Un vrai (Phil) Jackson Five et même un banc : les Knicks se surprennent à rêver

Le 15 juil. 2016 à 10:27 par Simon Capelli-Welter

New York semblait condamnée à devoir sagement patienter, ce qu’elle est incapable de faire, que Kristaps devienne le prodige annoncé, ce qui pourrait finir par arriver, ou que Melo prenne enfin une décision et son avenir en main, ce qui devenait limite un débat existentiel. Sauf qu’en vrai franchise player, ce dernier a parlé à Phil pour elle et ainsi accéléré le destin de la ville qui ne dort jamais.

Au départ, une discussion entre Phil Jackson et Melo. C’est en tout cas ce que raconte le petit Philou quelques jours après, quand il s’agira de présenter les trois nouveaux joueurs new-yorkais aux médias et à une toute ville qui n’attendait que ça. Melo, en gros, dit à Phil qu’il n’a plus le temps d’attendre, de reconstruire et tout ça. Qu’il n’est pas resté dans la grosse pomme uniquement pour les beaux yeux de Lala. Phil comprend, et ensemble, les deux considèrent prioritaire l’arrivée d’un nouveau meneur de jeu. Ce qui devrait sans doute plaire au nouveau coach aussi, Jeff Horncacek pour ne pas le citer, lui qui avait fait de Dragic un All-Nba et de Bledsoe un mini-LeBron du temps de son passage aux Suns. Un nouveau PG donc, sauf que le marché t’oblige à soit surpayer Mike Conley (qui de toute façon ne viendra jamais), soit faire revenir Jérémy Lin (pas sur que Melo aurait apprécié), soit confier ton attaque à Rondo (pas sur que Phil aurait apprécié). Le choix étant limité, il s’agit de renifler les bons coups. La suite est connue. Et l’arrivée de Derrick Rose en ville a tout déclenchée. Certes, Robin Lopez rendait de braves services, et avait même développé un petit bras roulé pas trop dégueu, mais ce n’est pas non plus Rolo qui te permettra un jour d’atteindre le gros lot. Donc hop, direction Chicago. En chemin, il pourra d’ailleurs parler coiffeur avec un certain Joakim Noah, qui n’attendait que ça, l’arrivée de son bro D-Rose à NY, pour faire le chemin inverse. Un rêve de gosse pour lui, un vrai. Et un guerrier dans la raquette enfin digne de ce nom ou de celui de Charles Oakley pour les new-yorkais. Certes, Joakim est bien abimé, certes son contrat de 4 ans est sans doute un peu long et le staff finira sans doute par le regretter, mais dans l’immédiat, c’est le meilleur pivot acquis par les Knicks depuis une éternité (au moins Tyson Chandler), et à NY plus qu’ailleurs, l’éternité peut bien attendre puisque le moment présent fait toujours office de vérité.

Rose – Noah donc, ou un axe meneur – pivot que Melo avait rejoindre à l’été 2012 à Chicago. Trois ans plus tard, et au moins autant de blessures en plus, ce sont eux qui viennent à Melo. Pourquoi pas. Sur le papier, c’est quand même autre chose que Calderon et Rolo, et sur le parquet aussi. L’excitation est palpable chez les fans des Knicks, les interrogations aussi. Reste maintenant à voir comment Phil Jackson va compléter tout ça. D-Rose, Melo, Kristaps, Noah : ça fait saliver, mais il va falloir trouver un arrière pour cimenter le truc et valider ce mercato. On parle alors de Bazemore ; on se dit aussi qu’Afflalo aurait pu avoir le profil recherché (3 and D, le fameux) mais que les Knicks ont quand même bien fait de le virer tellement il s’était montré décevant tout au long de l’année passée ; on entend parler d’Eric Gordon, on flippe ; on se dit alors que le candidat idéal serait Courtney Lee. Défense, adresse, QI basket, le fit serait parfait. Or, si les Knicks entretiennent une tradition plus ancrée encore que celle de siffler leur choix de draft, décevoir, signer des grands noms 4 ans trop tard ou tout simplement perdre, c’est bien de se prendre des bananes quand il s’agit de signer leur plan A. Les mecs rêvaient de LeBron James et ont fini avec Amare. Songaient à Greg Monroe et se sont retrouvé à engager Rolo. On y revient. Pour remplacer Robin Lopez, Noah était effectivement leur choix numéro 1, leur plan A, mais l’affreux Jojo, ça ne compte pas : le gars en rêvait depuis tout gosse et n’a pas attendu deux secondes d’officialisation pour s’afficher sur Instagram tout en filtre et casquette des Knicks bien visée sur la touffe.

Sauf que cette fois, cette fois, c’est fait, Courtney Lee a signé. Le plan A. Le profil parfait. LA signature qui vient tout valider, la signature qui vient prouver que les choses ont enfin changer à New York. D-Rose, Lee, Melo, Kristaps, Noah : soit un 5 majeur de basket, un vrai, un équilibré, complet et performant des deux côtés du parquet. Un cinq qui peut retrouver le chemin des playoffs, voire (un peu) plus si les blessures ne s’enchainent pas comme les téléchargements de la nouvelle application Nintendo. Au cours de la saison, il n’est pas impossible de se retrouver avec Rose, Melo et Noah sur le flanc en même temps. Auquel cas, les défaites peuvent vite s’enchainer.

