Profil Draft 2017 : Frank Ntilikina, le successeur de Tony Parker sur le terrain et dans les cœurs des Français ?
Le 13 juin 2017 à 17:31 par Benoît Carlier
Apprenez à écrire son nom, c’est la nouvelle pépite du basket tricolore. Natif d’Ixelles en Belgique – comme un certain Tony Parker, également issu du pays des moules-frites – Frank Ntilikina ne fait pas un dribble sans être observé par une poignée de scouts NBA. Installé dans le cinq de départ de la SIG depuis le mois de février, il vit ses dernières heures dans l’Hexagone…
Pour faire connaissance avec Frank Ntilikina, c’est par ici !
Profil
> Âge : 18 ans. Il a vécu la finale de 1998 dans le ventre de sa mère.
> Position : Meneur. Le poste le plus concurrentiel de cette Draft. De très loin.
> Equipe : SIG Strasbourg. Il dispute actuellement les Finales de Pro A contre Chalon-sur-Saône.
> Taille : 196 centimètres. Un bel avantage sur la plupart des point guards.
> Poids : 86 kilos. On en reparle quand il aura découvert In-N-Out.
> Envergure : 213 centimètres. Attention le monstre.
> Statistiques 2016 : 5,2 points, 2,1 rebonds, 1,4 passe et 0,8 interception à 48% au tir et 43% du parking, le tout en 18,3 minutes.
> Comparaison : Dante Exum ou Gary Payton si on s’enflamme.
> Prévision TrashTalk : dans le Top 10.
Qualités principales
# Tout ce qu’il faut, là où il faut
Au milieu de tous ces meneurs inscrits à la Draft cette année, il se démarque par ses mensurations d’homme élastique. Son principal atout ? Une envergure de plus de 210 centimètres qui peut lui permettre de défaire les lacets de ses coéquipiers sans se baisser. Sinon, cette longue dégaine lui offre aussi un bel avantage sur ses pairs meneurs au moment d’organiser le jeu avec une vision périphérique claire du haut de son phare. Cumulé avec sa vitesse et son bon QI basket, cela donne un distributeur de jeu en phase avec son temps et prêt pour mener une grosse franchise NBA. Son premier pas ne pardonne pas non plus pour les défenseurs sur leurs talons au moment de la détonation. On remarquera tout de même des bras un peu maigrelets mais il devrait rapidement prendre de la masse une fois bien entouré par un préparateur physique formé aux exigences de la Grande Ligue.
# Le digne successeur de Gary Payton dans la lignée des grands meneurs défensifs ?
Un surnom comme celui de notre géniteur, ça se mérite. On ne va sûrement pas le surnommer The Glove au bout de deux matchs chez l’Oncle Sam mais c’est bien à ce genre de profil que nous avons affaire avec Franky. Ses qualités athlétiques en font un redoutable défenseur que les meneurs de Pro A ont appris à redouter cette saison. Très mobile, notamment sur les déplacements latéraux, il faut se lever de bonne heure pour lui passer devant. Avec lui, la presse tout terrain prend vraiment tout son sens et c’est le genre d’effort qui pourrait tout de suite lui valoir une belle réputation chez nos cousins américains. Il est toujours à l’affût et ses long bras lui permettent de subtiliser de nombreux ballons sur des dribles trop amples ou des passes un peu imprécises. Le physique est là et son instinct se charge du reste. Il peut couvrir tous les postes extérieurs avec sa taille et surtout il aime vraiment défendre. Sans parler des extrêmes avec James Harden ou Isaiah Thomas, cette envie de ne rien laisser à son vis-à-vis est déjà la marque d’un grand compétiteur. Vous n’êtes absolument pas prêts pour ses chasedown blocks sur Stephen Curry en contre-attaque.
