Russell Westbrook, le représentant de la marque laissée par Allen Iverson

Le 12 nov. 2016 à 20:20 par Nicolas Meichel

Dossier Westbrook Iverson
Source : montage TrashTalk (fullhdpictures/ YouTube Brandon Lewis)

Dans le monde sportif et notamment en NBA, on aime s’adonner au jeu des comparaisons. Pourquoi ? Parce que c‘est fun que ça fait passer le temps, même s’il faut bien avouer que c’est rarement productif. Cependant, dans certaines situations, la comparaison est pertinente dans le sens où elle permet de mieux comprendre un phénomène en se basant sur un autre. C’est le cas par exemple avec l’actuel meneur du Thunder Russell Westbrook et le nouveau Hall of Famer Allen Iverson, deux joueurs qui ont souvent été mentionnés dans la même phrase par le passé.

Le joueur qui me fait le plus penser à moi-même aujourd’hui, c’est Russell Westbrook. Peut-être pas au niveau du jeu, mais au niveau du cœur. C’est un tueur.

Ces mots, prononcés par Allen Iverson il y a un peu plus d’un an, ne pouvaient pas mieux résumer les similitudes et les différences qui existent entre lui et l’extraterrestre d’Oklahoma City. Au premier abord, lorsque l’on regarde les profils des deux joueurs, difficile de vraiment faire le rapprochement. C’est vrai, d’un côté, on a en « The Answer » un petit mec de 183 centimètres (avec les chaussures) qui a passé sa carrière à briser les chevilles adverses et à enchaîner les cartons offensifs, alors que de l’autre, on a un gars qui est sans doute le meneur de jeu le plus athlétique de l’histoire de la NBA et qui est capable d’accumuler les triple-doubles à un rythme record. En d’autres termes, Allen Iverson et Russell Westbrook possèdent chacun leur propre style de jeu avec des qualités relativement différentes. Cependant, quand on y regarde de plus près, on se rend compte qu’un gros point commun les attire considérablement.

Ce point commun, c’est leur approche du jeu. Quand on voit jouer le meneur du Thunder aujourd’hui, la première chose que l’on remarque, c’est évidemment son intensité et son agressivité constante envers l’adversaire. Westbrook, c’est le genre de type qui ne vous laisse pas souffler une seconde et qui ne se pose absolument aucune question, pour le meilleur comme pour le pire. Le meilleur, c’est lorsqu’il nous sort des feuilles de stats de mammouth en guidant son équipe vers la victoire. Le pire, c’est quand il shoote à 30 % avec 10 turnovers et qu’il condamne les siens en essayant d’en faire trop. Cette mentalité d’alpha basée sur un égo évident, une confiance en soi sans faille mais aussi un cœur gros comme ça, était également la caractéristique principale de la légende des Sixers, parfois surnommée « Me, Myself & Iverson » à l’époque. Et ça se voit d’ailleurs dans les statistiques de « The Answer », lui qui a terminé sa carrière avec 26,7 points de moyenne, mais à 42,5 % au tir et 3,6 turnovers par match. Autrement dit, Westbrook et Iverson ne sont clairement pas des références quand il s’agit d’être efficace et propre. Par contre, impossible de ne pas les citer dans une discussion sur les joueurs les plus hardcore de l’histoire de la NBA, eux qui représentent un exemple à travers leur volonté de tout donner sur un parquet.

Cette comparaison entre Russell Westbrook et Allen Iverson prend encore plus de sens aujourd’hui vu le contexte dans lequel évolue le meneur d’Oklahoma City. En effet, depuis que Kevin Durant a quitté sa zone de confort, il possède les clés du camion, le camion et même le garage. C’est simple, à l’heure actuelle, il n’y a sans doute aucun autre joueur NBA qui bénéficie d’autant de responsabilités offensives et de liberté que Westbrook. Ce n’est donc pas surprenant de voir que ce dernier est actuellement en tête de la ligue au niveau du pourcentage d’utilisation (appelé usage rate en anglais, et qui correspond au pourcentage d’actions de l’équipe dans lequel est impliqué un joueur lorsqu’il est sur le terrain) avec 42,2 %, loin devant le second DeMar DeRozan (37,6 %). Sur les neuf premiers matchs de la saison, le phénomène d’OKC tourne ainsi à 30,9 points et 9,4 assists par match, en tirant 24 fois en moyenne et en allant sur la ligne des lancers-francs à 11 reprises. Ces chiffres, ils rappellent beaucoup ceux d’Iverson au début du millénaire, lorsque ce dernier était dans ses meilleures années du côté de Philadelphia. Par exemple, si l’on se base sur la saison 2000-2001, souvent considérée comme une référence pour « AI » étant donné qu’il avait terminé MVP tout en allant jusqu’aux Finales NBA, on remarque que l’ancien numéro 3 de Philly était également premier au niveau de l’usage rate avec 35,9 %, en scorant 31,1 points par rencontre à l’aide de 25 tirs et 10 lancers-francs en moyenne. Ce one-man show respectif des deux joueurs s’explique en grande partie par le manque d’armes offensives du Thunder actuel et des Sixers de l’époque. En effet, derrière Westbrook, on ne peut pas dire qu’Oklahoma City possède de grosses menaces en attaque aujourd’hui. Les intérieurs Steven Adams et Enes Kanter, ainsi que l’arrière Victor Oladipo, sont loin d’être maladroits mais ils sont également loin de pouvoir soulager durablement Russell au scoring. Quant à Iverson, il évoluait avec des mecs comme Dikembe Mutombo, Aaron McKie, George Lynch, Tyrone Hill ou encore Eric Snow, qui avaient le mérite d’être des joueurs de devoir qui savaient défendre, mais qui n’ont jamais été flippants pour les adversaires. Bref, les situations des deux joueurs se ressemblent beaucoup au niveau du collectif qui les entoure.

Enfin, les points communs entre Russell Westbrook et Allen Iverson ne s’arrêtent pas au terrain. A l’image de ce dernier, Russ’ n’a pas peur d’afficher son style, que ça plaise ou non. Alors évidemment, il est à des années-lumière d’être dans le même délire que « The Answer » en matière de tatouages, de coupe de cheveux et surtout de fringues, lui qui nage dans le “WTF” d’un point de vue vestimentaire tandis que le nouveau Hall of Famer est toujours considéré comme l’athlète « Hip-Hop » par excellence, avec ses chaînes en or, ses baggys et ses casquettes vissées sur la tête. Cependant, à travers ces différences, on se rend compte que Westbrook est une nouvelle fois sur la même longueur d’ondes qu’un Iverson au niveau mental, en montrant à tout le monde qu’il n’en a rien à cirer de la perception des autres et qu’il préfère tout simplement rester fidèle à lui-même.

A travers son approche du jeu, sa situation sportive actuelle et sa mentalité sur et en dehors du terrain, Russell Westbrook rappelle beaucoup Allen Iverson, même s’il n’est pas (encore ?) aussi influent que ce dernier et qu’il possède un style complètement différent. Alors oui, pour ceux qui ont découvert la NBA au début des années 2000, il sera toujours difficile de comparer un autre joueur à « The Answer », tant ce dernier a marqué la ligue de son empreinte. Cependant, s’il y en a bien un qui mérite de figurer à ses côtés, c’est clairement le marsupilami d’Oklahoma City.


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