C’est à James Harden d’aller chercher son titre de MVP, comme un grand, sur le terrain
Le 17 mars 2017 à 13:01 par Bastien Fontanieu
Dans une course affolante qui domine les discussions du quotidien, James Harden possède un avantage sur tous ses autres concurrents : c’est bien lui qui tient les clés du débat dans ses mains, une porte qu’il doit fermer comme un patron sur cette fin de saison.
Pas un jour ne se passe sans qu’on en vienne à parler du titre de MVP. L’un qui claque un triple-double, l’autre qui écarte un grand adversaire, chacun ajoute des feuillets dans son dossier en espérant proposer le plus séduisant de tous aux futurs votants. Du point de vue extérieur, celui du public et donc des préférences de chaque fan, Russell Westbrook domine le vote populaire en cochant toutes les cases d’un athlète appréciable. Jeu spectaculaire, compétiteur abandonné l’été dernier, profusion de statistiques hors-normes et de phrases choquantes, le meneur du Thunder sait faire le buzz et s’attirer l’amour du peuple. Cependant, malgré tous ses efforts et ses exploits, le Brodie possède des éléments contraignants dans son dossier, qui ne le rendent pas parfait. Chute du bilan d’équipe d’une saison à l’autre, position finale dans le classement général, qu’on le veuille ou non ces arguments seront inévitables lorsque la candidature de Russell sera examinée. Alors qu’un peu plus au Sud, dans un coin du Texas où les limitations de vitesses ont disparu, un fin-gaucher propose une combinaison quasiment intouchable…
Oui, James Harden est bien le MVP de la NBA cette saison. Attention : quand on affirme cette phrase, ce n’est pas pour l’imposer de façon objective aux autres, mais pour faire écho au système de votes employé par la Ligue depuis des années. Domination statistique, leadership, régularité et… présence collective sur le podium de sa conférence, des critères qui ont été cimentés dans les automatismes des votants. Cependant, et c’est là que le franchise player des Rockets va devoir faire preuve de détermination, l’historique campagne de Russell Westbrook nous pousse à revoir cette même méthodologie. Comment peut-on rester dans le même mode de pensée un poil archaïque, lorsqu’on observe un tel phénomène ? Comment balayer un athlète de la course au trophée, lorsque celui-ci redéfinit les lois numériques ? Il suffit de se pencher sur les résultats de l’année dernière pour comprendre le challenge qui attend James Harden. Jamais nous n’avions vu de MVP unanime dans l’histoire, car jamais nous n’avions pensé vivre une saison comme celle de Stephen Curry. Et pourtant, il y a quasiment un an jour pour jour, la perspective nous faisait doucement rire. Mais non, jamais un joueur sera élu MVP à l’unanimité. Quelques semaines plus tard, le meneur des Warriors cimentait sa place dans la légende.
C’est justement là qu’Harden va devoir utiliser cette fin de campagne comme un point d’exclamation. Car en observant son calendrier et ses missions restantes, le barbu sait très bien ce qu’il doit faire, mieux que quiconque. Un dernier affrontement avec Westbrook le 26 mars, deux matchs contre Golden State en fin de mois et un dîner aux chandelles avec les Clippers le 10 avril : le quatuor idéal pour clore le débat. Ce sont bien ces rendez-vous qui permettront à James de définitivement orienter les votants vers son dossier. Pour une raison assez simple, d’ailleurs. Lorsqu’il se fait battre à San Antonio par un Kawhi Leonard décisif ? C’est lui et lui seul qui laisse encore le doute planer. Mais lorsqu’il affronte le champion en titre et fait chuter LeBron James à la maison ? C’est lui et lui seul qui recentre la discussion dans la direction souhaitée. Il ne pourra donc pas y avoir de plaintes venant du barbu, s’il loupe les rendez-vous ci-dessus mentionnés. Car en connaissant le système de votes, en étant parfaitement conscient des avantages possédés, et en gardant l’oeil sur les craintes avancées, James Harden a les clés en main. Ce sera donc à lui, comme un vrai MVP, de terminer la discussion en battant ses adversaires directes avec la meilleure des intentions.
Russell Westbrook finira certainement sa saison en triple-double de moyenne, et son Thunder pourra monter jusqu’à la 5ème place de la Conférence Ouest. Mais quoi que le meneur fasse, ce sera à James Harden de décider du vote final. Une fin de saison ratée, et le vent tournera en direction de l’Oklahoma. Un quatuor taclé, et le barbu obtiendra ce qu’il mérite plus que quiconque. La balle est dans son camp, au sens propre comme figuré.