Les Knicks touchent le fond : 10 janvier 2017, date officielle du bordel total new-yorkais
Le 10 janv. 2017 à 08:25 par Bastien Fontanieu
Peut-être fallait-il atteindre le fond de la piscine pour rendre la chose officielle. Hier soir, les Knicks n’ont pas seulement perdu leur match face aux Pelicans, ils ont perdu les pédales dans tous les compartiments possibles et imaginables.
Il y avait eu un rayon de soleil, petit et ravissant, lors de la victoire à Milwaukee ce vendredi. Une lueur d’espoir, un moment de répit dans le récent marasme new-yorkais. Une série de six défaites consécutives, stoppée par ce money-time bien géré par des joueurs motivés. En back-to-back, la bande à Brandon Jennings se déplaçait chez les Pacers mais une défaite assez prévisible l’attendait, question d’énergie mais aussi de capacité à reproduire le même effort 24h plus tard. De retour à la maison, les Knicks accueillaient donc les Pelicans et pouvaient envisager une potentielle victoire, face à une équipe peu inspirée dernièrement. L’heure n’était donc pas encore à la panique, et à ce véritable cauchemar que vivront les fans comme les simples passionnés posant un oeil sur le MSG. Puis vint le premier domino, celui qui transformera cette soirée en tragédie digne des plus grandes planches de Broadway : l’absence de Derrick Rose, dans un silence total. Fâché en premier lieu avec Jeff Hornacek pour avoir été mis sur le banc lors du money-time dans l’Indiana, le meneur se présentait tout de même au shootaround de ce lundi… avant de disparaître, littéralement. Et quand on utilise le terme de disparition, c’est avec précaution, mais Derrick n’avait tout simplement informé personne de son absence, ni ses coéquipiers, ni sa franchise. Petite panique au sein des Knicks, coach tourmenté et donc réseaux sociaux en inquiétude totale via les rapports des médias, le match commençait forcément dans une atmosphère troublante.
Et la rencontre, justement, parlons-en. Un début prometteur avec notamment l’injection d’énergie apportée par l’intégration de Brandon Jennings dans le cinq majeur, quelques filoches enchaînées par Courtney Lee et Carmelo Anthony, puis un premier relâchement qui servira d’avertissement : défense portée disparue, permettant à Anthony Davis de s’offrir un petit buffet personnel au Madison Square Garden. Et là, deuxième domino, Melo qui se fait expulser de la rencontre alors que son équipe a déjà 19 points de retard. Dans son leadership habituel qui ravit de nombreux fans depuis des années, l’ailier se plaint auprès du corps arbitral au lieu de retourner vers son banc lors d’un temps-mort du troisième quart-temps. Une technique, puis une deuxième sévère, quitte à bien faire les choses. On avait promis de ne pas taper sur l’ambulance, mais quand on est le daron d’une équipe et qu’on est capable de se barrer en premier quand le navire est en feu, il faut bien qu’on en lâche une petite. Laissant ses coéquipiers dans le pire des merdiers, celui de devoir jouer sous les huées du Madison, le numéro 7 aggrave la soirée des siens pendant que le management et les fans se demandent encore où a bien pu passer Derrick Rose. Le dessin, c’est peu dire, a une gueule assez pathétique.
Mais parce que toucher le fond ne pourrait être une expression validée qu’en voyant un autre joueur se faire expulser, c’est un copain qui rejoint Carmelo dans le vestiaire. Troisième domino, Kyle O’Quinn envoie Anthony Davis dans le premier rang du public sur une faute assez lourde, le All-Star devant quitter le terrain pour faire des examens. Après quelques replays visionnés par les arbitres dans une ambiance pesante, et le tout seulement deux minutes après avoir vu Melo se faire tej, O’Quinn est prié de quitter le terrain. Deuxième joueur expulsé, un adversaire blessé, une vingtaine de points de retard et toujours pas de nouvelles concernant Derrick Rose. What the fuck. La fin du match, totalement anecdotique, ressemblera à un cinq contre cinq entre potes du tieks qui ont réussi à squatter le Madison Square Garden. Un public à moitié vide, l’autre moitié huant timidement ses joueurs alors que les pauvres soldats ont été envoyés dans le feu pendant que les cadres étaient introuvables, une véritable torture pour les supporters new-yorkais comme ceux qui observaient d’un oeil cette rencontre. Et quand bien même on pourrait en avoir fini là, les interviews d’après-match laisseront place à une situation aussi inquiétante qu’abracadabrantesque.
Jeff Hornacek, bien obligé de devoir répondre aux journalistes présents sur place, indique qu’il ne peut rien dire concernant Derrick Rose… puisqu’il n’a pas assez d’informations. Cachant au mieux ses inquiétudes avec une grimace souriante, l’entraîneur prend les balles dans le torse en espérant tenir un jour de plus dans ce bordel sans nom. Courtney Lee et Kristaps Porzingis, eux aussi interrogés, n’ont aucune idée de la situation de leur meneur, priant pour ce dernier afin que rien de grave ne lui soit arrivé. La recherche continue pendant une bonne demi-heure, avant que Joakim Noah affirme avoir eu Rose en sortie de match et qu’il va bien. Le pivot ne peut développer davantage sur l’état de son coéquipier, mais il est le seul à pouvoir rassurer les fans comme les médias, dans leur interrogation de plusieurs heures. Il est environ 22h du côté de Gotham, les Knicks viennent de se faire tabasser par les Pelicans, personne ne sait où se situe Derrick Rose et le management ne prend pas la parole. Un scénario catastrophe qui, enveloppé par les expulsions en cours de match, représente une sorte de bottom pour la franchise. Apparemment, Derrick Rose serait retourné à Chicago pour un souci de famille qui l’a forcé à devoir quitter le groupe. Et on l’oublie souvent, les athlètes sont avant tout des êtres humains qui vivent parfois les mêmes soucis que nous tous. Mais sans prévenir qui que ce soit, et avec un Carmelo Anthony laissant ses troupes pendant ce temps-là ? Et avec un Phil Jackson qu’on attend face aux micros, plutôt que l’entraîneur ? L’espoir de ce vendredi a été définitivement réduit en miettes, par cette soirée affligeante pour la franchise new-yorkaise. Peut-être qu’elle s’en remettra avec une victoire, mais on ne pouvait toucher plus bas ce lundi, que ce soit sur comme en dehors du terrain.
On a forcément envie de garder un peu d’optimisme, de ne pas crier à tue-tête que “c’est fini” et qu’il y aura un redressement à venir. Mais aujourd’hui, c’est comme si les Knicks avaient collectivement touché le fond. Enfin, collectivement, disons que Derrick Rose est introuvable, Carmelo Anthony est à la fois blessé et frustré, les coéquipiers semblent déconnectés de leur entraîneur et ce dernier tente d’éteindre l’incendie pendant que ses supérieurs allument leurs clopes avec. Dramatique.