C’est la fin de l’ère Carmelo Anthony à New York : bilan d’un mariage prometteur devenu cauchemardesque
Le 24 sept. 2017 à 03:32 par Bastien Fontanieu
C’est ce samedi, officiellement, que le divorce a été acté entre Carmelo Anthony et les Knicks. La fin d’un épisode douloureux, qui aurait pu être poétique mais s’est terminé de façon dramatique. Retour sur six années de galères.
Difficile, à chaud, de savoir comment regarder ces saisons vécues à New York sous les jumpers du numéro 7. Il y a la tentation du coup d’oeil rapide dans le rétro, mais le besoin évident de peser chaque chose en son temps. Car quelle aventure ce fût, quel bordel également. Arrivé dans la Grosse Pomme en 2011, Melo se voyait bien écrire une grande page de l’histoire de la franchise. Il espérait suivre le premier move initié par Amar’e Stoudemire, Knicks are back et tout le tralala. C’était avant tout un gosse, né dans le coin, qui voulait réaliser son rêve d’enfance en portant la tunique blanche, bleue et orange. Et d’aller le plus loin possible avec. Un désir louable, en apparence, mais qui cachait une incompatibilité inscrite dans les murs du Madison Square Garden. D’un côté, un management pourri de son intérieur, plus instable qu’un schizophrène devant un miroir, alternant entre l’insupportable et le condamnable jour après jour. De l’autre, un joueur jamais vraiment façonné pour être le leader d’une équipe, fabuleux scoreur mais propulsé à la tête d’un paquebot sans savoir même comment fonctionne un gouvernail. Derrière la façade, qui était donc toujours aussi belle et séduisante – on parle des Knicks quand même – le peuple se frottait donc les mains en construisant des attentes de grandeur, de succès et de domination après des années de frustration. Comme poussé dans un siège qu’il ne savait refuser, Melo était un sauveur à la fois désigné et auto-désigné.
Carmelo Anthony à New York.
3 General Managers.
5 coachs.
4 séries de Playoffs.
3 perdues.
207 victoires en saison régulière.
269 défaites.
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) 24 septembre 2017
La suite ? On la connaît. Des saisons parfois prometteuses (2013), des grands moments dignes de sa classe offensive (62 points), et un titre de meilleur scoreur de la Ligue lorsqu’Anthony toucha son prime. Mais des saisons aussi déprimantes (2015), de lourds moments indignes de son statut (All-Star Game avant de se faire opérer), et un titre de soliste ne pouvant gagner quoi que ce soit, du moins pouvait-on lire au quotidien. Cette sorte de oui-non, de droite-gauche, de je t’aime-moi non plus, c’est bien ça qui définira la carrière de Melo à New York. Une bascule perpétuelle entre l’adoration et la frustration, le désir et le dégoût, l’émerveillement et l’apitoiement. Peut-on critiquer le joueur pour s’être mal comporté, à certains moments ? Ce serait osé, compte-tenu du merdier dans lequel il a vécu pendant toutes ces années. Mais là vient encore ce jeu des deux pôles, de la poule et de l’oeuf en quelque sorte. Est-ce Carmelo le shooteur-fou et fainéant en défense qui a maintenu les Knicks dans cette misère, ou bien est-ce ce management lunatique parfois obsédé par la quête de nullité ? Pour ce qui est de pointer du doigt, l’énigme restera toujours là. Et quels que seront les futurs résultats de la franchise new-yorkaise, on pourra regarder en arrière et se poser la question. Mais une chose est sûre, c’est que ce qui devait être un rêve de gosse réalisé avec les meilleures intentions s’est finalement transformé en cauchemar d’adulte avec les pires répercussions. Anthony, sans mode d’emploi et simplement attiré par une lumière créée dans son enfance, s’est lié d’amour avec les Knicks, sans mode d’emploi et simplement motivés par une star acceptant de servir de bouc-émissaire. Triste illusion, quand on voit le déroulé de ces six saisons.
Que retiendra-t-on de l’ère Melo à New York ? Chacun son choix. Des moments jouissifs, comme des soirées déprimantes. Des nuits remplies d’étoiles, comme des foutues histoires de triangle. Mais pour une fois, on se rangera peut-être du côté du joueur. Car avoir pensé qu’il était possible de gagner un titre avec lui aux commandes fût une erreur. Une à laquelle il a cru, et à laquelle on aurait probablement cru aussi à sa place. La faute à lui, un peu, mais la faute aux Knicks, surtout. Team USA nous en a montré les prémices, le Thunder nous le confirmera très certainement.