Bill Walton a un énorme regret dans sa vie : “S’il n’y a pas de NBA à San Diego, c’est à cause de moi”
Le 28 août 2016 à 03:58 par Bastien Fontanieu
Être le meilleur joueur de la Ligue pendant quelques saisons, retourner à la maison mais ne pas réussir à soulever sa franchise, puis la voir disparaître vers la cité des anges ? Voilà, brièvement, ce qu’a vécu Bill Walton avec les San Diego Clippers.
C’est dans un long et bel entretien tenu hier par Arash Markazi de chez ESPN que le Hall of Famer a pu s’ouvrir sur un sujet qui reste encore sensible et profondément enfoui en lui, celui de ne pas avoir fait le nécessaire afin que sa région garde un peu de NBA dans son paysage. En étant né et ayant grandi à La Mesa, une municipalité située à quelques bornes de San Diego, Walton souhaitait jouer pour sa ville après avoir écrit une fabuleuse page sous le maillot des Blazers. MVP des Finales en 77, MVP de la régulière en 78, Bill avait loupé la campagne de 79 à cause d’un pied flingué mais le géant signait ensuite aux Clippers en 1980, trouvant ainsi son bonheur en pensant pouvoir offrir ses meilleures années de basket devant sa famille, ses proches, son peuple en quelque sorte. Le problème ? Ces foutues blessures, qui plomberont la carrière d’un immense joueur, 14 matchs joués puis deux saisons blanches de suite et une équipe qui ne parvenait plus à survivre, remportant seulement 42 de ses 164 rencontres. Les Clippers débarquaient à San Diego en 1978 grâce au déménagement des Buffalo Braves, une franchise qui appartenait à un certain… Donald Sterling, vivant à Los Angeles et souhaitant déplacer son jouet vers la cité des anges. Sachant que la population de San Diego vieillissait et que les rentrées d’argent étaient faibles, la décision fût prise en 1984 de bouger les Clippers vers L.A, un déménagement qui hante encore Walton. Au point de le voir décrire cet échec comme le plus important de toute sa vie sportive.
Quand vous échouez dans votre ville natale, on ne peut pas faire pire, et pourtant j’adore cette ville. J’aurais vraiment aimé qu’il y ait encore de la NBA à San Diego, mais s’il y en a pas c’est à cause de moi. C’est mon plus grand échec professionnel dans toute ma vie. Je n’ai pas pu faire le nécessaire dans ma ville. C’est une tâche et une marque d’infamie dans mon âme qui est indélébile. Je ne pourrai jamais l’enlever, et je la porterai avec moi pour toujours. […] Je ne dirais pas cela si je ne le pensais pas, J’étais littéralement blessé tout le temps. Si j’avais pu jouer, on aurait encore la NBA à San Diego. Si j’étais n’importe quel homme j’aurais tout de suite démissionné en voyant la franchise partir pour Los Angeles, et j’aurais dit que je restais ici. Mais je n’étais pas bien, je ne me sentais pas bien. Je n’étais pas suffisamment fort afin de me battre pour quelque chose de juste. J’aurais dû rester à San Diego et faire quelque chose d’autre, j’étais très triste.”
Dans la cité des anges à partir de 84 donc, Walton ne joua qu’une saison, éloigné de sa ville de coeur, puis décida de terminer sa carrière sur une ultime pige, en tant que Sixième homme chez les Celtics. Un choix intelligent puisqu’il y remporta une bague aux côtés de Bird, Parish et McHale, mais qui n’effacera jamais cette sensation, celle d’avoir déçu tant de fans de basket dans sa région. On en connaît d’autres, qui auraient aimé faire le nécessaire afin de garder une franchise dans un coin de leur coeur. Papa, par exemple, n’était peut-être pas de Seattle mais il voulait tout faire pour que les Sonics restent dans la ville de la flotte. LeBron cependant, et on l’a bien vu avec son retour à Cleveland, a réussi son pari en ramenant un titre historique dans l’Ohio. Chaque année, des joueurs rentrent dans leur région natale afin de revenir sur une promesse, celle qu’ils ont prononcées en travaillant leur main gauche dans leur jardin. Dwyane Wade et Dwight Howard, pour des raisons très différentes, ont décidé de retrouver leur QG d’enfance, afin d’y écrire une magnifique page. On peut donc comprendre toute l’amertume de Walton, qui non seulement n’a pas pu jouer autant que souhaité devant ses proches, n’a également pas pu rapporter de titre à San Diego, et a dû regarder sa ville dire au revoir à la NBA, probablement pour toujours.
Il existe peu de joies plus grandes, pour un sportif, que celle de rentrer au bled pour y donner toute sa détermination et rapporter un titre de champion. Mais cette affirmation marche aussi dans l’autre sens : peu de sentiments plus tristes, que celui d’échouer devant ses proches, et ne pas réussir à apporter autant de bonheur qu’espéré à la maison.
Source : ESPN
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