Les notes d’Espagne – USA : sa majesté Air Dede Jordan vous salue bien haut

Le 20 août 2016 à 00:26 par Simon Capelli-Welter

Notes

À l’image de leur pivot, les Ricains sont trop forts, athélétiquement, physiquement, individuellement. Parce que pour ce qui est du collectif, on repassera. À l’image de leur pivot, les Ricains sont trop faciles, détentes, légers. L’Espagne, elle, a fait son match, mais manquait cruellement d’adresse et de rebond pour vraiment inquiéter Team USA. 

Espagne

Ricky Rubio (5) : Ricky a fait deux fautes rapides mais a donné le ton. L’Espagne avait décidé d’être agressive sur la montée de balle d’entrée, Ricky est ensuite revenu donné un peu de spectacle, de plaisir, et de mauvais choix.

Sergio Llull (6,5) : Sergio fut énorme en défense. Discipliné, motivé, efficace. Offensivement, il a mis de gros drives dans la tête des intérieurs yankee, et du gros shoot comme ce trois pour remettre les siens à -5 au milieu du troisième. Malheureusement, il a manqué d’adresse quand le match aurait pu tourné.

Rudy Fernandez (6) : grosse défense, envie infinie, couilles énormes mais tête de con. Autant on aime le détester contre la France, autant on l’aime quand il se défonce comme ça contre Team USA.

Nikola Mirotic (4) : trois fautes en première mi-temps, et globalement un match trop discret. L’Espagne avait besoin d’adresse ce soir, à croire qu’il avait tout donné contre les Bleus.

Pau Gasol (5) : Pau a fait son match, un bon match, mais pas le grand match qui aurait pu permettre à la Roja de briller. Visiblement limité par son mollet, il n’est pas assez sorti sur les threes, et s’est retrouvé plusieurs fois en galère en attaque, pas vraiment aidé non plus par le taf sur lui de Dede, il faut bien l’avouer.

Sergio Rodriguez (6) : Chacho avait l’envie et le feu sacré. Son entrée a immédiatement mis les siens dans le match et des rêves d’exploit dans celles de ses compatriotes mais il a malheureusement manqué d’adresse et s’est parfois enflammé. N’empêche, malgré ses shoots parfois rapides, le meneur sait faire tourner la balle et les têtes adverses comme personne. Délice.

Commissaire Navarro (5,5 ) : avec son pote de ce backcourt remplaçant de luxe, la Bomba a remis la Roja dans le match mais a manqué lui aussi d’un poil d’adresse pour que l’Espagne puisse vraiment y croire.

Victor Claver (5,5) : gros match en défense, appliqué, concentré, volontaire et même spectaculaire, comme sur cette interception en fin de match sur KD qui faisait le malin devant lui. En attaque, il s’est peut-être un peu contenté de jouer les utilités mais bon, c’est son rôle, en plus d’être l’un des plus gros escrocs de la génération dorée espagnole.

Willy Hernangomez (5) : bonne rentrée contre DJ pour son baptême de l’air. L’autre et immense, mais Willy ne s’est pas démonté et a même gratté du rebond offensif.

Philippe Reyes (4) : en galère complète comme la galette, il a commencé le troisième quart-temps afin d’apporter de la défense et du placement pour stopper l’hémorragie au rebond offensif. Évidemment, face à l’athléticité adverse, il s’est vite retrouvé dépassé. Dans un tel contexte, il ne sert du coup pas à grand chose, malgré tous ses efforts. Un peu à l’image du match de son équipe, en somme.

USA

Kyrie Irving (5,5) : quel talent… Certes il a tendance à manger la balle, mais aussi à mettre les plus beaux et compliqués floaters du monde. Et des shoots clutchs en fin de match, même si derrière il en a repris deux qui témoignent de sa gourmandise et de son avenir tout dessiné de futur gros. En même temps, quand on a un talent comme ça, difficile de ne pas vouloir se gaver.

Klay Thompson (6,5) : cette fois-ci plus adroit, il a mis les gros shoots et les gros moves pour donner de l’air en attaque à son équipe. Quatrième option de Team USA, ok. Quatrième option de GS, on demande à voir.

