Summer League 2016 : quelques observations, pick par pick, de ceux qui ont cartonné en juillet
Le 11 juil. 2016 à 13:19 par Bastien Fontanieu
Ils sont nombreux, à avoir fait leurs premiers pas pour leur nouvelle franchise en ce début de mois de juillet. Certains timides, d’autres bruyants, mais aussi des ‘vétérans’ qui faisaient leur retour après une première session validée en 2015 : retour sur ce qui s’est passé ces derniers jours.
Simples observations, après avoir regardé la plupart des matchs de Summer League, en discutant également avec l’équipe et partagé nos avis sur les débuts de quelques phénomènes. Bien évidemment, on rappelle le contexte comme chaque année : la SL, c’est un énorme bordel dans lequel Jerryd Bayless plantait des quarantaines et passait pour un Hall of Famer. On évite donc les conclusions hâtives, et on se base sur ce qu’il y a de plus important dans ce genre de tournoi. Les statistiques ? Non, l’attitude.
# Ben Simmons
- Au-delà de la vision du jeu, qui écoeure déjà pas mal de monde et promet des actions fabuleuses, c’est dans les décisions du phénomène qu’il y avait de quoi être séduit. Le tir extérieur inquiète certains ? Au lieu de reculer et se limiter, Ben a su faire payer la défense en continuant à tenter des shoots lorsqu’il était ouvert, ce qui témoigne d’une confiance intéressante en plus du boulot qu’il va donner. Cette ‘légende’ d’un tir extérieur moyen sera rapidement balayée : Simmons n’a pas eu à l’utiliser jusqu’ici, la mécanique est bonne, les positions viendront. Pour le reste, c’est un régal. Une fois l’épaule baissée, il peut se réajuster sur ses deux mains et va pouvoir s’amuser en point-forward. Hâte de voir les fins de matchs cependant, lorsqu’il faudra faire le bon choix entre la passer ou scorer de lui-même.
# Brandon Ingram
- Comme prévu, il faudra du temps pour qu’Ingram s’impose dans cette Ligue, mais les fondamentaux sont déjà renversants, et ce des deux côtés du terrain. Aucune crainte en isolation, des aides défensives bien pensées, et près de 5000 calories bouffées quotidiennement en ce moment. La première saison ne sera pas celle de l’explosion, mais vu sa confiance et sa connaissance du jeu à un si jeune âge, il pourrait vite devenir l’étoile californienne dont les Lakers rêvent.
# Jaylen Brown
- Un boeuf, un vrai boeuf, qui va faire tellement de bien à Boston lorsqu’il faudra provoquer des lancers. Dans le genre soldat déjà bien prêt, Jaylen a montré qu’il n’avait peur de personnes et qu’il pouvait imposer ses qualités athlétiques sans cligner des yeux. Le tir doit bien évidemment s’améliorer, mais en défense il a déjà montré beaucoup d’enthousiasme et ses pénétrations font limite reculer les chaises. Point bonus en interview : niveau confiance en soi, il est bien sur le podium.
# Dragan Bender
- Peu de réussite au tir, mais là n’est pas la question. Car côté mental, Bender a déjà montré qu’il connaissait très bien le jeu, dont les petites ficelles qui font les grands garçons. Un coup d’épaule ici, un coup de coude agressif là, une discussion avec chaque arbitre dès que l’occasion se présente, la gâchette va mettre du temps à trouver ses spots mais pour son âge c’est assez impressionnant de le voir aussi à l’aise et mature. On sent l’adolescence passée à bosser avec des pros.
# Kris Dunn
- Les statistiques sont bien évidemment généreuses (48 points en deux matchs), mais ce ne sera pas son rôle de marquer, et ce n’est surtout pas cela qui nous intéresse. L’attitude de Dunn, voilà qui a déjà fait lever des sourcils, car le garçon est un compétiteur féroce. En défense, il étouffe, au rebond, il monte appel deux pieds, en attaque, il fera tout pour chercher deux points. Les Wolves ont déjà plein de matos pour scorer, mais s’il faut un guerrier à la mène qui pressera tout terrain et donnera chaque minute quitte à claquer son corps, ils ont trouvé leur pépite. On s’avançait sur la pointe des pieds en mentionnant le côté féroce de Westbrook et Wall, il a une vraie part de ça.
