C’était il y a seulement 10 ans – Spurs : échec dans la quête du repeat malgré un Tony Parker All Star

Le 05 août 2016 à 23:16 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Bilan : 63-19, 1ers à l’Ouest

Le 5 :  Tony Parker – Manu Ginobili – Bruce Bowen – Tim Duncan – Rasho Nesterovic

Le banc : Nick Van Exel – Beno Udrih – Michael Finley – Brent Barry – Robert Horry – Nazr Mohammed

Le MVP : Tim Duncan, 18,6 points, 11 rebonds, 3,2 passes, 2 contres, 1 interception. All-Star, All-NBA Second Team, All-Defensive Second Team.

A l’été 2005, les San Antonio Spurs savourent leur titre obtenu face aux Detroit Pistons, dans une série épique à la sauce barbelée, conclue en 7 matchs. Déjà à cette époque, on a compris qu’il fallait compter sur les Texans pour jouer les premiers rôles en Playoffs chaque année, en raison de la stabilité exemplaire de la franchise. Alors que Tim Duncan est toujours régulier dans l’excellence et qu’il vient de recevoir son 3ème MVP des Finales à 29 ans, les deux autres membres du Big Three continuent de progresser. Manu Ginobili a pris de nouvelles responsabilités et été sélectionné au All-Star Game pour la première fois de sa carrière, avec 16 points, 4,4 rebonds et 4 passes de moyenne. Tony Parker quant à lui fait rêver sur son potentiel, et a balancé – à seulement 23 ans – un peu plus de 16 points et 6 passes par match. L’intersaison est parfaitement négociée par les dirigeants texans. Les cadres du groupe champions sont tous sous contrats, et l’effectif n’a subit qu’un seul départ significatif, celui de Devin Brown, le back up de Manu Ginobili… pour faire de la place aux arrivées de Nick Van Excel et de Michael Finley. L’arrière vient d’être coupé par les Mavs où il était le lieutenant de Dirk Nowitzki en alignant encore plus de 15 points de moyenne à 40% du parking accompagnés de 4 rebonds. Joueur de système, bon défenseur et ancien double All-Star, il est un ajout de choix pour l’escouade de Greg Popovich. Résumons un peu le délire : le groupe champion est resté intact, va pouvoir compter sur un Big Three encore plus fort et sur le renfort d’un joueur de gros calibre. Clairement, les Spurs font office d’épouvantail au début de la saison 2005-2006. 

D’ailleurs, ils ne mettent pas bien longtemps à asseoir leur domination sur la Ligue avec 16 victoires sur les 19 premiers matchs, histoire de faire comprendre qui c’est le papa. Cependant, les Eperons sont défiés par les Mavericks dans la course au titre de la division South West. Sauf qu’à ce jeu là, c’est l’expérience qui fait encore une fois la différence, et San Antonio finit une fois de plus devant son voisin texan, avec 3 victoires de plus. Ils en profitent ainsi pour établir un nouveau record de franchise à 63-19, qui ne leur suffit néanmoins pas à se positionner au sommet de la NBA, puisque les Pistons réalisent également une saison exceptionnelle avec 64 victoires. Côté Big Three, Duncan domine comme à son habitude, mais n’hésite pas à se mettre un peu en retrait offensivement pour laisser s’exprimer son meneur. En même temps Tony Parker a passé la vitesse supérieure, et devient meilleur marqueur de l’équipe avec 18,9 points à 54,8 %, un pourcentage rarement vu pour un arrière si petit. Aucune défense n’a de réponse face aux pénétrations du Français, qui s’appuie sur sa vitesse et son exceptionnel footwork. T.P. est d’ailleurs récompensé par une sélection au All-Star Game, et devient ainsi le premier frenchy à recevoir cet honneur. En revanche, Manu Ginobili est stoppé dans sa progression par des pépins physiques, au pied puis à la cheville. Il joue malgré tout 65 matchs, mais ses stats et son impact en sont affectés. El Manu est néanmoins remis sur pieds pour le début des Playoffs, et toute la Ligue s’attend à un remake des précédentes Finales.

