Profil Draft 2017 : Jonathan Jeanne, le dernier prodige de l’INSEP qui nous vient de la Guadeloupe
Le 16 mai 2017 à 10:33 par Benoît Carlier
Grand espoir du basket français, Jonathan Jeanne pourrait être l’une des surprises de la prochaine Draft. Les représentants tricolores ont la côte en NBA, surtout quand leur agent s’appelle Bouna Ndiaye et qu’il vient de signer quatre des plus gros contrats du sport français en un été.
Profil
> Âge : 19 ans. Trop jeune pour trinquer avec Ty Lawson après l’entraînement.
> Position : Ailier-fort, pivot. Un profil à la Anthony Davis, son idole.
> Equipe : SLUC Nancy (prêt). Une saison difficile ponctuée par une relégation en Pro B.
> Taille : 218 centimètres. De quoi faire lever la tête à 95% de la Ligue.
> Poids : 95 kilos. Sans compter ses quatre repas du jour et la séance de muscu de ce matin.
> Envergure : 232 centimètres. Le type peut appeler l’ascenseur sans sortir du lit.
> Statistiques 2016 : 3,1 points, 3,2 rebonds, 0,3 passe, 0,6 contre à 42% au tir, le tout en 10,5 minutes.
> Comparaison : Anthony Davis avec deux sourcils et sans les muscles, plutôt Samuel Dalembert quoi.
> Prévision TrashTalk : Fin de premier tour, début de deuxième tour.
Qualités principales
# Des mensurations de rêve pour tout basketteur
Du haut de son double mètre largement passé, Jonathan Jeanne peut non seulement se gratter les genoux sans se baisser mais il part aussi avec un bon avantage sur la plupart de ses adversaires. Plus grand, plus long, il ne passe pas inaperçu. Dans la NBA actuelle, seuls Kristaps Porzingis, Roy Hibbert, Walter Tavares et Boban Marjanovic peuvent le regarder droit dans les yeux. Le plus effrayant dans tout ça, c’est qu’il n’a peut-être même pas terminé sa croissance et qu’il pourrait continuer d’exploser le plafond prévu dans son carnet de santé ! Aussi bien capable de jouer ailier-fort que pivot, il pourra toujours compter sur cet avantage intrinsèque par rapport à sa match-up. Pour peu qu’il tombe chez les Bucks, il pourra relier les deux extrémités du terrain s’il donne la main à Giannis Antetokounmpo.
# Large palette défensive
Rudy Gobert a peut-être du souci à se faire pour son titre de meilleur contreur du championnat. On n’en est pas encore là mais les longs tentacules du jeune Guadeloupéen sont déjà réputés comme les meilleures poêles à crêpes du pays. Capable d’aller gifler des ballons plusieurs dizaines de centimètres au-dessus du cercle et d’aspirer les rebonds, il va vite devenir une force de dissuasion en défense avec un sens du contre déjà très développé pour son âge. Très léger, il est aussi extrêmement mobile et sait défendre dans le périmètre quand il faut switcher sur un extérieur. Ses longs bras lui permettent enfin de détourner les passes pour lancer la contre-attaque et même finir par un gros tomar histoire d’enfoncer le fautif de l’équipe adverse.
# Dans le moule des intérieurs modernes
Dans une interview donnée au Mans au début de la saison 2015-16, il se décrit comme un poste 4. Malgré sa grande taille, il peut dribbler et shooter à la manière d’un Kristaps Porzingis ou d’un Anthony Davis, duquel il s’inspire beaucoup. Cela tombe bien, ils représentent l’avenir du poste d’ailier-fort en NBA où tout le monde doit être capable d’embraser le parking alors que les postes sont de plus en plus interchangeables. Au plus tôt il aura un tir extérieur fiable, au plus tôt il pourra ambitionner un meilleur temps de jeu.
Défauts majeurs
# Manque encore d’expérience et de vécu
Âgé de 19 ans, il n’a commencé le basket qu’en 2010. Formé à l’INSEP comme Joffrey Lauvergne et Alexis Ajinça qu’il cite comme des exemples, il a signé son premier contrat pro au Mans en 2015. Mais bloqué dans un embouteillage d’intérieurs dans la Sarthe, il est prêté à Nancy pour se développer plus rapidement. Malgré un beau potentiel, il est peu utilisé par ses entraîneurs (13 minutes au SLUC). Même s’il a connu plusieurs compétitions internationales avec les équipes junior, ce manque général d’expérience pourrait le pénaliser face à des joueurs ayant eu plus d’occasions de jouer en NCAA notamment. Il lui reste du travail pour assimiler tous les fondamentaux, notamment défensifs. Un processus traditionnellement plus long pour les big men.
# Doit prendre trois tailles de short pour rivaliser dans la peinture
Il devrait prendre exemple sur Boris Diaw dans ce domaine. Encore très sec pour le moment, il a un programme de musculation très chargé qui l’attend pour rivaliser avec Kevin Love, Karl-Anthony Towns et les autre postes 4 du circuit. Il en va de sa survie dans la jungle des raquettes de la Grande Ligue. Des jambes aux épaules, il va devoir développer tout ça sans tomber dans le piège de la malbouffe pour garder cette mobilité qui fait sa force actuellement. Pas de panique, Rudy Gobert était aussi tout gringalet en venant serrer la main de David Stern.
# Encore des progrès à faire au tir
Le natif des Abymes reste un prospect très brut, particulièrement en attaque. Ses dunks remontent son adresse globale mais il doit encore travailler sur son tir extérieur pour devenir un ailier-fort dans la lignée d’Anthony Davis. Amateur de pick-and-pop, il doit élargir son panel offensif pour être moins prédictible pour les défenseurs. Son geste et sa résistance aux contacts sont deux points d’amélioration pour Jonathan Jeanne, afin de ne pas être catalogué comme un joueur unidimensionnel, uniquement capable d’aborder dans sa propre moitié de terrain. Il pourra parler de cet aspect à Rudy Gobert, encore lui, qui a réussi à franchir un cap en devenant une véritable option offensive à Utah dans cette deuxième partie de saison.
Conclusion
Annoncé en fin de premier tour par certains spécialistes, Jonathan Jeanne était au Draft Combine de Chicago pour se faire mesurer sous tous les angles et se faire connaître des scouts NBA. La saison écourtée de Nancy va lui permettre d’enchaîner les workouts pour tenter d’accompagner Frank Ntilikina sur l’estrade, parmi les trente premiers noms appelés par Adam Silver.