Al Horford dans la matrice : Playoffs ratés jusqu’ici, à quelques semaines de tester son prix
Le 03 mai 2016 à 20:50 par Bastien Fontanieu
Alors qu’il était censé aborder ce printemps en confiance, menant ses Hawks vers de nouveaux Playoffs et pouvant gonfler son futur chèque en donnant l’exemple, l’intérieur a pour le moment fortement déçu. Mais qu’est-ce qui cloche, bordel ?
Il fallait qu’un point culminant soit atteint dans cette méforme récente, il a bien eu lieu ce lundi à Cleveland. En déplacement chez les Cavs pour lancer les demi-finales de la Conférence Est, des retrouvailles fort sympathiques après le duel de l’an dernier, Horford était attendu au taquet. Seulement, dans ce moment si important et durant lequel toute une franchise comptait sur son réveil, Al a tout simplement touché le fond de la piscine, réalisant son pire match de la saison avec certes 10 points et 6 rebonds, mais un inconfort flagrant sur le terrain. Des fautes stupides sur Channing Frye alors qu’on était habitués à une discipline défensive de rêve, des rebonds laissés à Tristan Thompson qui se régalait sur le capot du Dominicain, des passes loupées en attaque et des tirs pris dans des situations incompréhensibles, tout était à jeter à la poubelle et on se demandait vraiment s’il s’agissait bien du multiple All-Star, coeur et poumon des Hawks, toujours si solide et bourré de fondamentaux. Cinq fautes, dont la plupart évitables, 4/13 au tir avec des séquences à se vomir dessus comme un jumper pris sur Dellavedova alors que l’écart de poids comme de taille est aussi obvious que le malaise actuelle de l’intérieur, peut-être fallait-il en effet passer par là pour qu’un changement puisse s’imposer. Peut-être bien, et peut-être pas.
Car à l’heure actuelle, Horford est en train de plomber sa cote comme sa franchise, lui qui sera agent-libre cet été et très probablement contacté par 90% des équipes de la Ligue. Trop discipliné, trop idéal dans sa capacité à intégrer un groupe, gendre parfait et capable de sortir une performance dingue ici ou là, Al n’aura certes aucun souci à négocier un contrat max, mais son avenir à Atlanta commence à être très sérieusement remis en question. Il faut dire qu’en voyant ses sept premiers matchs de Playoffs, on ne décèle pas vraiment le caractère d’un leader souhaitant élever son niveau de jeu pour mener les siens le plus loin possible. Devant lui ? Paul Millsap, Dennis Schröder, Kent Bazemore. Même Mike Scott réalise un début de printemps plus convaincant. Face à lui ? Jared Sullinger, Amir Johnson, Tristan Thompson. On adore certes les cols bleus qui donnent leur vie sur le parquet, mais quand vous êtes multiple All-Star, ce genre d’opposition doit représenter de la crème anglaise sur un brownie réchauffé. Et c’est justement là qu’une grosse gueulante doit être poussée, devant un joueur au talent exceptionnel mais dont le fighting spirit semble totalement absent. On le sait, un pépin à la hanche l’empêche de pouvoir se donner à 100%. Mais si ce n’était qu’une question physique, on attendrait gentiment la fin de saison pour faire le point. Le problème ? Cleveland peut très aisément sweeper les Hawks une nouvelle fois, même après la frayeur d’hier soir, et c’est au leader que reviennent les coups de pression. Aujourd’hui, Paul Millsap est peut-être le chef de bande d’un point de vue statistique, mais Atlanta n’a jamais été aussi infernal qu’en ayant un Horford au top.
C’était d’ailleurs le cas dès le premier match des Playoffs, avec une de ces soirées où tout le monde bave devant le joueur formé à Florida. Une gifle envoyée à Boston comme pour annoncer un grand printemps, 24 points, 12 rebonds, 1/2 à trois-points, 7/8 aux lancers, 2 passes, 2 contres, bref l’algorithme ultime qu’Horford possède et qui peut le rendre intouchable certains soirs. Ce genre d’intérieur ultra-fluide qui défend les pick and rolls à merveille, sort au bon moment, communique, tape sur les fesses de ses coéquipiers, arrache un rebond, pose un écran musclé pour libérer Korver, roule dans un timing parfait, va gratter du lancer et répond aux journalistes en souriant. Tout ça, malheureusement, est plus ou moins absent, le fantôme du joueur se baladant sur le parquet de la Quicken Loans Arena ce lundi. Ce n’est certainement pas aujourd’hui qu’il faudra demander à Horford de devenir un leader charismatique, pouvant tourner en 20-10 du matin au soir et représentant les siens en conférence de presse. Hélas, et cela a été très bien assumé par les quelques fans d’Atlanta, le pivot est un lieutenant idéal plutôt qu’un commandant impérial. Sauf qu’au moment où ces lignes sont écrites, non seulement Al n’assure aucun des deux rôles, mais il est en plus en train de plomber les espoirs de sa franchise. Lui qui rêvait tant d’avoir un intérieur dominant à ses côtés, il l’a. Lui qui rêvait tant d’avoir un banc compétent, il l’a. Lui qui voulait tant retrouver les Cavs pour régler quelques comptes, les voilà. Doit-on trouver une nouvelle excuse ?
Il ne fait aucun doute qu’en tant que grand compétiteur, Al Horford va serrer les dents et probablement nous offrir un match monstre dans cette série contre Cleveland. Mais après avoir passé des années à faire la grimace au premier ou second tour des Playoffs, l’intérieur est dans un énorme virage de sa carrière. Rester dans ses rangs habituels ou assumer son immense talent ? La réponse au prochain match, mais jusqu’ici ce fût perturbant…
Source image : NBC Sports