Lonzo Ball, fournisseur officiel de briques pour la Ville de Los Angeles : un shoot qui pique les yeux
Le 16 nov. 2017 à 15:43 par Benoît Carlier
Déjà repéré comme étant son plus gros défaut avant son arrivée en NBA, le tir de Lonzo Ball continue de faire de nombreuses victimes cette saison. Depuis un mois, les ophtalmologistes de Los Angeles sont débordés pour redonner la vue à des milliers de fans des Lakers devenus aveugles à force de regarder jouer le rookie.
Pas un jour ne passe sans que l’on ne parle des Ball. Entre les frasques du père, les récits de voyage de LiAngelo et les débuts remarqués de Lonzo en NBA, c’est probablement la famille la plus médiatisée du pays avec les Kardashian. Ce dernier est même devenu le plus jeune joueur à réaliser un triple-double en NBA à 20 ans et 15 jours, soit cinq dodos de moins que LeBron James comme diraient les enfants. Meneur titulaire des Lakers où il tenait absolument à atterrir en deuxième position de la Draft, Zo est l’un des favoris pour le titre de meilleur rookie de l’année même si Ben Simmons semble un cran au-dessus de tout le monde pour l’instant. La mythique franchise de L.A. alterne le bon et le moins bon mais pointe pour l’instant devant les Clippers ce qui est déjà source de beaucoup de bonheur chez les fans des Pourpre et Or. Avec un effectif encore jeune, l’objectif de Magic Johnson cette saison est de permettre aux jeunes talents de se développer en attendant la signature d’un ou deux gros agents-libres en juillet 2018. Mais ceux qui ont regardé jouer les Lakers n’ont pas pu passer à côté du shoot de Lonzo Ball, probablement l’un des plus cheums de toute la Ligue. Sauf que si la beauté est subjective, les statistiques le sont beaucoup moins et celles du meneur ont déjà déclenché l’alarme au niveau de son adresse.
Que son geste désaxé sur la gauche pique les yeux, c’est une chose. Mais on ne serait pas en train d’écrire sur le sujet si ses pourcentages au tir se rapprochaient un tant soit peu de ceux de Kevin Martin par exemple, qui avait un shoot pour le moins atypique. Le problème n’est pas nouveau et ses chiffres en NCAA n’ont feinté personne. Malgré une adresse correcte de 55% au tir et 41% de loin sur les parquets universitaires, la fiabilité du tir du Californien inquiétait déjà les scouts NBA avant la Draft. Cette crainte est en train de se confirmer depuis le début de la saison régulière avec des chiffres indignes d’un joueur de ce calibre que certains voyaient rapidement toquer à la porte des meilleurs meneurs de la Ligue. 46ème sur 50 parmi les rookies en termes d’adresse, ses pelletés de passes et de rebonds ne suffisent plus à maquiller le tas de briques qu’il est en train de former sur le parking du Staples Center : 30,3% au tir et 23% derrière l’arc mais aussi 50% sur la ligne des lancers-francs ! Le rookie a beau continuer de croire en lui et de shooter, il va peut-être falloir faire quelque chose. En tout cas, ce n’est pas l’avis de son président qui n’a pas l’air de vouloir s’embêter avec ça pour le moment selon Andrew Joseph de USA Today.
“La ligne est fine parce qu’il a toujours tiré comme ça. Nous voulons le laisser jouer à sa manière et le laisser shooter comme il l’a toujours fait en espérant que ça rentre. Nous n’allons pas tout changer maintenant. S’il continue d’être en difficulté avec son tir après la saison, alors nous verrons avec lui si nous ne pouvons pas trouver une manière d’améliorer sa façon de shooter. […] Nous pouvons décomposer tout ça avec lui mais nous ne voulons pas changer son tir. Il a prouvé qu’il peut rentrer ses shoots et nous voulons l’encourager à continuer de tirer.”
Pas chiant comme patron, Magic Johnson. Sauf que, aussi bon soit son rookie dans la distribution, il va vite falloir taffer ce tir d’une manière ou d’une autre s’il ne veut pas handicaper tout le reste de son équipe. Et lui demander de continuer à arroser comme il le fait depuis le début de la saison n’est peut-être pas lui rendre service. Car si un stretch de 15 rencontres est beaucoup trop court pour tirer des conclusions définitives, les chiffres ne vont pas en s’améliorant et il n’a dépassé la barre des 50% qu’une seule fois en NBA (7/12, lors de son triple-double contre les Bucks). Pire que ça, il a gardé la même routine depuis la fac et ne semble pas s’alarmer plus que ça de la situation. S’il ne s’est jamais proclamé meneur scoreur, cela ne l’empêche pas de travailler l’un des gestes les plus basiques de son sport pour ne plus être une punchline quand il s’agit de décrire une tanche qui ne sait pas shooter. Quand Stephen Jackson insiste sur le fait que Lonzo Ball ne montre aucun signe de frustration sur ses échecs au tir, on peut inverser l’analyse en imaginant qu’il s’attendait à rater avant même de lâcher le ballon. Il n’est pas question ici de remettre en cause le talent du rookie mais plutôt de s’interroger sur l’évolution de son jeu et des défenses s’il continue d’enchaîner brique sur brique. En effet, on constate déjà que ses adversaires directs le défient de shooter en lui laissant quelques mètres de liberté lorsqu’il est loin du cercle. Une réalité quotidienne pour Rajon Rondo mais qui peut encore être corrigée pour Zo s’il prend la peine de modifier son geste. Ce n’est pas à 30 ans et quand les Lakers seront des prétendants au titre qu’il le fera, alors autant commencer tout de suite au lieu de fermer les yeux en se persuadant que ça passera.
Il n’est jamais facile de changer de mécanique de tir, encore moins quand on a conservé le même geste toute sa vie. Mais les pourcentages de Lonzo Ball sont alarmants et la situation des Lakers lui laisse quelques mois pour s’ajuster afin d’être opérationnel quand ça comptera vraiment. Déjà en avance sur beaucoup de joueurs en termes de QI basket, le rookie des Lakers sait ce qu’il doit travailler pour se rapprocher du joueur dominant qu’il rêve de devenir un jour. Alors à lui de jouer.