Isaiah Thomas et Boston, c’est terminé : la fin d’un grand mariage entre un lutin et ses fans
Le 23 août 2017 à 05:44 par Bastien Fontanieu
Si le départ de Kyrie Irving était annoncé à Cleveland, celui d’Isaiah Thomas ne l’était pas à Boston. Le transfert de cette nuit, c’est aussi la fin d’une relation unique entre un phénomène et une grande ville de basket.
Combien de joueurs ont autant marqué leur franchise, en seulement deux petites saisons et demi ? La question, aussi bête soit-elle d’entrée, prend tout de suite plus de sens lorsqu’on s’y penche avec attention. Car tous les ans, de nombreux athlètes changent de maillots, tournent une page, en démarrent une nouvelle, en espérant que leurs décisions ou celles de leur management provoque une union idéale, sur le court comme le moyen et long terme. Et plus que jamais auparavant, la NBA a ouvert la porte aux mouvements de joueurs. On va, on vient, on ne fait que passer, on porte un maillot et on change de public quelques mois après. Sauf que parmi ces centaines de déplacements annuels, certains sortent du lot. Certains reçoivent la bénédiction des dieux du basket, un alignement des planètes oranges, une succession de micro-éléments empilés, qui mènent au mariage idéal. Et le 19 février 2015, ce phénomène s’est produit en toute fin de trade deadline : Isaiah Thomas envoyé à Boston, le début d’une folle aventure. C’était il y a deux ans et demi, pourtant on a l’impression que ça en fait six.
Car ce qui suivra sera une page inoubliable pour les fans des Celtics, tant sur le plan sportif qu’émotionnel. Résumer le lutin à Boston en quelques chiffres ? On pourrait le faire, et ce serait presque assez. 52 points face au Heat, la 4ème plus grosse perf au scoring de leur histoire. 53 points face aux Wizards, la 2ème plus grosse perf au scoring de leur histoire en Playoffs. 28,93 points de moyenne sur la saison passée, la 2ème plus fat sur une campagne verte. Les 40 matchs de suite à minimum 20 points, les 245 bombes de loin sur la régulière, les 29 points dans un dernier quart… On pourrait faire la liste complète et s’estomaquer devant le déluge, tant Isaiah a été incroyable ces derniers mois. Mais si un mariage parfait n’était qu’une histoire de chiffres, cela se saurait. Au-delà des records et des stats, Thomas a conquis Boston à sa façon. Avec des mots, des gestes, des moments, et surtout de grandes émotions. Le décès de sa soeur Chyna en avril dernier, dans un tragique accident de voiture, rassembla toute une ville autour de ce type haut comme trois pommes. Un joueur fabuleux mais un humain du même level, montrant une détermination folle face à l’adversité. Trait de caractère qui, dans l’histoire des Celtics, a toujours fait mouche. Les petits qui retroussent leurs manches et défient les pronostics ? Voilà qui fait jacter dans les rues de Beantown.
Et quand en plus de ça vous représentez le retour de la franchise dans les hauteurs de la NBA, que demander de plus. Après le départ de la génération 2008 (Pierce, Garnett, Rondo, Allen), Boston semblait voué à traîner quelques temps dans les bas-fonds de la Ligue. C’est mort, répondit Isaiah. Une demi-saison de transition sous l’aile de Brad Stevens, un été passé en tête à tête, la création d’un nouveau chapitre fantastique aux côtés de son coach, et derrière ? La saison. The saison. Celle qui verra les Celtics reprendre la tête de la Conférence Est. Peut-être pas le trône des Cavs, en toute logique, mais terminer la régulière en regardant quatorze autres équipes de haut. Même quand on fait 175 centimètres. Et pour une fanbase qui se bouffait les doigts en voyant une page historique se tourner, c’est peu dire si les attentes globales ont été explosées. La question est d’ailleurs assez simple : qui, en février 2015, aurait pu prédire autant de grands moments avec Isaiah Thomas à la tête du navire ? Qui aurait annoncé une finale de conférence, la pole-position à l’Est, les Little guy criés à tue-tête, l’index pointé sur le poignet opposé, les stars assises au premier rang pour voir ce phénomène briller ? Allez-y, on vous laisse les compter.
Aujourd’hui, c’est la fin d’un mariage qui aura marqué de nombreux fans à Boston. Pas un mariage entre les Celtics et la victoire, pas un mariage entre quelques joueurs et leur ville. Pas un mariage bourré de titres, célébré aux côtés des Bird, Russell, Cousy et compagnie. Un mariage entre Isaiah Thomas et ses fans, qui n’avait rien annoncé de transcendant mais fût finalement somptueux à observer. So long, little guy. Et merci pour les souvenirs, la Celtic Nation en avait bien besoin.