La faute impardonnable de Manu Ginobili : 22 mai 2006, quand l’Argentin crucifiait ses Spurs
Le 22 mai 2017 à 16:30 par Antoine Albaut
Les Spurs ont formé, depuis la Draft de Tim Duncan en 1997, une écurie qui marche sur à-peu-près tout, ponctuée par 5 cinq titres. La seule “tâche” à ce tableau ? Jamais de back-to-back, et il y a un petit Argentin qui doit se sentir un peu coupable : c’est Manu Ginobili, avec cette stupide faute sur Dirk le 22 mai 2006.
Avant d’entamer directement sur cette faute qui a coûté cher à San Antonio lors des Playoffs 2006, penchons-nous d’abord sur le contexte. Après un premier titre en 2003 pour Tony et Manu les petits nouveaux, celui de la retraite pour David Robinson, les texans sont en quête de back-to-back. En 2004, ils butent sur les Lakers du Shaq et Kobe, et malgré un tir incroyable de Tim sur la tête du gros pivot des Lakers dans le Game 5, c’est Derek Fisher qui brise les espoirs de Gregg Popovich avec un tir pris n’importe comment qui doit encore avoir un goût amer pour les fans des éperons : le fameux 0,4. Ces derniers reviennent donc l’année suivante déterminés à aller jusqu’au bout. Après avoir terminé deuxièmes à l’Ouest en saison régulière, ils éliminent tous leurs adversaires en Playoffs avant de retrouver les champions en titre, Detroit. Au terme de 7 matchs irrespirables à la défense de fer, le score ne passera d’ailleurs qu’une fois les 100 points dans la série, les Spurs s’en sortent et sont champions NBA 2005, Tim est MVP des Finales en tournant à 20 points et 14 rebonds, bien aidé par ses deux acolytes de toujours et Big Shot Rob.
Timmy a 29 ans, quelques pépins physiques mais est toujours aussi fort, de plus Tony et Manu vont entrer dans leurs meilleurs années. L’année 2005-06 semble donc être la bonne pour le back-to-back. Gregg et RC Buford arrivent à recruter Michael Finley et Nick Van Exel et l’effectif est tellement dense qu’on imagine déjà les Spurs champions. Le dernier a été All-Star en 1998 quand même. Après une saison régulière à rouler sur tout le monde, ils finissent avec le magnifique bilan de 63 victoires pour 19 défaites. Le meilleur marqueur de l’équipe ? Tony Parker, avec 19 points de moyenne par match, à 55% au tir s’il vous plaît. En Playoffs, les Texans gagnent 4 à 2 contre des Kings qu’on ne reverra plus depuis lors des phases finales. Ensuite, vient le gros morceau, les Mavericks de Dallas emmenés par un Dirk Nowitzki qui tourne à 26 points et 9 rebonds de moyenne en saison régulière. Ces derniers viennent de sweeper les Grizzlies et sont prêts à défier les champions en titre.
Dans la série, les éperons sont rapidement menés 3-1 dans la série face à des Mavs frais, déjà à l’époque on disait que les Spurs étaient trop vieux. Mais comme il ne faut jamais sous-estimer le squad de San Antonio, ils reviennent à 3-3 dans la série grâce à deux lancers de notre Français ultra clutch dans le Game 6. Ce dernier match s’annonce mortel, et nous ne serons pas déçus. Pourtant, les Spurs se retrouvent très vite dos au mur dans leur salle. Mené de 20 points, le champion en titre semble avoir lâché. Mais sur un sursaut d’orgueil, les Spurs entament alors un incroyable come-back, faisant de ce match l’un des plus beaux de la décennie. Les deux stars, Dirk Nowitzki avec 37 points et 15 rebonds et Tim Duncan avec 41 points et 15 rebonds se répondent coup pour coup. La magie de Manu se chargera du reste, l’Argentin plante un tir à 3 points et permet aux Spurs de mener 104-101 à 32 secondes de la fin du match. Il ne suffit que de bien défendre… mais les Mavs ont leur sauveur. S’il existe bien un joueur qui n’a pas peur de prendre ses balls dans les moments chauds, c’est Dirk. Malgré l’excellente défense de Bruce Bowen, l’Allemand reçoit la balle. Incapable de trouver un tir à trois-points, il joue le tout pour le tout en attaquant le cercle. Après son action héroïque, Ginobili réalise alors la faute de sa carrière : El Manu attrape le poignet de Dirk pensant qu’il peut le contrer, alors que le lay-up est déjà quasi inscrit. L’Allemand se retrouve donc en prime sur la ligne des lancers-francs à 21 secondes de la fin du match pour le point bonus le plus important de sa carrière dès lors. Les blancs et noirs ne parviennent pas à scorer par la suite et sont éliminés des Playoffs, pas de back to back.
L’ironie du sort : San Antonio est champion l’année d’après. Après une régulière très bonne comme d’habitude, les texans ont du mal contre les Suns de Steve Nash mais passent tout de même (avec quelques accrochages). S’en suit une belle épopée qui se termine par une leçon de basket-ball donnée au jeune LeBron James et ses Cleveland Cavaliers, Tony sera même MVP des Finales. Ça fait mal quand on pense que sans cette faute de Manu, les Spurs sont en finale et si ils étaient parvenus à gagner contre Miami, Tim Duncan aurait peut-être 6 bagues comme Michael, et ce qui lui manque dans son immense carrière : un back to back.
Ah, Manu Ginobili… Carrière immense, joueur génial mais parfois fou, on ne regrettera qu’une seule chose dans son parcours : cette faute plus que bête.