Isaiah Thomas a peut-être perdu son match, mais il a gagné le respect de tout le monde
Le 17 avr. 2017 à 08:13 par Bastien Fontanieu
C’était le grand moment de ce premier weekend de Playoffs. Loin des chiffres, loin des résultats, loin des conséquences sur quelconque série : Isaiah Thomas jouait contre Chicago, seulement 24h après avoir perdu sa soeur dans un accident de voiture.
Brad Stevens avait été clair avec son meneur, lorsque les caméras étaient éloignées de son vestiaire et l’entraîneur des Celtics pouvait parler en toute intimité avec IT. Si ce dernier souhaitait jouer le plus longtemps possible, c’était acté, et s’il souhaitait s’arrêter à n’importe quel moment, cela l’était aussi. Compréhension humaine et sensible du coach envers Isaiah, face à ce Game 1 qui était loin de représenter la priorité dans sa tête. Car quelques heures après avoir appris qu’il ne pourrait plus jamais voir Chyna Thomas, sa soeur de 22 ans décédée dans la matinée de samedi, le numéro 4 de Boston n’était pas assuré de jouer ce premier match des Playoffs au TD Garden. Présent, pas présent, qu’allait-il faire ? Qu’importe, nous l’aurions compris. Mais finalement, le joueur décidait de mettre ses pompes, et montrer l’exemple, comme toujours. Être le coéquipier qu’il a toujours voulu être et été, le leader qu’il a toujours voulu être et été, le père qu’il a toujours voulu être et été, le frère aussi. Sans calcul, sans préméditation, juste une façon d’être lui-même face à la difficulté. Avec un coeur gros comme ça et un mental d’acier. Comme dans ce combat de toute une vie, celui de devenir un des tous meilleurs joueurs de l’histoire en ne mesurant que 175 centimètres, Isaiah Thomas abordait ce challenge émotionnel indescriptible d’une seule façon : la sienne, avec détermination.
Après quelques tirs pris avant le match, Isaiah s’asseyait sur le côté et était rejoint par son coéquipier le plus proche, Avery Bradley, qui a lui aussi grandi dans l’état de Washington. La scène, aussi triste que réelle, faisait le tour de la planète basket : Isaiah, dévasté et en larmes, soutenu par Bradley qui ne pouvait qu’apporter un bras et sa simple présence dans un moment si difficile. Maintenant qu’il avait décidé de jouer, le lutin devait affronter le plus dur. Le silence pesant du Garden pour sa soeur, la présentation épique des joueurs, les zooms permanents des caméras sur lui, la pression sur les épaules d’un franchise player. Mais quand bien des être humains s’effondreraient sous un tel poids ? Isaiah s’élevait sur le parquet, pour que Chyna soit fière de lui. Qu’elle puisse voir que son “petit” grand frère était le plus fort. Un match remarquable, clutch, propre, d’une solidité incroyable dans un tel contexte, malgré la défaite au bout. Alors qu’il aurait pu s’absenter et rester près des siens, Thomas répondait présent et tentait de mettre toute une ville sur son dos. Comme il l’a fait tant de fois cette saison. Alors certes, cette soirée aurait pu être rangée dans les grands moments de l’histoire des Playoffs de Boston avec une victoire, mais là n’était pas l’important. Ni le score final, ni la victoire des Bulls, ni la ligne statistique pourtant exceptionnelle du All-Star (33 points et 6 passes). Non, ce qu’il y avait d’exceptionnel dans ce match, c’était de voir un jeune homme abattu refuser de poser un genou à terre. Garder la tête haute, sécher ses larmes et continuer à avancer, comme il l’a toujours fait avec Chyna.
Soutenu par l’intégralité de la communauté basket, le meneur des Celtics a donné une leçon à tout le monde, ce dimanche 16 avril 2017. Car même s’il a perdu son match, même s’il n’a pas pu repartir avec un dernier quart-temps mémorable, Isaiah Thomas a montré qui il était vraiment sur la plus grande des scènes sportives : un joueur exceptionnel, un frère aimant, mais surtout un bonhomme immense.