La résurrection de Dwight Howard : un changement d’attitude qui l’a remis dans le droit chemin
Le 08 nov. 2016 à 13:25 par Bastien Fontanieu
Si sa production statistique ou sa condition physique sont des éléments qui ont pu marquer les observateurs des Hawks depuis deux semaines, Dwight Howard a surtout tenu sa parole dans un aspect fondamental de son évolution : une maturité enfin assumée, à 30 ans.
C’est un changement qu’il évoquait au printemps dernier, dans une interview marquante sur TNT. Veste violette, chemise bleu ciel, moteur, action. En sortie de défaite humiliante au premier tour des Playoffs avec ses Rockets, Dwight vivait en direct un véritable tournant dans sa carrière. Car face aux questions habituelles des journalistes, le géant s’en sortait généralement avec sérénité. On a bien joué, on aurait pu mieux défendre, demain sera un autre jour, le blabla habituel. Sauf que pour cette fois, Kenny Smith et Charles Barkley ne lui laissaient guère le choix et l’installaient sur le bûcher, en place publique. Toujours aussi cash, Chuck dégainait soudainement : pourquoi les gens ne t’aiment pas, Dwight ? Dans un silence pesant et à la fois tellement révélateur de sa situation, le joueur tenta de s’en sortir tel un poisson nageant hors de l’eau, avec une humilité naturelle mais qui était désormais pointée du doigt par le monde extérieur. Car le pivot était pointé du doigt par le monde extérieur. Il s’en moque, il se marre, il joue au basket pour le plaisir et pas par détermination, il est soft. Tout ce qui était possible et imaginable était envoyé à la gueule de l’ancien All-Star indiscutable, désormais traité tel un éboueur cramé. Et quelque part, Howard avait attiré en premier ces critiques, avec une attitude générale peu appréciable et des commentaires souvent mal choisis. Son incompatibilité avec James Harden, un rôle ingrat dans une équipe semblable à un cirque, après la gloire d’Orlando et son envie d’ailleurs, Dwight enchaînait avec une mauvaise pige chez les Lakers, puis ce sale fit à Houston, sans parler de galères extra-sportives. La trentaine qui approche, une image publique au plus bas, et la possibilité de changer d’air une bonne fois pour toutes : cette interview, c’était le choc idéal pour écrire une nouvelle page.
Et en décidant de rejoindre les Hawks, de retourner à Atlanta où sa famille se situe, où il a grandi, Howard mettait toutes les chances de son côté. Changement de maillot, changement de conférence, changement même de numéro puisque le vétéran optait pour un 8 aussi personnel que symbolique : une référence biblique du renouveau, également liée à sa date de naissance, et aux 7 frères et soeurs décédés avant lui. ‘J’étais censé être mort’, pesait-il en s’appuyant sur ses larges épaules. Sa conférence de presse, en débarquant dans sa nouvelle franchise ? Ridiculisée par certains médias américains qui débattaient sur la sincérité de ses larmes, lui qui en avait tellement chié ces dernières années. Mais Dwight savait ce qui l’attendait, les doutes, les questions autour de son choix, the usual. Sauf que pendant ce temps-là, le joueur répétait sans cesse la même parabole. Qu’il était question de changement total, de paix intérieure, d’harmonie dans sa vie après l’instabilité des saisons précédentes. Que le clown de ses premières campagnes allait désormais laisser place à un adulte bien dans ses pompes, entouré par des coéquipiers sérieux et un cadre proche de la perfection pour une telle résurrection. Sans s’accorder le moindre jour de repos en juillet et août, Howard faisait en sorte de se ramener dans la meilleure condition physique de sa carrière, afin de respecter la dixième Satire de Juvénal : un corps sain, dans un esprit sain. Et dès la reprise, les premiers effets se ressentaient dans sa présentation.
Car même si nous pourrions prendre point par point les éléments visibles sur le parquet, ses progrès statistiques, son impact défensif ou sa compatibilité avec Paul Millsap dans la raquette des Hawks, tout cela serait futile en comparaison avec le changement le plus remarquable et important effectué de ce début de saison chez Howard : son attitude. Tel un certain LeBron James qui – à l’époque – prenait des photos d’avant-match loufoques avec ses Cavs et véhiculait une image de joueur fun avant celle d’un compétiteur féroce, l’intérieur ne pouvait s’empêcher de rester bloqué au stade de l’adolescence. Imitations perpétuelles, sourires, tranches de rigolade, danses et célébrations, Dwight était cette immense peluche un peu repoussante, qu’on ne pouvait ni câliner ni vraiment prendre au sérieux. Car lui-même, finalement, ne prenait pas son rôle au sérieux. Et c’est ce déclic, d’une élimination prématurée en Playoffs liée à une interview en antenne nationale, lié à un changement de franchise lié à un changement de numéro, lié à une reconquête de ses capacités physiques lié à une attitude remodelée, qui fait de ce début de nouvelle aventure une réussite totale jusqu’ici. Avant, pendant et après chaque match, le visage du joueur est désormais plus ferme, plus contrôlé, moins sujet à des grimaces improvisées. En totale cohésion avec son coach, Mike Budenholzer, la transformation est aussi flagrante que merveilleuse à observer. Est-ce que Dwight retrouvera son niveau dominant de l’époque du Magic ? Tiendra-t-il longtemps sur ses deux jambes ? Peut-on lui faire confiance ? Les interrogations resteront présentes, non loin de son vestiaire, mais quelque part c’est tant mieux. Car après avoir laissé celles-ci l’influencer, le ronger et presque le détruire, Howard semble avoir trouvé une sorte de paix intérieure et réalisé un véritable début de résurrection à Atlanta. Et pour un rescapé ayant choisi un numéro biblique pour démarrer une nouvelle étape de sa vie, difficile de demander mieux à seulement 30 ans.
L’avenir des Hawks – et du géant – nous permettra d’en savoir plus sur ce que cette association pourra donner sur le court, moyen et long terme. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le pivot a cru toucher le fond de la piscine et est en train de retrouver le goût de la vie dans sa région natale. Tout cela grâce à une interview marquante et une révolution personnelle, traduite aujourd’hui par cette nouvelle attitude quotidienne. Habituez-vous au Dwight sérieux, et oubliez le Dwight repoussant, car le clown d’hier n’existe plus.