La magnifique lettre de David Griffin après le Game 4 des dernières Finales NBA : le GM y a toujours cru
Le 14 avr. 2017 à 23:48 par Anthony Gony
Alors que les Cleveland Cavaliers étaient menés 3-1 en Finales NBA l’an passé, le GM David Griffin avait écrit une lettre à tous les membres de la franchise, pour remotiver ses troupes. La suite, on la connait, les Cavaliers renversent la série, battent les Warriors en 7 matchs et deviennent champions NBA.
Au sortir du match 4 des dernières Finales NBA, le vestiaire des Cavaliers était silencieux, abattu. LeBron est assis, tête baissée, les genoux dans la glace, ses Cavs viennent de s’incliner à domicile contre les Warriors et sont maintenant menés 3-1 en Finales NBA. Il est sur le point de perdre ses cinquièmes Finales en sept participations, un chiffre qui pourrait ruiner son histoire. Car aucune équipe dans l’histoire des Finales NBA n’a réussi à être champions en étant menée 3-1. Plus grand monde n’y croit. Logique. Plus grand monde, sauf David Griffin, qui voyait déjà une dimension historique en son équipe. Dos au mur, et refusant de baisser les bras, le GM des Cavaliers décide alors d’écrire un mail pour motiver son équipe. Mais, comme le rapporte Sports Illustrated qui reprend les propos du Return of The King, un ouvrage Brian Windhorst and Dave McMenamin, ce mail, il l’envoie non seulement aux joueurs et au staff, mais aussi à tous les membres de l’entreprise : au service marketing, au service ventes, aux dirigeants en passant par les secrétaires et les services de sécurité. Tout le monde doit se sentir concerné pour que le come-back soit possible. Extraits:
“Chère Famille.
[…] Nul besoin de le dire, nous sommes tous déçus de ne pas avoir gagné ce dernier match à la maison. Cependant, j’ai quelques pensées à partager avec vous qui, je le pense, pourraient faire de l’attente de notre victoire au match 5 à Oakland et de notre triomphe ultime dans un match 7 épique un peu plus une réalité qu’un rêve.
Regardez les deux saisons que nous avons passées ensemble et pensez à toutes ces choses qui nous ont rendu HISTORIQUEMENT SPECIAUX. Nous commençons la SAISON DERNIERE en tant que favori pour le titre NBA. Notre pivot titulaire [Anderson Varejao] se déchire le tendon d’Achille au bout de 26 matchs. Notre MVP rate deux semaines en raison d’une blessure au dos. Nous devenons la première équipe dans l’histoire de la NBA favorite pour le titre qui commence avec un bilan négatif au bout de 29 rencontres (19-20). Nous échangeons un joueur contre trois autres, récupérons notre MVP et réalisons un bilan de 32-7 sur les 29 matchs suivants. […]
On sweepe [les Celtics] au premier tour et, au match 4, nous perdons notre ailier fort titulaire [Kevin Love] pour le reste des Playoffs et même pour les 6 prochains mois. Nous gagnons le tour suivant [4-2] contre Chicago en étant menés 2-1 et malgré les problèmes de genoux de notre meneur titulaire [Kyrie Irving] qui a seulement joué 12 minutes dans le match 6. Nous gagnons un match parce que nos assistants empêchent notre coach de demander un temps-mort que nous n’avions pas, ce qui aurait pu donner une faute technique et la balle à Chicago alors qu’il y avait égalité. Cela ne s’était jamais vu auparavant non plus. On a ensuite sweepé une équipe à 60 victoires et première à l’Est [les Atlanta Hawks], alors que Kyrie a raté les matchs 2 et 3 en raison de ses blessures au genou.
NOUS ALLONS EN FINALES NBA. LeBron et James Jones font leur 5ème apparition consécutive en Finales NBA. Nous perdons le Game 1 et perdons Kyrie pour le reste des Playoffs. Nous avons maintenant deux All-Stars en moins. Donc que faisons nous… Nous gagnons les deux matchs suivants pour mener 2-1 face à cette même équipe des Warriors ! Notre nouveau meneur titulaire, Delly [Matthew Dellavedova], a dû être transporté à l’hôpital sur un brancard parce qu’on ne l’avait pas hydraté assez vite pour lutter contre l’épuisement de ses muscles. Les Warriors ont trouvé leur meilleur cinq [le fameux small ball avec Iguodala à la place de Bogut] dans un dernier espoir pour sauver leurs finales, parce que nous les avions défoncés physiquement. Blessés et meurtris, nous finissons par succomber mais tout le monde est prêt à revenir en bonne santé.