# Buddy Hield
- Pas de surprise. Maladroit car harcelé en défense au premier match, il a pris confiance au second et a montré qu’il pouvait vite avoir chaud. Le plus intéressant, voire étonnant ? Sa lecture de jeu, sur les déplacements de ses copains. Aucun rush, il passera la balle et trouvera celui qui est démarqué. Par contre, que les fans des Pelicans se préparent, car il n’a vraiment aucune culpabilité lorsqu’il tire de 10 mètres.
# Jamal Murray
- Un peu limite physiquement, mais dans la tête c’est très costaud. Jamal va devoir mélanger la patience et la confiance, car les Nuggets ne vont probablement pas le mettre en avant dès ses débuts et il faudra faire avec. Sa technique fait qu’il n’aura aucun souci à scorer dans un jeu plus calme et construit en NBA, mais il faudra vraiment bosser à la salle car au poste 1-2 c’est un peu court athlétiquement.
# Marquese Chriss
- Le plus gros pogo-stick de cette Draft ? En deux rencontres, il a déjà claqué plusieurs actions assez folles, appel un ou deux pieds. Totale inconscience athlétique, mélangée à une énorme confiance, qui fait qu’il n’hésite pas à monter au plafond pour un contre, un putback ou un alley-oop, quelle que soit la réception. Bonus qui fera plaisir aux Suns : un côté un peu a**hole qui leur rappellera ce bon vieux Markieff Morris. Premier match ? Première embrouille avec un adversaire. On ne touche pas à Marquese.
# Jakob Pöltl
- Pas vu jouer entièrement, hormis sur des highlights de quelques minutes. Un peu court, comme prévu, au niveau athlétique, mais l’Autrichien est clairement fait pour le jeu structuré de la NBA, plutôt que l’énorme bordel de la Summer League.
# Thon Maker
- C’est probablement le joueur dont on nous a le plus parlé ces derniers jours, grâce à deux bons premiers matchs. Qu’on soit direct, tout de suite, comme pour rappeler le paragraphe d’introduction. La Summer League ? C’est une put*** de jungle où les meilleurs moteurs font la différence. L’arène des hustlers, des mecs qui ne lâchent rien, et s’il y a bien une qualité qu’on donne avant toute chose au phénomène, c’est sa machine. Un freak pareil, c’est fait pour ce jeu délié et sans véritable système à exécuter ou rotations à respecter. On valide donc totalement les efforts, il a vraiment ce côté KG de l’intérieur moderne qui ne lâche aucune action, mais remettons les choses dans leur contexte : si Cheick Diallo est aussi impressionnant avec les Pelicans, c’est pas pour rien. Parfait pour se tabasser cet été, à confirmer dans un quotidien où il faudra être bien plus discipliné. Mais quoi qu’il en soit, son simple moteur fera des merveilles, demandez à Kenneth Faried combien il s’est fait à Denver.
# Sabonis, Prince, Papayiannis, Labissiere, Valentine
- Pas vu jouer. Sauf Denzel, rapidement, et qui est under control comme prévu. De toute façon, les Bulls draftent toujours bien, donc pas trop de surprise.
# Guerschon Yabusele et Timothé Luwawu
- Début timide au premier match, et ensuite c’était le full Guerschon show. Tellement mobile et intense, il a certes pris quelques tirs chelous à distance, comme pour montrer qu’il avait ça en magasin, mais ce n’est pas son rôle pour le moment. Par contre, dans le hustle, au rebond, pour déménager du monde et poser des écrans XXL, là y’a du monde. Bien plus qu’un simple lutteur, Yabusele a impressionné pas mal de monde grâce à ce nez qui le mène souvent au bon endroit : un vrai bon basketteur, à la française. Quant à TLC, du solide comme prévu, surtout qu’il a montré ses qualités des deux côtés du terrain. Mais plutôt attendu sur du jeu construit, où il pourra se régaler à son rythme. Belle adaptation au type de jeu de la Summer League, il a parfaitement utilisé ses occasions, sans forcer.
