Russell Westbrook est en danger : sans Kanter, quels effets sur sa moyenne et ses chances d’être MVP ?

En découvrant la stupide blessure d’Enes Kanter ce jeudi et les deux mois d’absence qui en découlent, ce n’est pas seulement la franchise d’Oklahoma City qui a soupiré un grand coup : Russell Westbrook a lui aussi baissé la tête, car le meneur va devoir prendre de grandes décisions prochainement.

Foutue chaise. Ou plutôt, foutu coéquipier. Comment mettre la campagne de son équipe dans une situation périlleuse, avec un geste aussi idiot ? En frappant une pliante sur le banc par frustration, l’intérieur s’est bien fracturé l’avant-bras et a dû quitter les siens pour les six à huit prochaines semaines. Une arme offensive de choix en moins, pour un groupe qui n’a déjà pas une multitude d’options, bonjour le génie. Cependant, les larmes et l’apitoiement ne sont pas du genre de la maison, surtout chez le meneur du Thunder qui accepte chaque challenge un par un en les validant avec la détermination d’une sorte de dictateur. Comment aborder la suite ? Quelles conséquences pour Westbrook comme pour sa franchise ? Zoom sur quelques points majeurs.

• Le Top 8 de la Conférence Ouest

Ce n’est pas comme si le Thunder était clairement installé dans les hauteurs de sa conférence. Aujourd’hui posés à la 6ème place, devant Memphis et Denver dans le groupe des équipes de Playoffs, les hommes de Billy Donovan ont encore une bonne marge d’avance sur les spots 9 et 10 (huit défaites en moins) mais deux mois de compétition peuvent réserver de sacrés surprises. Surtout pour ces franchises qui sentiront l’odeur de la bête blessée, et qui voudront faire chuter Russell dans son projet. Bonne nouvelle à garder tout de même en tête ? Oklahoma City a joué davantage à l’extérieur (25) qu’à domicile (22), ce qui devrait augmenter leurs chances de victoires. Mauvaise nouvelle à garder tout de même en tête ? Toujours pas d’affrontement face aux Spurs, aux Cavs, encore deux contre Golden State, deux contre Utah, deux contre Memphis et un contre Toronto…. Conclusion, il faudra suer jusqu’au 12 avril.

• La saison historique de Westbrook en triple-double

L’absence de Kanter, c’est avant tout la disparition d’une cible privilégiée pour les passes décisives du meneur. Infernal sur pick and roll, rapide sur ses catchs en transition, Kanter est une arme de choix que Russell adorait utiliser pour gonfler ses moyennes. Malheureusement, et on en a déjà vu les effets ce jeudi avec un Westbrook davantage scoreur que passeur contre Dallas, le phénomène va devoir chercher ses caviars ailleurs si tant est qu’il garde sa quête de record en tête. Quand vous perdez le 3ème meilleur marqueur de votre équipe (14,4 points) et que vous devez désormais compter sur Sabonis, Lauvergne ou Grant pour taper les 10 passes décisives, ça donne des frissons. Il faudra voir ce que Steven Adams et Victor Oladipo auront en stock, sinon les soirées terminées à 7 ou 9 passes décisives vont devenir nettement plus fréquentes que celles à 12 ou 14. Aujourd’hui à 10,2 caviars par soir, Russell va devoir s’accrocher et ses fans aussi.

• Les retrouvailles avec Kevin Durant

Si les Warriors avaient clairement dominé les deux premières retrouvailles à Golden State, d’une façon assez logique, le 11 février 2017 restait the date entourée sur le calendrier de Westbrook et de la plupart des passionnés. Car pour un premier retour à la Chesapeake Arena, KD aurait pu avoir droit à une vague d’animosité et un match tendu en perspective. Au lieu de ça ? Il y a de fortes chances pour que les huées du public local laissent rapidement place à la réalité, celle d’un groupe qui n’a pas assez d’armes pour tenir face à l’ennemi tant attendu. Bien évidemment, on compte sur Russell et ses potes pour nous faire mentir, mais le modèle “LeBron de retour à Cleveland en 2010” qui s’était terminé avec une branlée nous tend bien plus les bras qu’une double-prolongation, en l’absence de Kanter. Triste pour les fans qui voulaient au moins repartir avec une victoire émotionnelle.

• Le trophée de MVP

C’est là qu’on est un peu triste pour Westbrook. Non pas parce qu’il n’a plus aucune chance, très loin de là même, mais les probabilités de le voir finir MVP ont pris un sacré coup en voyant Enes le laisser. Du bilan des siens à sa moyenne historique en passant par le taf de la concurrence, le ciel s’est soudainement rempli de nuages et Russell devra encore défier les lois du sport pour fermer nos bouches. Peut-il désormais se transformer en incroyable machine à scorer, terminant sa saison avec plus de 35 points de moyenne et conservant le Thunder dans le Top 8 de l’Ouest ? Tout à fait. Et cet accomplissement sera suffisant pour le garder dans la course avec James Harden et compagnie. Mais pourra-t-il combiner tabassage offensif avec triple-doubles pendant deux mois complets ? Difficile à dire, tellement dur à réaliser.

• Quel mode choisir pour la suite ?

Le voilà, le nouveau grand sujet qui animera la saison d’Oklahoma City et celle de son meneur venu d’ailleurs. Car aujourd’hui, Westbrook est à un vrai carrefour de sa saison. Il y a sa moyenne historique en triple-double, celle qui lui permet de rejoindre Oscar Robertson et Wilt Chamberlain au sommet aujourd’hui, et à conserver pour devenir le premier depuis le Big O à terminer une campagne en TD. Il y a le bilan de son équipe, tout juste dans le Top 8 et qui va vivre quelques montagnes russes dans les semaines à venir. Russell doit-il opter pour le mode aperçu ce jeudi contre Dallas, celui d’un scoreur inarrêtable qui fera tout pour mener les siens vers la victoire quitte à ne pas finir en 30-10-10, ou bien restera-t-il obnubilé par cette quête historique qui le verrait rejoindre le paradis statistique tout en augmentant ses chances de finir avec le titre de MVP ? Son leadership a montré qu’il fera tout pour la gagne, mais être si proche d’un exploit est si tentant que tout le monde pourrait hésiter ne serait-ce qu’un moment.

La blessure d’Enes Kanter n’est pas seulement pénible pour le Thunder et leurs fans, c’est aussi Russell Westbrook qui est aujourd’hui placé dans une situation qu’on pensait inimaginable. Portant déjà sa franchise sur son dos et faisant tout sur le terrain… le meneur devra faire encore plus pour assurer un avenir serein aux siens. Préparez-vous, car les deux prochains mois risquent d’être encore plus marquants.