Ray Allen dit adieu aux parquets : une carrière immense mais pas de résurrection pour Jesus
Le 02 nov. 2016 à 17:00 par Alexandre Martin
C’était le 10 février 2011. Celtics et Lakers s’affrontent au TD Garden dans ce qui est un remake des Finales précédentes. Quand le buzzer de fin du premier quart retentit, les Celtes sont devant 27 à 20 mais ce n’est pas pour ça que le public vert est debout et en feu. Quelque chose d’autre vient de se passer, quelque chose d’historique. Ray Allen rejoint le banc. Il est congratulé par tous ses coéquipiers et ses coachs…
Au même moment, le speaker de la salle prend sa plus belle voix et annonce :
Un morceau d’histoire vient d’être écrit. Avec son dernier tir à 3-points, Ray Allen a battu le record NBA All-Time pour le plus grand nombre de 3-points rentrés en carrière, passant ainsi la barre des 2560 fixée par Reggie Miller. S’il vous plait, cher Garden des Celtics, veuillez célébrer le nouveau shooteur à 3-points le plus prolifique de tous les temps : le numéro 20, Rayyyyyyyy Alleeeeeeeen !
Très ému, RayRay s’avance alors vers le milieu du terrain et salue – le poing gauche levé vers le ciel – ce Garden dans lequel il vient de réaliser un exploit monumental venant, à cet instant, parachever une carrière fabuleuse. Sa mère est dans les bras de Reggie Miller qui commente pour TNT. Ray le voit, trottine en vitesse vers la table des commentateurs et tombe à son tour dans les bras du numéro 31 des Pacers. L’accolade entre deux des plus grands shooteurs de l’histoire est sincère, elle est magique même. Un petit bisou à maman et à la famille pendant que TNT repasse les images de ce tir primé qui vient de le faire passer à la postérité et ce bon Ray peut s’asseoir sur le banc pour y regarder le début du deuxième quart. Un peu plus tard, interviewée sur le record de son mari, Shannon Allen déclarera à ESPN :
Les gens ne réalisent-ils pas que ce record est en construction depuis 25 ans, quand ses parents l’ont fait jouer à l’âge de 10 ans et ont mis en place toutes les habitudes qu’il a toujours aujourd’hui ? L’entraînement ne crée pas la perfection. L’entraînement crée l’histoire.
La formule est bien trouvée et surtout parfaitement adaptée à RayRay. Car s’il y a bien une chose qui symbolise ce joueur au-delà même de sa phénoménale qualité de tir, c’est son éthique de travail. C’est ce qui a fait de lui un arrière aussi complet. Oui, complet. Ce qui a fait de lui un gars a plus de 24,500 points en carrière, un basketteur à la panoplie offensive monstrueuse. N’oublions qu’avant de rejoindre Boston pour y former un Big Three avec Pierce et Garnett et donc d’accepter de changer de rôle pour aller chercher une bague, Allen fut – pendant 11 saisons – un scoreur flippant. Un scoreur tout aussi slasher que shooteur. Un manieur de ballon excellent capable de pénétrer et de finir en écrabouillant n’importe quel intérieur qui oserait se mettre sur son chemin. A Milwaukee et encore plus à Seattle, il a régalé les fans. Chez les Sonics, Ray c’est 24,6 points, 4,6 rebonds et 4,2 passes décisives de moyenne en presque 300 matchs de 2003 à 2007. Pour sa dernière saison dans la ville de Kurt Cobain et alors qu’il avait pas loin de 32 ans, le monsieur tournait à plus de 26 points accompagné de 4,5 prises sous les cercles et 4,5 caviars distribués aux copains !
Du travail, beaucoup de travail et une hygiène de vie impressionnante, voici ce qui a permis à Ray Allen de maintenir un tel niveau de jeu aussi longtemps. Armé en plus d’un talent bien au-dessus de la moyenne tout comme son QI basket, il a su devenir progressivement l’un des meilleurs de tous les temps en termes de déplacements et de jeu sans ballon. Un dingue du cut backdoor, de la sortie d’écran furtive suivie d’un tir pris en catch-and-shoot. Un tueur à gage qui a assassiné bon nombre d’équipes sans trembler, sans arrière pensée. On en revient à ce que disait sa femme, Shannon. L’entrainement crée l’histoire. L’un des meilleurs exemples est bien évidemment cet énorme 3-points rentré sur la tête des Spurs pour arracher une prolongation lors du match 6 des Finales 2013. Ce soir-là, c’est bien l’entraînement qui permet à Sugar Ray d’être sur le parquet avec déjà plus de 35 minutes de jeu dans les jambes, alors qu’il n’est pas loin d’avoir 38 ans et que l’intensité de la rencontre atteint des sommets. Et plus que son talent et son sang-froid naturels, c’est bien l’entraînement qui a fait qu’il n’a pas hésité la moindre seconde pour prendre ce tir et faire mouche après avoir reculé derrière l’arc. Ce soir-là, l’entraînement a bien créé un moment historique.
Hier, nous étions le 1er novembre 2016 et, dans un relatif anonymat, Ray Allen a annoncé officiellement sa retraite. Loin d’être une surprise, cette information a tout de même forcément rendu les fans de balle orange un peu nostalgiques. Kobe Bryant puis Tim Duncan suivis de Kevin Garnett et maintenant RayRay. En quelques mois, la Grande Ligue vient de perdre plusieurs légendes. Cette année 2016 marque décidément un gros tournant, un changement de génération dans notre chère NBA.