INTERSAISON
Tout le monde revient et nous gardons notre bande intacte, un groupe qui avait un bilan de 34-3 lors des 37 derniers matchs que LeBron, Kevin et Kyrie avaient joués ensemble. Le propriétaire dépense la deuxième plus importante somme d’argent de l’histoire de la NBA pour y parvenir.
CETTE SAISON. Nous commençons le camp d’entrainement sans Kevin Love, Kyrie Irving et Iman Shumpert, qui se remettent tous d’une opération. Nous dominons littéralement la Conférence Est de bout en bout. Nous sommes numéro 1 à l’EST.
Nous balayons nos adversaires au premier et au deuxième tour des Playoffs. Nous sommes la première équipe de l’HISTOIRE DE LA CONFERENCE EST à commencer les Playoffs avec un bilan de 10-0. (…) On achève Toronto en 6 matchs, en remportant le match 5 de 38 points, RECORD DE FRANCHISE EN PLAYOFFS. LeBron et James Jones font leur 6ème apparition consécutive en Finales NBA. UN RECORD NBA pour quiconque n’est pas un Celtic de l’ère Bill Russell.
En cours de route, nous établissons des records NBA EN PLAYOFFS pour le nombre de matchs consécutifs avec au moins 12 trois-points ou plus (8). RECORD NBA de 77 trois-points en 4 matchs lors du sweep contre Atlanta. Nous sommes la PREMIERE EQUIPE DANS L’HISTOIRE DE LA NBA à mettre 15 trois-points dans quatre matchs consécutifs. ET, nous établissons un RECORD NBA ALL-TIME de trois-points inscrits en un match avec 25 réussites lors du match 2 contre les Hawks.
Nous commençons les FINALES NBA avec le LE PLUS LARGE DIFFERENTIEL DE POINTS dans l’HISTOIRE DE LA CONFERENCE EST (+177). Nous gagnons le match 3 de 30 points contre une équipe à 73 victoires en saison régulière. Nous devenons la première équipe dans l’HISTOIRE DES FINALES NBA à gagner de 30 points après avoir perdu le match d’avant de 30. Donc, qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie plus que ce que vous n’avez jamais osé imaginer, mais pas plus que ce que nous avons toujours fait. AUCUNE EQUIPE DANS L’HISTOIRE DE LA NBA n’a jamais réussi à remonter un 3-1 en Finales NBA. Plutôt que de vous sortir le cliché “pourquoi pas nous ?”, j’aimerais vous proposer ce qui suit :
NOUS AVONS VU L’HISTOIRE DE LA NBA EN L’ECRIVANT AU QUOTIDIEN. Donc la question n’est pas “pourquoi pas nous”, mais “que pourrions-nous faire de plus ?” Nous adorons la difficulté. Nous adorons BATTRE DES RECORDS. Vous savez dans vos cœurs et dans vos esprits que nous avons été les ROIS DE LA DRAMATURGIE depuis que nous sommes ensemble. Je parie que vous pouvez le faire, et je serais heureux pour vous si vous ajoutiez cela à cette BASE DE DONNEES HISTORIQUE. Ce qui vous semble relever de la folie, c’est ce que VOS CLEVELAND CAVALIERS ont fait.
Laissez moi être le premier à vous le dire, L’HISTOIRE DE LA NBA NOUS A ATTENDU. Personne n’a fait ça avant, parce que NOUS n’avons jamais été dans cette situation avant. Nous allons devenir les premiers parce que c’est comme cela qu’on a toujours fait.
L’HISTOIRE DE LA NBA NOUS A CHOISIS. Ne fuyez pas, n’ayez pas peur. Ne soyez pas découragés. NOUS ALLONS SAISIR LA PLACE QUI EST LA NOTRE DANS L’HISTOIRE ! “
En interne, certains le traitaient déjà de fou, peut-être à juste titre. Pourtant, l’Histoire, comme il aime tant à la répéter, lui a donné raison. Et recevoir une telle marque de confiance avant un match décisif a dû galvaniser les Cavaliers, qui n’avaient plus rien à perdre. Alors, certes, ce n’est pas un simple e-mail qui a battu trois fois de suite les Warriors. Ce ne sont pas ces seuls mots qui ont motivé les joueurs à réaliser l’impossible. Et ce n’est pas le mail de David Griffin qui a fait suspendre Draymond Green. Tout ce que l’on retiendra, c’est que les Cavaliers l’ont fait, et que leur GM n’y est certainement pas étranger.
En fait, cette lettre aurait pu ne rien changer du tout. Elle aurait pu n’être que la marque d’un ridicule espoir au milieu du désespoir ambiant. A l’évidence, elle a TOUT changé. Ce mail, cette petite anecdote, restera à jamais gravé dans la Grande Histoire de la NBA.
Source texte : Sports Illustrated