajectoire compliquée ont fait de lui le chouchou des fans. Eux qu’il régale à chaque sortie sur Twitter, dans une ligue aseptisée, ses saillies acerbes font les choux gras de la presse. Véritable ambassadeur du Trashtalk 2.0, il est très suivi sur les réseaux sociaux. Et cette année, alors que la machine est lancée et que le Process semble enfin sur de bon rails, Embiid sent néanmoins le vent tourner comme il l’a annoncé sur ESPN :

Les gens vous aiment bien au début, mais à un moment, ils commencent à vous détester. LeBron, Russell Westbrook, toutes les superstars. Même Steph (Curry) : il est adorable et ne fait rien de mal, mais certaines personnes continuent de le détester. C’est dans la nature humaine, je l’ai vu.
Je sens que je vais bientôt passer par là. Je sens que ça arrive, les gens veulent toujours quelque chose de nouveau.

En effet, on connait surtout 2-3 intérieurs de la ligue qui vont commencer à détester Jojo. S’il était marrant lorsqu’il ne jouait pas, maintenant que le pivot est lancé, il humilie une à une les raquettes de NBA. Sa dernière victime, Karl-Anthony Towns, martyrisé par les eurosteps déroutants du Camerounais. Plus sérieusement, Embiid semble prêt à faire face aux contraintes du star-system en NBA. Il en aura besoin, avec sa personnalité hors du commun, les médias et les fans en ont rapidement fait des tonnes sur lui. Voyant que cela marche, Embiid pourrait être tenté d’en faire un peu plus, les médias surfant sur la vague du Process, ils le relaieront eux aussi toujours plus. Tout ça menant à une forme de gavage de la part des suiveurs NBA. Si en plus les Sixers se mettent à gagner des matchs, ils vont rapidement se trouver rivaux et haters. Et à ce moment-là, Embiid pourra se balader avec la cible dans le dos, coupable d’en avoir trop fait, et d’être devenu trop fort. On a tous soutenu les débuts de LeBron, avant de voir de nombreux fans se réjouir de son malheur, tel est le chemin qui attend Joel.

Embiid a tout pour être le chouchou de la NBA, une trajectoire atypique, un talent hors norme, et une cuillère à café de trashtalking. S’il semble prêt à assumer ce statut et les critiques qui vont avec, attention toutefois à ne pas trop en faire. Lorsqu’on arrive au sommet, les places sont chères et le public ne cherche qu’une chose, se trouver un nouveau chouchou pour vous faire redescendre sur terre, ainsi qu’une cible sur laquelle envoyer toutes les munitions. Buckle up.

Source texte: NBC Sports


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