Nicolas Batum rejoint Tony Parker dans l’actionnariat de l’ASVEL : en route vers les sommets d’Europe ?
Le 30 mars 2017 à 19:21 par Benoît Carlier
Nicolas Batum a confirmé lui-même la nouvelle sur les réseaux sociaux ce mercredi en début de soirée, il rejoint son ami Tony Parker dans l’actionnariat de l’ASVEL où il occupera le poste de Directeur des Opérations basket. D’abord annoncé proche d’investir au Paris-Levallois, le Batman a finalement décidé de s’engager dans la banlieue lyonnaise. Une bonne nouvelle pour le basketball français, mais n’y avait-il pas mieux à faire ? Deux points de vues s’opposent avec chacun leurs arguments, vivement défendus par Stéphane et Charles. Choisissez votre camp.
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Charles : C’est vraiment dommage, j’aurai bien voulu voir Batman déployer ses ailes du côté du Mans (son premier club professionnel) ou d’un autre club français mais pas de Villeurbanne où notre Tony national abat déjà et va encore abattre un énorme boulot. Non pas que l’association de ces fers de lance du basket français ne soit pas une bonne idée mais, en termes de répartition des moyens financiers ou en termes d’attractivité de la Pro A, avoir deux investisseurs emblématiques qui se tirent un peu la bourre pour faire vivre deux clubs au plus haut niveau, ça aurait été sûrement un gros coup d’accélérateur. Il y a certainement la place pour plusieurs anciens joueurs aux commandes en Pro A. Tony Parker a commencé le premier et Nico Batum aurait pu – avec ses moyens financiers et son image – tenter de faire monter une autre ville du basket tricolore.
Steph : On est d’accord, l’argent n’est pas un problème pour Nico. D’ailleurs, il aurait très bien pu investir à Strasbourg, au PL ou au Mans avec le contrat qu’il a signé l’été dernier. Mais c’est le contexte sportif qui l’a aidé à faire son choix. Tu es probablement au courant de la nouvelle refonte des compétitions européennes. L’embrouille entre l’Euroligue et la FIBA a l’air vraiment sérieuse et l’ASVEL doit agir vite si elle ne veut pas être mise à l’écart des autres clubs européens. Cette année, aucune équipe de Pro A ne participe à l’Euroligue ou à l’Eurocup. On voit bien avec les équipes qui sont venues jouer à l’Astroballe en Champions League que le niveau n’est pas le même et Tony Parker a déjà fait savoir qu’il voulait disputer l’Eurocup l’année prochaine malgré les interdictions de la fédération. Le patron a bien senti que c’était le moment de se bouger et les patrons du basket français vont avoir encore plus de mal à s’y opposer maintenant que Nicolas Batum est de la partie.
Charles : Bien sûr, l’arrivée de Nico est un vrai plus dans l’organigramme de l’ASVEL et cela renforce la position et le discours de Tony. C’est indéniable. Mais aurait-ce vraiment été moins bien pour discuter avec la fédération si Batum avait débarqué dans un autre gros club de Pro A avec les mêmes ambitions ? Un peu d’émulation et de compétition pour faire monter encore plus le niveau, draguer plus de sponsors cela n’empêche pas d’affirmer ses envies européennes sur les parquets ou dans les bureau des instances décisionnaires. Tony en président de l’ASVEL, Nico en président du Mans (ou de Strasbourg si tu veux) par exemple et cela fait deux voix qui se font écho pour faire parler du basket français, pour aller négocier tout type de deals, etc… La possibilité est réelle. Nous avons beaucoup de joueurs formés en France qui sont en train de réussir magnifiquement à l’étranger. Ils ne vont pas tous se réunir ensuite dans le même club en France quand même !
Steph : Mis à part dans le rap, TiPi a toujours eu une longueur d’avance. Le meneur des Spurs a bien senti que c’était une période charnière et l’aide de son ami en sélection ne sera pas de trop pour tenter de rivaliser avec les plus gros clubs européens. C’est à ce prix que l’ASVEL aura peut-être une chance d’intégrer l’Euroligue dans quelques années. À titre de comparaison, le champion de France en titre a un budget de 7 291 000 euros contre 35 millions pour le CSKA cette saison. En rassemblant leur énergie et leurs portefeuilles, les deux tricolores ont plus de chances de réduire l’écart avec les clubs qui jouent le Final Four de la plus prestigieuse compétition européenne chaque année. Une salle de 10 500 places verra déjà le jour en 2020, l’ASVEL va désormais pouvoir investir sur de l’humain tant au niveau du staff que des joueurs. Intégrer l’Euroligue aujourd’hui permettra de faire partie des plans lorsque la NBA envisagera plus sérieusement un rapprochement avec le Vieux Continent dans un futur lointain. Chose qui aurait été encore plus difficile à envisager si Nicolas Batum avait placé toutes ses billes à Caen ou dans la Sarthe.
Charles : Au passage, il ne faut pas oublier que diriger un club ça prend du temps. Ont-ils tous les deux le temps de faire ça bien ? Tony va certainement l’avoir de plus en plus mais Nico a encore pas mal d’années en tant que joueur ainsi que des étés déjà bien chargés, sans parler évidemment des saisons disputées sur un rythme de fou d’octobre à avril. Je pense surtout à Nico car Président des Opérations Basket c’est un gros boulot, sûrement encore plus prenant que propriétaire même si les sollicitations sont nombreuses. Qui va scouter les joueurs ? Nico aura-t-il le temps de vraiment bien gérer le sportif ? On imagine que les deux vont réfléchir à construire un staff pour les aider dans cette mission qui reste primordiale. L’envie, l’argent sont des bases fabuleuses mais – Nico et Tony le savent parfaitement – c’est d’abord sur le parquet qu’il faut obtenir des résultats. Et pour ça, il faut les meilleurs joueurs possible.
Steph : Certes, mais l’ASVEL va avoir les moyens de rallonger son staff. En son absence, Tony Parker fait confiance à Gaëtan Muller pour prendre soin de son petit bébé. Qu’on le veuille ou non, le patron de l’équipe de France tire gentiment vers la retraite. Il prépare déjà sa reconversion. Nicolas Batum prend juste un peu plus d’avance pour être opérationnel une fois à la retraite. De toute façon on ne dit pas non à au meilleur joueur de l’histoire de l’EDF et l’ailier de Charlotte ne voulait pas rater le wagon d’un train qui promet d’être une très belle aventure. Je parle aussi bien pour lui que pour le basket français qui peut se permettre de rêver de voir passer les meilleurs joueurs du monde dans l’Hexagone dans quelques années grâce à l’ASVEL.
Bien sûr, Nicolas Batum aurait pu décider de booster son club de cœur ou simplement une autre équipe de Pro A pour provoquer une émulation en France, mais il est en tout cas toujours plaisant de voir cette génération de joueurs qui a envie de faire monter le basketball français. En attendant l’arrivée d’Evan Fournier dans le capital du club de la capitale ou celle de Rudy Gobert à Cholet, la balle orange peut compter sur de magnifiques porte-drapeaux dans notre pays. Personne n’a oublié ce lock-out où les NBAers étaient revenus en France pour garder la forme et surtout pour rendre au public français un peu d’amour. Avec eux, le basket bleu-blanc-rouge est entre de bonnes mains.