# Un passeur avant tout mais déjà les prémisses d’un potentiel au scoring
Depuis quelques années, il ne suffit plus de délivrer des caviars pour être meneur en NBA. Avec tous les joueurs du calibre All-Star à ce poste, il faut développer une palette de plus en plus large pour s’imposer dans cette Ligue. Ça tombe bien, Frank Ntilikina est de cette trempe-là. Passeur né, il a le sens du timing et joue au plus simple alors qu’il faut parfois des années aux meneurs pour obtenir cette maturité. Mais le futur successeur de Tony Parker en équipe de France est aussi capable de gros coups de chaud comme lors de la finale des championnats d’Europe U18 en décembre dernier où il a anéanti la Lituanie avec 31 points dont un solide 7/10 du parking malgré la pression. La distance NBA ne sera pas un problème pour lui, même s’il va encore devoir travailler sur la régularité de son geste pour devenir une ressource fiable au scoring dans quelques années. Mais sa panoplie ne s’arrête pas là. Son crossover a déjà cassé quelques chevilles et il peut se créer son propre tir à mi-distance lorsque la défense adverses est bien installée.
Défauts majeurs
# Objectif masse
Même s’il a sûrement pris un peu depuis le début de la saison, la balance fait encore la gueule. Listé à 86 kilogrammes, il doit impérativement prendre du volume pour résister aux monstres qui peuplent la NBA à son poste. Déjà confronté à des vétérans en Pro A, en match comme à l’entraînement, il n’a pas encore cette explosivité nécessaire pour aller terminer dans le trafic quand l’accès au cercle semble barricadé par les gros shorts dans la raquette. Pourtant, avec sa taille et ses bras, le potentiel est là et c’est le point essentiel sur lequel il va devoir travailler pour ne pas être mangé par la concurrence. Frank Ntilikina a déjà la carrosserie, il lui manque encore le moteur pour venir agresser les intérieurs un peu trop éloignés du cercle et poser des gros tomars juste devant les caméras. Allez, protéines !
# Trop effacé au milieu des vétérans
Sur le terrain, Frank Ntilikina est parfois un peu trop discret dans les deux sens du terme. En tant que meneur, il doit davantage s’affirmer pour annoncer des systèmes et prendre des initiatives. Il est trop souvent tenté de se dédouaner en lâchant la balle alors qu’il avait la place pour scorer tout seul. Le sens du collectif est une valeur importante mais la NBA aime aussi les joueurs fantasques un peu plus individualistes qui n’ont pas peur de prendre leurs responsabilités dans les moments chauds. Bien sûr, il est toujours difficile de s’imposer au milieu de plusieurs trentenaires quand on a l’âge de voter que depuis quelques mois mais c’est pourtant ce que l’on attendra de lui s’il se retrouve titulaire d’une franchise à la mène. A force de ne refuser ce leadership, il pourrait être considéré comme trop passif par certains entraîneurs. Il va falloir bosser son jeu en un-contre-un pour emmagasiner la confiance et ne pas fuir les défis qui lui seront lancés par certains vétérans décorés de la Grande Ligue.
# Manque de références
En NBA comme partout ailleurs, les clichés ont la vie dure. Même s’il est annoncé comme le meilleur prospect étranger de cette cuvée 2017, Frank Ntilikina aura obligatoirement plus de mal à convaincre une franchise de jeter son dévolu sur un inconnu du grand public américain qui n’a jamais mis les pieds sur un parquet de NCAA à l’inverse de Joakim Noah lorsqu’il a été sélectionné en neuvième position par exemple. Pire, le fait qu’il soit resté en Alsace tout au long de son cursus pourrait jouer en sa défaveur alors que l’on avait vu Timothé Luwawu-Cabarrot se faire les dents au Mega Leks une année avant de partir en NBA. Même si la SIG reste une grosse écurie de Pro A avec ses cinquièmes finales consécutives en train d’être disputées, Frank Ntilikina est loin d’être le patron de cette équipe où il n’a intégré le cinq majeur que depuis la deuxième partie de saison. Son titre européen avec l’équipe de France U18 et son titre de MVP de la compétition ne pèsent malheureusement pas bien lourd aux yeux des américains face à un run jusqu’au Final Four de la March Madness…
Conclusion
Bien doté par la nature avec un physique qui matche tout à fait avec les critères de sélection en NBA, Frank Ntilikina devrait être le premier représentant non-américain à venir serrer la main d’Adam Silver le 22 juin. Convié dans la Green Room, il a de grandes chances d’être sélectionné dans les lottery picks. Dans l’idéal, il lui faudrait une franchise stable et bien structurée où il pourra réaliser une transition en douceur. Les Mavericks en neuvième place (comme Jooks) ? On signe tout de suite.