Kevin Durant (6) : encore une fois, après Dédé, il a mis cinq des sept premiers points de Team USA : un trois et un “deux-plus-un-mais-lancer-raté”. En plus, il a pris des rebonds, et collé le panier qui finit le match sur cette “pénétration-floater-attrape-moi-if-you-can” à 1 minute 30 du buzzer. Ensuite, il a fait un peu le con juste pour le plaisir de voir baisser sa note. Mais ne vous y trompez pas, chez Team USA, c’est bien lui qui fait tomber la pluie et garantit le beau temps en attaque. On serait quand même curieux de voir cette équipe sans lui, ou avec lui dans un vrai mauvais jour de tonnerre…

Carmelo Anthony (4) : entre maladresse et mauvais choix, son opportunisme et son talent pur l’ont sauvé d’une note plus basse. Certainement pas sa défense, même s’il a mis un contre de toute beauté sur un lay-up naïf en contre-attaque.

DeAndre Jordan (7) : 16 rebonds, 4 contres, 9 points. Trop grand, trop haut, trop fort, trop aérien. Efficace comme une ligne de basse chez Daft Punk et comme eux, un peu con, juste ce qu’il faut pour sourire en dansant. C’est ça l’esprit Daft, c’est claquer du gros marché seul en contre-attaque. Au final, Dédé est à la fois le meilleur contrôleur aérien au monde, alley-oops, rebonds, contres, mais c’est aussi une vraie tranche de rigolade, lancers, fautes, jeu au poste. Une machine à tubes.

Paul George (5,5) : encore une fois, c’est avec son entrée (plus celle de Lowry et Butler) que la diff’ s’est faite. Le meilleur défenseur de l’escouade, et pas le plus manchot en attaque. Toutefois, la fin de match de Polo fut douteuse, pour ne pas dire dégueulasse, entre shoots rapides, dribbles lâches et mauvais choix. Au final, il a surtout contribué à la domination physique, défensive et surtout au rebond offensif des champions olympiques en titre. S’il y’avait un trophée de sixième homme du tournoi, il serait pour lui.

DeMarcus Cousins (2) : Encore l’une de ses Boogie Nights. Mal luné, il a au moins eu le mérite de ne pas péter un plomb. DeMarcus est tellement puissant et doué… qu’il en oublie de se contrôler. Il a tellement envie de bien faire… qu’il en oublie de réfléchir et se calmer. Le monstre a autant de basket dans les mains… que de prises dans la tête. Survolté. Trois fautes dès la première, puis quatre et cinq dans le troisième. Fouled-out trop vite, pour 5 fautes, 2 points, 3 rebonds. Sans maitrise, la puissance n’est rien. Boogie a tellement tout pour devenir l’intérieur le plus dominant de sa génération qu’il en prend sans doute les choses trop à cœur pour pouvoir rayonner un jour. Aussi fou qu’attachant, il est capable de tout se faire pardonner en finale comme de se faire exclure dès le premier quart-temps.

Jimmy Butler (5,5) : Jimmy est surtout venu défendre et prendre du rebond offensif. Ce qu’il a fait sans sourciller. En attaque, en revanche, il s’est encore une fois exposé.

Kyle Lowry (6) : précieux en défense, concerné en attaque, il continue à être le gros gagnant de ces jeux, en se montrant au moins aussi essentiel que Kyrie dans les victoires de son équipe.

Draymond Green (non-noté) : entré quand l’Espagne était à moins trois. Raymond a bien défendu, balancé un sous-marin à de loin et est retourné s’asseoir. Un peu à l’image du match de son équipe, en somme.

Harrison Barnes : cf Benoît Costil.

L’Espagne est donc éliminée de ce tournoi olympique après avoir tenu tête aux Américains pendant la majeure partie de la rencontre, n’abandonnant vraiment qu’en toute fin de match. Il leur manquait du rebond et peut-être plus encore de l’adresse pour vraiment faire un exploit. Sans doute avaient-ils lâchés trop de gomme contre les Bleus…

Pour Team USA, l’aventure continue. La croisière s’amuse toujours, mais ne fait pas vraiment rêver. Si les highlights et les perfs individuelles sont là, le jeu et le collectif eux laissent toujours à désirer. À croire que cette Dream Team n’est pas venue faire rêver, mais le taf uniquement. Peut-être ont-ils gardé le meilleur pour la finale ?..

Source : NPA2009