En attendant, Phil Jackson doit construire un banc. Le 5 est là, Melo est content mais va falloir être malin car les sous commencent à manquer. Le salary cap a beau croître plus vite qu’une calvitie, les Knicks se sont déjà pas mal engagés. Noah a signé pour 72 millions pour 4 ans, soit 18 la saison. Lee 50 pour 4, soit 12 et demi. Et Rose va leur coûter 21,3 millions, ce qui peut faire cher le match, mais en même temps, il s’agit de sa dernière année de contrat. Ce qui constitue d’ailleurs l’autre avantage de ce transfert : rien n’engage les Knicks à le garder s’il ne convainc pas, ou si ses genoux le lâchent à nouveau (insérez votre prière ici). En attendant, il va déjà falloir lui trouver un remplaçant de qualité, surtout que le back-up en question peut être amené à commencer sa petite petite vingtaine de match dans la saison. Ce bon vieux Langston Galloway peut rendre de vrais services, mais les Knicks ont préféré en faire un free agent, pour le grand bonheur de la Nouvelle-Orléans (tout comme ils ont choisi de rendre sa liberté à Derrick Williams, qui ira secouer ses tresses à Miami).

Et là, miracle à Manhattan épisode deux, le plan A signe à nouveau. Phil Jackson a un putain de mojo. Un coup de fil à l’intéressé pour lui vendre le projet, un petit coup de « tu pourras être sixième homme de l’année » pour finir de l’emballer, c’est pesé : émoticone statue de la liberté. Brandon Jennings, puis que c’est de lui dont il s’agit, a donc accepté de prendre 5 millions pour jouer les assurances tout risques (ou presque, puisque lui aussi revient d’une grave blessure au tendon d’Achille…) derrière D-Rose et renforcer une équipe qui commence à vraiment recommencer à quelque chose. Jeff Hornacek peut être ravi, le mec est passé en trois semaines d’un attelage Calderon – Grant – Galloway – Afflalo à Rose – Jennings – Lee – Holiday. Tu parles d’un upgrade, c’est comme si vous passiez de Marion Bartoli à sa fille (ne faites pas croire que vous n’avez pas déjà googlé Abby Hornacek, on vous connait).

Nouvelle preuve ensuite que le Mojo a définitivement tourné, c’est la (re)signature de Lance Thomas qui est ensuite annoncée. Et avec la manière. Courtisé, le free agent a ainsi annoncé à son agent et donc aux Knicks qu’il n’envisageait de ne signer nulle part ailleurs. Bonne nouvelle pour l’équipe comme pour l’ailier donc, qui apportera dureté, défense et ce qu’il faut de shoot extérieur, domaine dans lequel il a progressé l’an dernier. En apprenant la nouvelle, la fan base des Knicks est définitivement refaite ; elle tient son cinq majeur et ses deux principaux remplaçants, plutôt de qualité pour constituer la colonne vertébrale d’un banc, il faut bien l’avouer. Pour le reste, Phil Jackson manque évidemment de thunes, mais toujours pas d’ingéniosité. Arrive alors Mindaukas Kuzminskas, l’ancien ailier de Malaga, international lituanien que la NBA annonce comme russe évidemment. Un ailier athlétique et shooteur pour ceux qui ne connaissent pas. Sorte de mix entre Kirilenko et Gallinari en moins moins bien, mais vrai joueur qui pourrait trouver sa place en NBA. Puis Willy Hernangomez, 2m10, ancien du Real et de Séville, pote de Kristaps au poste de pivot. Puis Sasha Vujavic résigné un an au contrat minimal, histoire de rigoler et de faire passer deux trois messages quand Phil sera trop occupé à méditer. Et enfin, la cerise sur le cheese-cake, c’est tout frais, la signature de Maurice Ndour, l’ailier sénégalais, lui aussi passé par le Real et vite fait les Mavs. Il faut dire qu’il avait effectué une grosse summer league avec les Knicks justement l’an passé.

D-Rose – Lee – Melo – Kristaps -Noah / Jennings – Holiday (ou Vujacic) – Thomas (ou Kuzminskas) – O’Quinn (ou Ndour) – Hernangomez : au final, la rotation des Knicks ressemble à une équipe de basket. Une belle, une vraie, une fragile. Si on parlait là d’une fille, il s’agirait de lui passer la bague au doigt, mais pour ce qui est de la bague NBA, NY va devoir continuer à attendre. Sauf qu’au moins, cette année, elle devrait bien s’amuser. Enfin.

Un transfert risqué mais kiffant, l’arrivée d’un guerrier, un plan A signé et des coups qui pourraient s’avérer payants pour le banc : Phil Jackson a validé son été. Trois semaines de taf bien accomplie, et le Zen Master à gagné le droit de glander toute l’année dans sa maison du Montana. À ce sujet, une anecdote folle est sortie au moment de la conférence de presse de Noah. D’après ses dires, Joakim serait allé rendre visite, comme ça, sans trop savoir ce qu’il foutait là, à Phil dans le Montana. Ils auraient passé trois jours ensemble ; nulle doute qu’ils se sont bien éclatés. Incroyable, les fans des Knicks peuvent recommencer à tripper. Attention au délire toutefois.

Source image : doubleastreet.com


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