Côté Celtics, comment comprendre le transfert entre Isaiah Thomas et Kyrie Irving ?

Le 23 août 2017 à 04:36 par Bastien Fontanieu

Celtics
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Le transfert de cette nuit entre Cavs et Celtics incluant notamment Kyrie Irving et Isaiah Thomas doit être analysé dans les deux camps. Cela tombe bien, penchons-nous tout de suite sur la maison de Boston.

C’est peut-être le choc qui fait encore mal. La sensation de ne rien avoir vu venir, et de se faire arracher le coeur alors qu’on se baladait peinard en forêt. Isaiah Thomas était censé rester à Boston, Isaiah Thomas était un peu Boston si on aime tenter le raccourci. Mais aujourd’hui, le meneur est un membre des Cavs et sa carrière sous le maillot vert est terminée. Un déchirement auquel s’ajoute l’incompréhension chez de nombreux fans, qui peuvent avoir forcément un peu de mal à capter les délires de leur GM. On connaissait Danny Ainge depuis quelques temps, capable des plus belles impros pour avoir un coup d’avance sur la concurrence, mais un tel move ? Loin de notre imaginaire. Ce qui nous pousse, par conséquent, à retrousser nos manches. Car il existe bien une logique, un fil rouge (ou vert) qui ait mené le boss des Celtics à prendre une telle décision. Comment lâcher autant en échange, pourquoi inclure de tels joueurs, qu’est-ce qui fait qu’Isaiah a été expulsé de Boston alors qu’il était un véritable héros local ? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans les points majeurs ci-dessous.

# Le futur contrat-max d’Isaiah Thomas, l’angoisse totale.

S’il y a bien un premier gros message placardé en XXL sur le TD Garden et qu’on a pu lire dans le deal réalisé par les Celtics avec Cleveland hier soir, c’est celui-ci : dépenser autant de sous sur Isaiah, il en est hors de question. Depuis des lustres, Thomas chantait à tue-tête qu’il fallait préparer le fourgon BRINKS pour le payer à l’été 2018. Une perspective qui, bien qu’amusante pour nous pauvres pêcheurs, hantait Danny Ainge dans son bureau. Entre ses limites défensives, son âge un peu plus avancé (29 ans dans quelques mois) et ses pépins physiques, IT n’était pas le dossier le plus solide sur lequel le GM voulait dépenser tout l’or du monde. Certes, c’est bien Isaiah en premier avec Brad Stevens qui avait permis à Boston de retrouver sa gloire d’antan ces derniers temps, mais de là à claquer une trentaine de millions par saison sur lui ? Logique selon plusieurs fans, impensable selon Ainge. Face à ce scénario, celui de devoir surpayer Thomas par quasi-obligation en juillet 2018 puisqu’il partirait potentiellement ailleurs afin de toucher son jackpot, Danny a préféré tirer sur la gâchette. Et récupérer un gros joueur en échange. Un gros joueur… et pas que.

# Se donner encore plus de temps, pour mieux aborder la suite.

On l’a vu notamment lors de la dernière Draft et la sélection de Jayson Tatum, ce n’est pas sur du win a damn title now que les Celtics veulent miser. Certes, les finales de conférences leur tendent les bras, mais à quoi bon ? Se faire démolir par Cleveland ou Golden State au bout ? Pas vraiment du goût de Brad Stevens et Danny Ainge, eux qui ont voulu poursuivre leur plan très long-terme avec leur groupe. Alors que la pression montait sur un éventuel transfert de ce 3ème choix de Draft 2017, la maison verte a préféré garder la tête froide et se donner… du temps. Du temps, du temps, le deal permettant de récupérer Kyrie Irving va aussi dans ce sens. Car en échange de cette dernière année de contrat d’Isaiah ? Les Celtics s’offrent deux saisons de séduction pour convaincre Uncle Drew de rester dans le Massachusetts. Trois ans plus jeune que Thomas, un peu plus grand et tout aussi doué dans le dernier quart-temps, Irving allonge encore plus cette phase de “transi-domination” à Boston. Les hauteurs de l’Est seront encore à eux, mais il pourra encore y avoir du développement à faire tout en s’offrant de la flexibilité sur le court, moyen et long terme.

# Une évolution qui se veut aussi dans le style de jeu

Brad Stevens n’a cessé de parler de polyvalence. Polyvalence, polyvalence, polyvalence. S’adapter aux demandes de la Ligue actuellement, pour tenir tête aux plus grands et dominer sur le long-terme. Malheureusement, les Celtics n’en apportaient pas vraiment, de polyvalence. Un beau bordel bien ficelé par l’entraîneur de Beantown, mais un peu trop unidimensionnel et surtout prévisible. Enlevez la gonfle des mains d’Isaiah Thomas, et vous tuez Boston, tel était le tatouage que certaines équipes se permettaient de gratter sur le dos des C’s. Sauf qu’avec ce dernier deal, en veillant à ne pas lâcher Jaylen Brown et Jayson Tatum, les verts sont restés dans leur stratégie longue-durée, tout en gardant un phénomène capable de faire le boulot au scoring en Kyrie Irving. La transition s’opère donc petit à petit et demande de couper certains cordons ombilicaux, comme celui attachant Boston à Isaiah Thomas. Avec des ailiers polyvalents dans tous les sens, qu’ils soient confirmés (Hayward, Morris) ou à former (Brown, Tatum), les Celtics se sont persuadés qu’ils pourront prolonger Irving en 2019, lorsque la base en place sera à son meilleur niveau. Un beau pari sur l’avenir, et sur ce style de jeu à développer petit à petit.

# Mais alors pourquoi ce putain de tour de Draft 2018 ?

C’est là qu’en effet, ça peut coincer. Ou du moins, que ça a pu faire chier un paquet de fans habitant dans le Massachusetts. Déjà que lâcher Isaiah, Jae Crowder et Ante Zizic était mastoc sur le papier, fournir le précieux tour de Draft 2018 non-protégé des Nets a fait grincer des dents. Mais tel était le prix final, le petit-gros bonus qui allait définitivement faire incliner les Cavs à lâcher Irving. Pour Boston ? Pas forcément ce qu’il y a de plus grave. Dans le sens où le pick de Draft 2018 des Lakers sera également le leur dans quelques mois. Dans le sens où la masse salariale restera bien contrôlée et de gros joueurs pourront être dragués. Dans le sens, enfin, où l’accumulation de talent allait devenir too much, et qu’un juste milieu doit être trouvé en ce moment. Difficile de croire que Boston aurait dit oui sans avoir cet autre pick, celui qui sera déterminé par le futur bilan des Lakers. Mais en ayant ce sésame, Danny Ainge a aussi pu voir un sacrifice à faire pour récupérer un Kyrie Irving âgé de 25 ans seulement, et qui a déjà l’air plutôt chaud pour installer ses valises pendant longtemps du côté de Beantown.

Que les fans des Celtics relèvent la tête. Plus d’une fois par le passé, Danny Ainge et sa clique ont réalisé des moves qui ont laissé l’audience stupéfaite sur le moment. Mais par la suite, l’anticipation a justifié ses décisions, et Boston s’en est plutôt bien sorti. Surpayer Isaiah Thomas était inenvisageable, quitte à y laisser un beau choix de Draft : l’avenir nous dira si Danny avait encore une fois raison.


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