# Hernangomez, Ellenson, Bembry, Brice Johnson, Murray
- Tous dans la même case car on arrive en fin de tour. L’Espagnol est comme prévu bourré d’excellents fondamentaux, mais la Summer League c’est pas le meilleur délire, on l’attend sur jeu posé pour nous montrer tout son talent. Ellenson a lui eu droit à un peu de système justement, et dans le genre stretch qui réfléchit bien, Stan Van Gundy a encore fait le bon choix. DeAndre Bembry est solide pour les Hawks mais sans vraiment dominer, très belle lecture de jeu. Brice Johnson est un grand malade athlétique, il va avoir du mal à gagner des minutes mais côté highlights les Clippers ont encore récupéré un sacré pogo-stick. Et en parlant de qualités athlétiques, Dejounte a montré en un match ce qu’aucun autre meneur des Spurs a pu faire depuis Antonio Daniels. Bonjour l’athlète, ça va faire bizarre à Tony…! Faudra simplement lui apprendre à se contrôler un peu plus, car dans sa tête c’est Tomorrowland.
SECOND TOUR
# Cheick Diallo, Kay Felder, David Michineau, Isaia Cordinier
- Comme pour Maker, le moteur de Diallo s’est imposé en Summer League et il a pu montrer qu’il n’avait peur de rien. Pur guerrier, avec encore beaucoup à apprendre, mais la machine est déjà très belle. Tout comme Felder, qui est encore un potentiel steal de Draft à la bourre, il faudra voir s’il aura des opportunités avec le départ de Dellavedova mais niveau show et solidité à la mène c’est carton plein. Malheureusement, pas pu trop regarder les deux frenchies en piste, tout comme Cornelie, mais Michineau a semblé bien progresser d’un match à l’autre, difficile de savoir s’il va pouvoir gratter une place à Los Angeles. Comme prévu, Cordinier a du potentiel mais est encore très… très vert.
# Tyler Ulis
- Pourquoi laisse-t-on de telles pépites tomber au second tour ? Est-ce un problème de taille ? Car sur le parquet, la mobylette est magnifique à regarder. Gros compétiteur, terrible défenseur, bon distributeur et capable de trouver ses points intelligemment, il peut aisément suivre la ligne (attention, surprise) d’Isaiah Thomas mais il a surtout ce côté pitbull défensif en pression tout-terrain qui pourrait lui donner une folle réputation dès ses débuts. On croise les doigts pour qu’Earl Watson le fasse jouer, car le joyau du second tour est déjà pointé.
LES ANCIENS
# Trey Lyles, Devin Booker, Jordan McRae, Emmanuel Mudiay, D’Angelo Russell, Gary Harris, Norman Powell, Kelly Oubre, Justin Anderson, Kyle Anderon, Sam Dekker, Terry Rozier, Larry Nance Jr, Lamar Patterson, Cameron Payne, Justise Winslow, Josh Richardson, Stanley Johnson, Glenn Robinson III, Jonathan Simmons, R.J Hunter.
- Pour ces gars, gros pouce vert car on sent que le jeu a ralenti pour eux. C’est le phénomène typique qui se produit quand on commence à bien comprendre ce qui se passe sur le parquet, et sur quoi s’appuyer au lieu de faire le fou-fou. Il y a du bien et du moins bien, mais si on devait en choisir quelques uns… Rozier, si Brad Stevens l’utilise bien cela peut faire plaisir en sortie de banc, il a montré de beaux progrès sur cette Summer League. Et Lyles, dans le genre 3-4 à la Markieff Morris mais avec un crâne, c’était très séduisant à regarder. Le reste, ce sont des progrès attendus (Russell, Mudiay, Booker, Oubre) et d’autres qui continuent discrètement (Nance, Simmons, Powell, Stanley).
Voilà, quelques premières petites observations, qui – on le rappelle – ne sont que des avis basés sur des rencontres bordéliques en plein mois de juillet. Certains aiment ce modèle, d’autres galèrent, dans tous les cas on restera ciblés sur les attitudes de chacun et les capacités d’adaptation fasse aux difficultés du quotidien. On arrose les plantes, on arrose les plantes…
Source image : CSNNE