Les Spurs perdent leur identité au pire moment : défense et mouvement de balle, rien à foutre
Le 13 mai 2016 à 07:05 par Bastien Fontanieu
Dans un Game 6 perdu -et pas qu’un peu- à Oklahoma City, les hommes de Gregg Popovich ont touché le fond de la piscine en oubliant totalement les principes qui ont fait leur réussite : une crise identitaire assez impressionnante, pour un groupe aussi expérimenté.
Un petit jeu, pour commencer. Faites semblant de ne rien savoir, et laissez-vous aller, vous allez voir c’est assez drôle. Il vous suffit de lire les descriptions ci-dessous, sans vraiment vous douter à qui appartient chaque étiquette, et de les distribuer. Une aux Spurs, une au Thunder.
Equipe A : disciplinée en attaque, patiente dans ses choix, appliquée en défense et solide mentalement, surtout après un début de match moyen.
Equipe B : isolations en attaque, prises de têtes sur des détails, abandon en défense et psychologiquement, effort peu exemplaire.
Maintenant, prenez une bonne inspiration, et admirez ceci. L’équipe A est celle d’Oklahoma City, l’équipe B celle de San Antonio. Are you fucking kidding me ? Non monsieur, et très loin de là. Alors qu’on avait attaché au Thunder quasiment toutes ces critiques pendant la saison régulière et même en tout début de Playoffs, avec un match perdu et une attitude moyenne contre Dallas, c’est finalement l’armée de Gregg Popovich qui s’est enfoncée dans un fossé insurmontable, les hôtes profitant très justement de cette crise interne pour exploser leur adversaire. Un Game 6 à sens unique, et en même temps comment être surpris ? Lorsqu’on voit San Antonio faire tourner la balle, compter sur un banc solide, proposer une défense suffocante tout au long de la régulière et savoir poser le jeu quand ça commence à chauffer, on parle de Spurs basketball. On applaudit l’expérience, l’intelligence de jeu, le renouvellement perpétuel et ainsi de suite. Mais quand on tombe sur des Spurs qui mélangent tout et se mettent à pratiquer un Moche basketball plus éloigné que jamais de leur tradition ? On doit taper, et fort qui plus est.
Car ce n’est pas une simple défaite à la con, face à un Thunder motivé et sur des statistiques qui se jouent sur un pile ou face. Non, ce qui a de choquant et avait de choquant hier soir, comme lors des derniers matchs joués dans cette série, c’est qu’on aurait pu en jouer encore 15 et OKC en aurait probablement remporté 10. Voilà le niveau d’étonnement qu’il y avait chez les commentateurs comme sur les réseaux sociaux, face à cette équipe pourtant si disciplinée depuis tant d’années, et qui se mettait à partir dans tous les sens au moment d’affronter une vraie adversité. Un problème de leadership ? Une transition qui s’effectue douloureusement ? Les éléments pouvant partiellement expliquer ce volte-face sont nombreux et pourront être analysés à la loupe lors des prochaines semaines. Mais contre une franchise qui démarrait sa série de la pire des manières, avec une patate dans la bouche et un adversaire jouant son jeu à la perfection, les Spurs n’ont finalement pas su comment répondre lorsque leur propre jeu a été bloqué. Pas d’agressivité en défense, pas de nasty sur les contacts, pas même de coups de gueule ou de faute technique chopée pour donner l’exemple : une attitude de gentleman fort sympathique en match amical, mais qui n’a rien à faire à un tel niveau de la compétition.
Ce n’est certainement pas sur une série de Playoffs que toute la structure instaurée par R.C Buford et Gregg Popovich sera remise en question. Mais une nouvelle fois, après avoir vu ce type d’écroulement se produire par le passé, les Spurs ont mis la tête entre les genoux et ont attendu qu’un exploit tombe. De la part d’un vestiaire aussi expérimenté, c’est peu dire si on ne s’y attendait pas.
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