Les observateurs attendent un bon coup de balai de la part des Spurs pour écarter les Sacramento Kings au premier tour. D’ailleurs, les Texans fessent les Californiens d’entrée de jeu, 122 à 88. Cependant, la déculotté à l’effet d’un électrochoc pour l’équipe menée par Ron Artest et la série se corse dès le Game 2 : San Antonio est forcé à aller en prolongation pour accrocher la victoire à la maison, avant de perdre les deux matchs suivants à SacTown. Le Big Three se fâche et Tony Parker, brouillon sur les premiers matchs, se ressaisit avec 21 puis 31 points pour emmener les Spurs vers des demi-finales de Conférence aux allures de Finales. En effet, ce sont les voisins rivaux, les Mavericks, qui se dressent sur leur route, et les prennent à la gorge dès le début de la série. Si les Eperons remportent le premier match, ils s’inclinent sur les trois suivants. La série se joue sur quelques détails puisque le Game 3 est perdu d’un point et le Game 4 va en prolongation. Le collectif de Dallas pose de gros soucis à la défense de Gregg Popovich, tandis que seul Tim Duncan parvient à être régulier dans ses performances offensives. Les champions montent en intensité pour refaire passer leurs adversaires sur les 100 points, et comme Timmy massacre les pauvres DeSagna Diop et Erick Dampier, ils s’imposent sur les deux matchs suivants, pour s’offrir une balle de match à la maison. Encore une fois, il se font surprendre, et comptent jusqu’à 20 points d’écart mais remontent au score derrière un Duncan en mission. Son duel face à Dirk Nowitzki est impressionnant, mais c’est un autre homme qui se charge de départager les deux légendes. Jason Terry, grand absent sur Game 6 après avoir été suspendu pour un coup sur Michael Finley, prend complètement feu dans les prolongations, et élimine les champions en titre.

Malgré la défaite, les Spurs savent que ce n’est que parti remise.  Le Big Three sera d’ailleurs de nouveau au sommet de la NBA l’année suivante, avec un Tony Parker décidé à se rattraper après des Playoffs irréguliers. A nouveau All-Star, le meneur finira également avec le trophée de MVP des Finales, tout en se mettant en couple avec Eva Longoria : dans le genre winner, le Français se pose là.

Le moment marquant de la saison : Game 7 des demi-finales de Conférence face aux Dallas Mavericks, Tim Duncan envoie 41 points et 15 rebonds mais s’incline en prolongation. 

Le “Big Fundamental” n’a pas eu à forcer son talent en saison régulière, profitant bien de la saison All-Star de Tony Parker pour se mettre en retrait. Le meneur a d’ailleurs porté son équipe au scoring au premier tour des Playoffs.  Sauf que quand les choses vont se corser face à Dallas en demi-finale, Timmy va faire comprendre qui est le papa : 32,3 points à 55%, 11,7 rebonds, 3,7 passes, 2,7 contres et 1 interceptions face à une raquette bien costaud. Comme quoi, quand le gars se donne, ça tourne vite au carnage.

Duncan a déjà sauvé son équipe en plantant 36 points dans la victoire d’un point au match 5 et est parti pour faire de même dans ce match décisif : 41 points à 12/24 et 17/23 aux lancers, 15 rebonds, 6 passes et 3 contres. En plus Manu et Tony ont décidé de se mettre au diapason en même temps avec 23 et 24 points. Sauf qu’en face Dirk est en mission avec 37 points et que Terry a la main brûlante en fin de match. A défaut de gagner, T.D. aura prouvé qu’il devient un monstre de domination quand il le décide…

10 ans plus tard, Tim Duncan vient de prendre sa retraite, Manu Ginobili a rempilé pour un dernier tour d’honneur, tandis que Tony lâche de plus en plus de responsabilités à ses coéquipiers. On s’y préparait depuis au moins 5 ans, mais ça y est, San Antonio va tourner la page extrêmement bien remplie de son Big Three. Mais puisqu’il s’agit des Spurs, il n’y aura pas de phase de reconstruction : avec Kawhi Leonard et LaMarcus Aldridge, les dirigeants ont déjà de quoi squatter les premières places de la Ligue et jouer le titre pendant de nombreuses années…

Source image : Bleacher Report, Nick Laham/Getty Images


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