Roi de la loyauté sacrée, Reggie Miller est évidemment soûlé par la décision de Kevin Durant

Le 08 juil. 2016 à 07:09 par Bastien Fontanieu

Reggie Miller

Dans la catégorie des mecs qui ont passé toute leur vie avec une franchise, sans gagner de titre mais en donnant tout pour un maillot, Reggie se pose en sérieux client : le sniper de légende s’est lâché sur l’affaire Durant, sous contrôle mais avec force.

Dix-huit. Dix-huit saisons passées chez les Pacers, à se taper les années Jordan, à se taper les coups de sifflets pour les plus gros marchés, à se taper les critiques, même de son propre public, sans froncer un seul sourcil. Miller était un gosse de Californie, il ne bougera jamais de l’Indiana. Et c’est peut-être ça, aussi, qui fait de lui une légende vivante, sans pour autant s’écrouler dans le classement des meilleurs arrières de l’histoire. Certes, les titres permettent de hiérarchiser tout le monde et à ce petit jeu Bill Russell est le pion du collège, cependant bon nombre de légendes du jeu ont offert de superbes carrières sans pour autant remporter de bagues. Qui ne met pas John Stockton sur son podium, allez Top 5 pour les timides, des meilleurs meneurs de l’histoire ? Le copain du facteur n’a pas de bijoux à son doigt, mais on le regarde quand même avec un immense respect, tout comme Patrick Ewing ou Charles Barkley d’ailleurs (même si ce dernier a changé d’équipe). Sauf que Durant a choisi autre chose, et Reggie s’est exprimé à ce propos dans un long post publié chez Bleacher Report. Dedans, de nombreuses phrases marquantes sur ce que cela faisait d’enchaîner les saisons sans titres mais avec plein d’espoir, et ce qui rendait cette aventure si formidable avec un public aussi proche. Des pépites à regarder, dont certaines qu’on a voulu récupérer ci-dessous. Quand Reggie Miller parle, tout le monde se tait, même Spike Lee.

Durant aurait été un dieu vivant s’il avait gagné à Oklahoma City. Les gens me disent toujours, “je suis si content que tu sois resté avec nous” — 18 années dans un petit marché comme celui d’Indianapolis. Mais les médias, dont je fais partie, répètent systématiquement que je n’ai pas gagné de titre. Et je le comprends, je sais bien ça. Ne pas remporter de titre me brûle encore aujourd’hui, et après 6 finales de Conférence ainsi qu’une Finale NBA, sans remporter de titre à la fin, je peux comprendre le dilemme de Kevin Durant. Cependant, c’était le combat afin de mettre Indiana sur la mappe qui était le plus beau des accomplissements pour moi. J’ai perdu contre Michael Jordan, contre Larry Bird, contre Isiah Thomas, contre le Shaq. Vous voulez affronter les meilleurs, et tenter de les battre, même si vous échouez.

Gagner un titre à Oklahoma City, ce serait comme en gagner trois à Golden State. Tout donner sans pouvoir en remporter un seul serait probablement plus admirable que n’importe quel nombre de titres remportés ailleurs, mais ça ce n’est que mon avis. Les gens vont réagir différemment, comme certains qui penseront que ces mots viennent d’un joueur qui n’a remporté aucun titre. Et encore une fois, je comprends la décision de Durant. Je comprends cette tentation. Les Celtics voulaient que je quitte ma retraite en 2008, je ne pouvais pas. Il y avait aussi l’opportunité de rejoindre les Lakers à un moment, je ne pouvais pas non plus. Et peut-être que j’aurais dû, mais pour moi, un roi ne devrait jamais quitter son royaume.

On ne va pas se mentir, l’avis est assez partagé, surtout quand on voit les exemples du passé. Non pas qu’on veuille hiérarchiser les titres et dire qu’une bague a plus de valeur qu’une autre, mais qui ne s’est pas agenouillé devant Dirk Nowitzki, lorsqu’il a enfin remporté son titre après des années de calvaire passées avec ses Mavs ? Qui n’a pas été halluciné devant les récentes images de LeBron, apportant enfin une bannière à Cleveland ? Et Paul Pierce à Boston ? David Robinson à San Antonio ? Il est évident que si Kevin Durant remporte son titre avec les Warriors, on applaudira aussi la performance et on ne pourra que se réjouir pour l’homme. Le compétiteur, cependant, un peu moins. Car comme Reggie le dit, même si son CV est moins gonflé que celui de ses confrères, son image reste elle plutôt impeccable. Personne ne va traiter John Stockton, Charles Barkley ou Patrick Ewing d’incapables. Ce ne sont peut-être pas des ‘champions’ sur la fiche, mais leur jeu était phénoménal et ils sont aussi devenus légendaires ainsi. En bref, chacun se fait son petit avis sur la question la plus brûlante de cet été et on aura d’autres interventions du genre, comme Chuck et d’autres ont pu le montrer depuis.

Et vous, justement, que feriez-vous ? Entre, par exemple, remporter deux titres avec les Warriors en ayant fait le jump de Kevin Durant ou bien rester dans une franchise et y devenir une icône, sans pour autant avoir de bague au doigt ?

Source : Bleacher Report

Source image : BET


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