Chris Paul a été fabuleux : 34 points et 10 passes pour la victoire, un money-time divin !
Le 22 avr. 2017 à 07:40 par Bastien Fontanieu
Il fallait qu’il le fasse. Que dos au mur, avec autant d’emmerdes dans les pattes et un message à envoyer, il puisse s’exprimer à sa façon, comme d’habitude : un ballon, des adversaires, une leçon de maîtrise.
Comme vous le savez si bien, et depuis fort longtemps, ce n’est pas dans ces quelques contrées que vous lirez quelconque élément de satisfaction concernant la blessure d’un joueur. Ce qu’on souhaite, plus que tout, c’est de voir toutes les stars au top de leur forme pendant les Playoffs, car c’est ainsi qu’on peut avoir droit aux meilleurs affrontements. Cependant, hier soir, lorsque Blake Griffin a quitté le terrain suite à un pépin au niveau des orteils, l’intérieur des Clippers nous a peut-être offert le plus beau des cadeaux. Non pas qu’en disparaissant il allait soudainement égayer notre nuit, loin de là même puisqu’on voulait le voir à l’oeuvre dans le money-time. Cependant, par équation assez logique et vérifiée depuis des années, l’absence de Griffin chez les Clippers pousse subitement Chris Paul à passer en mode Point God. Et quand on parle de mode Point God, on parle de ce bon vieux CP3 qui redevient un poil égocentrique et décide de mettre toute une franchise sur ses épaules. Comme la badass qu’il est au fond, mais qu’il cache souvent pour rester dans les grandes lignes, loin des triple-doubles à foison et autres grandeurs de ce genre. Ce qu’il aime, le Chris, c’est son 20-10 sans perdre de balle, et avec la gagne. Sauf qu’hier soir, il en fallait plus pour quitter le terrain avec le sourire.
Et en donner plus ? Il l’a fait, et pas qu’un peu, le salopard. Désolé pour le terme, il est avant tout affectueux et vient ponctuer une superbe performance, mais ceux qui étaient devant le match en direct ne peuvent que souligner la pertinence de ces propos, quand on revoit aussi la véritable danse imposée à la défense du Jazz dans ce dernier quart-temps. Littéralement à la traîne pendant tout le match, et sur le point d’exploser face à un Gordon Hayward qui lui aussi avait l’air d’avoir petit déjeuné la même chose que Chris Paul, les Clippers décidaient de suivre la bonne vieille technique du Doc, qui consiste à donner la balle au patron et le laisser opérer. Et cette fois ? Difficulté avancée, grosse défense et public hostile en face. On ne peut donc pas lâcher le cuir à Crawford ou Redick, c’est l’heure de faire le job comme un grand. Et faire le job… c’est peu dire s’il l’a fait le CP3, écoeurant Quin Snyder et ses remparts, rendant au silence le public de Salt Lake City, pour reprendre l’avantage dans le match et boucler l’affaire tel un dictateur ayant accompli sa mission machiavélique. Voir Chris Paul jouer ainsi, ce n’était pas seulement du caramel fondant sur un toast bien grillé, ce n’était pas seulement du Chet Baker pincé aux plus belles heures – surtout face au Jazz -, c’était surtout un rappel concernant la maîtrise d’un joueur qui, palmarès ou pas, est un monstre de notre ère.
Quelques chiffres qui feront sourire Russell Westbrook, peut-être, mais transpiraient l’efficacité et la sérénité : 34 points, 7 rebonds, 10 passes, 12/22 au tir, 8/8 aux lancers, 2 ballons perdus en 36 minutes, money-time façon Mozart. Merci Chris Paul, pas seulement pour tes fans de Los Angeles mais aussi pour la beauté d’un finish pareil : on en redemande…