C’est la fin d’une ère à Chicago : la team Thibodeau de 2011 est officiellement démantelée

Le 25 févr. 2017 à 13:51 par Benoît Carlier

Taj Gibson
Source image : YouTube - Chicago Bulls

Avec l’échange prévisible de Taj Gibson à Oklahoma City quelques minutes avant la trade deadline, les Bulls ont également salué leur dernier représentant de l’équipe de 2011 qui était allée jusqu’en Finale de Conférence. Une page qui se tourne dans l’Illinois.

On en avait déjà pris fortement le chemin l’été dernier, lorsque Derrick Rose et Joakim Noah avaient fait leurs valises ensemble pour la ville qui ne dort jamais. Taj Gibson était alors le dernier survivant de cette époque dorée lors de laquelle les Bulls étaient revenus sur le devant de la scène grâce à un entraîneur plein d’ambitions pour son groupe. À peine arrivé des Celtics pour obtenir son premier poste de head coach – il était spécialiste de la défense à Boston – Tom Thibodeau va révolutionner la mentalité locale en l’espace de quelques mois. Très orienté sur la protection de son cercle, il va trouver en Jooks et Taj Gibson une paire magique pour verrouiller l’accès à sa raquette. Ce n’est pas de trop pour compenser les trous d’airs laissés par ce bon Carlos Boozer à l’intérieur mais cela suffit à faire de Windy City le deuxième meilleur rempart de la Ligue derrière… Boston avec 91,3 points accordés à l’adversaire en moyenne. De quoi faire halluciner du monde alors que le Jazz concède aujourd’hui 95,7 unités et que seulement deux autres équipes sont sous les trois chiffres cette saison. 2011, une année qui paraît si proche et si loin à la fois. Boostés par un D-Rose au sommet de son art qui deviendra également le plus jeune MVP de l’histoire lors de cette même saison, les Bulls dominent la saison régulière avec un bilan tout aussi généreux que les joues de Boozy (62-20). Les principes défensifs de Thibs fonctionnent à merveille avec d’autres spécialistes comme Luol Deng ou James Johnson et Chicago donne rendez-vous aux Tres Amigos de Miami en Finale de Conférence. Après un premier succès convaincant à la maison, les Taureaux vont prendre la foudre par la superteam floridienne en concédant un faux sweep en cinq matchs. Ce n’est pas cette fois que le dernier titre de 1998 aura un nouveau petit frère, ni après d’ailleurs.

La blessure de Derrick Rose au premier tour des Playoffs un an plus tard va marquer le début d’une période compliquée pour Tom Thibodeau et les Bulls, privés de leur leader qui ne retrouvera plus jamais son niveau d’antan. Les efforts défensifs se ressentent un peu moins malgré le titre de DPOY décerné à Joakim Noah en 2014 et la direction ne satisfait pas les demandes de son entraîneur qui va finir par s’embrouiller pour de bon avec John Paxson et Gar Forman. Quand on n’en fait qu’à sa tête sans prendre en compte les besoins de son équipe et que l’on essaye de faire porter le chapeau aux autres, il arrive toujours un moment où la discorde est trop grande pour continuer à collaborer. Tom Thibodeau sera viré comme un malpropre à la fin de la saison 2014-15. Jimmy Butler, devenu la star que l’on connaît entre temps, déchantera vite après avoir aidé à pousser son coach vers la sortie. Le front office tentera d’abord de lui offrir un contrat nettement en dessous de son niveau avant de faire des choix contestables à la free agency. Pour la première année de Fred Hoiberg sur un banc de NBA, les blessures seront malheureusement trop importantes pour permettre à Chicago d’accrocher le wagon des Playoffs, une première depuis 2008 et la fameuse Draft de Derrick Rose justement. Mais au lieu d’effectuer un grand nettoyage en profondeur pour préparer l’avenir plus sereinement avec des bases jeunes et solides, Gar Forman a préféré jouer la carte du court terme. Un pari en train d’être perdu à mesure que la saison avance.

Si l’opportunité de ramener l’enfant du pays, Dwyane Wade, au United Center était évidemment une aubaine en terme de marketing et d’image, elle ne règle pas du tout les questions de la suite à Chicago. Flash a une option pour quitter l’Illinois dès cet été s’il a l’occasion de rejoindre la Team Banana Boat quelque part et, à 35 ans, il est de toute façon plus proche de la fin que du début. L’autre grosse signature estivale, Rajon Rondo, ne devrait pas faire de vieux os dans le temple de Michael Jordan. Relégué sur le banc après une trentaine de matchs, il ne s’inscrit pas dans la philosophie de Fred Hoiberg portée vers l’attaque rapide et la menace extérieure. L’un des seuls joueurs qui correspondait à ces critères a été envoyé à OKC juste avant la deadline de février. Les fans devront désormais se contenter d’un Anthony Morrow en petite forme pour remplacer les bombes de Doug McDermott qui commençait à se faire un nom en sortie de banc. Les deux derniers contrats entièrement garantis jusqu’en 2019 sont ceux de Jimmy Butler et Robin Lopez. Le premier a été concerné par de nombreuses rumeurs de transferts ces derniers mois et ne semble pas s’entendre avec son entraîneur, le second devrait laisser plus de temps de jeu à Cristiano Felicio et Joffrey Lauvergne si la franchise souhaite bâtir quelque chose autour de ces deux là dans l’avenir. Enfin, le porte-parole du vestiaire et le leader défensif des Bulls arrivait en fin de contrat et a donc été envoyé dans l’Oklahoma sans un remerciement. Adieu Taj Gibson, c’est la fin d’une ère à Chi-Town.

Sans excellent pick de Draft, ni jeune sur lequel vraiment construire une franchise et avec un joueur star annoncé sur le départ, les Bulls sont en pleine transition. Mais encore faudrait-il savoir quelle direction le front office souhaite prendre avec son groupe sous peine d’errer sans but aux alentours du Top 8 pendant encore de nombreuses années. Parfois, il vaut mieux tout jeter pour mieux recommencer. La première étape a été effectué, on attend le début de la deuxième désormais.


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