15 minutes dans la peau d’un agent-libre avec J.J. Redick : un choix de vie qui va bien au-delà de l’aspect sportif

Le 21 juil. 2017 à 16:34 par Benoît Carlier

Chaque année, tous les fans attendent le 1er juillet en espérant voir leur franchise se renforcer de quelques joueurs talentueux. De l’autre côté du miroir, c’est l’une des périodes les plus stressantes de la carrière d’un joueur. C’est ce qu’ont voulu témoigner les reporters privilégiés d’Uninterrupted qui ont pu accompagner J.J. Redick tout au long de sa réflexion cet été.

A 33 ans, le sniper est un joueur respecté du circuit NBA. Installé à Los Angeles depuis 2013, il a été un membre incontournable du projet des Clippers lors de ces quatre dernières saisons avec une place réservée dans le cinq majeur aux côtés de Chris Paul et Blake Griffin, lorsque ces derniers n’étaient pas blessés. Mais après des échecs répétés en Playoffs, le combo guard au fouetté de poignet millimétré a ressenti une cassure au point de perdre sa motivation. Il raconte son dernier match en Californie, qui s’achèvera par une défaite éliminatoire contre le Jazz au premier tour de la post-saison.

“Chaque année où j’ai été à L.A., nous parlions de gagner un titre. Les attentes étaient les mêmes tous les ans et la déception était la même chaque année. […] Le jour du Game 7, lorsque j’ai pris le chemin de la salle et que j’ai eu cette vue sur le centre-ville, j’ai compris que c’était la dernière fois que je faisais cette route. Je n’aimais pas cette sensation. Quand je suis rentré au vestiaire après le match, j’ai eu ce moment sombre et existentiel où je me suis demandé ‘Quel est le sens de tout ça ?’.”

Pendant quatre années, il a poursuivi un but sans jamais l’obtenir et les liens avec ses coéquipiers n’étaient visiblement pas assez forts pour l’aider à surpasser cette frustration. Quelques mois plus tôt, il pensait encore prendre sa retraite à Los Angeles. Mais les choses vont vite en NBA et Jéjé a senti que son avenir se dessinait loin de la côte Pacifique.

“Des gens pensent que les joueurs agissent comme des robots mais je voudrais montrer l’aspect humain qui aide les athlètes à faire des choix. […] Quand je regarde notre manière de jouer [aux Clippers], il n’y a aucune joie. C’est quelque chose qui m’embête.”

Au lendemain de l’élimination, il a commencé à préparer ses valises pour regagner sa résidence de vacances, à Brooklyn en compagnie de sa femme et de ses deux enfants. En tant qu’agent-libre, Jean-Jacques savait déjà qu’il ne voulait plus vivre à Beverly Hills à la rentrée 2017. L’absence de nouvelle de sa franchise pendant plus d’un mois n’a fait que le conforter dans son choix et il a commencé à lister ses options avec son agent et ses proches. Du côté de sa femme, la volonté est claire : rester vivre à Brooklyn. New York et les Nets sont des franchises intéressantes pour Redick, mais les Sixers sont en haut de sa liste. En quelques phrases, il expose la situation de milliers de sportifs professionnels dans le monde.

“Dans un monde parfait. Vous êtes payé à votre juste valeur sur le marché ou au-dessus de cette valeur, vous recevez autant d’années de contrat que vous le désirez, vous jouez pour un candidat au titre et vous vivez dans une ville extraordinaire où vous avez de la famille. C’est la situation idéale mais cette situation n’existe pas pour nous. […] Pour prendre ma décision, le projet sportif et les victoires comptent à 30%, le salaire est à 30% et le fit avec l’équipe représente aussi 30% mais il reste 10% pour ma famille et leur mode de vie dans la ville que je vais choisir.”

C’est ce tiraillement entre réussite professionnel et vie de famille que les spectateurs peinent parfois à percevoir pour comprendre la décision de leur idole. Mais avant d’être des basketteurs, les NBAers sont avant tout des hommes avec une famille, des amis. S’ils ne sont certainement pas à plaindre quand on jette un coup d’œil sur leur compte en banque, il y a aussi le revers de la médaille et cette absence pesante pendant les neuf mois sur lesquels s’étend la saison.

Par ce documentaire intime et sincère, J.J. Redick met la lumière sur un aspect trop souvent ignoré par les fans. Les joueurs ne sont pas guidés que par l’argent et les titres. Les émotions jouent une part importante dans leur décision finale, que ce soit l’ambiance dans un vestiaire ou à la maison. Dans le cas précis, Redick a finalement accepté un contrat court d’une seule année pour rejoindre le projet des Sixers et recevoir un salaire qu’il n’aurait jamais pu imaginer (23 millions de dollars). Un nouveau défi s’offre à lui alors qu’il n’avait jamais eu le rôle de vétéran et de modèle dans un vestiaire auparavant.

Source : Uninterrupted