D’Angelo Russell : la route vers les étoiles, c’est tout droit, loin de Byron Scott

Le 20 mars 2016 à 10:39 par David Carroz

d'angelo russell

Après un début de saison laborieux et des relations compliquées avec son coach Byron Scott, D’Angelo Russell donne enfin raison aux Lakers d’avoir misé sur lui en le sélectionnant avec leur second choix lors de la dernière Draft. Si bien qu’aujourd’hui, il ne fait plus de doute que ce pick était le bon du côté d’Hollywood.

Pourtant, le meneur angelino commençait à voir l’étiquette de bust se coller sur son front à mesure que la saison avançait. Il faut dire que tout n’a pas été facile pour lui dans une franchise qui perd un peu la tête en ce moment, tiraillée entre son glorieux passé, la tournée d’adieu de Kobe Bryant et la volonté de préparer l’avenir. Une combinaison bien pourrie quand on débarque chez les pros et qu’on doit trouver ses marques. Titulaire lors de 22 des 24 premiers matchs du cirque des Lakers soldés par trois petites victoires, ses stats ne sont pas alarmantes. Avec 12 points à 40,2% dont 32,5% du parking accompagnés de 4,3 rebonds et 3,2 passes en 28,4, les premiers pas de D’Angelo Russell ne sont certes pas tonitruants, mais bien des rookies auraient aimé faire aussi bien. Sauf que sous les projecteurs de Los Angeles où un big man était attendu et pendant que les deux picks qui l’ont suivi Jahlil Okafor et Kristaps Porzingis font forte impression, cela ne parait pas suffisant. Pour couronner le tout, Byron Scott lui glisse régulièrement des tacles dans les médias et décide de se passer de lui dans le cinq majeur, histoire que le gamin apprenne un peu la vie. Au Staples Center, un seul joueur peut se permettre d’envoyer des briques, et c’est Kobe Bryant, tant pis si cela freine la progression des jeunes.

S’ensuit alors une période compliquée pour D’Angelo Russell à devoir ronger son frein sur le banc, à supporter les défaites et les réflexions de son coach. Tout en répondant et en donnant son avis lui aussi, bien éloigné de celui de Byron Scott. On se dit alors qu’entre celui qui ne manque pas de confiance en lui et le clown des Lakers, le numéro de cirque va tourner au vinaigre. Certaines rumeurs parlent même d’échanges possibles, même si en haut lieu on prétend vouloir s’appuyer sur lui tout comme Jordan Clarkson ou Julius Randle, voire Larry Nance Junior dans une moindre mesure. Malgré des conditions peu favorables à un épanouissement, D’Angelo Russell garde le cap, ne doute pas de ses capacité et poursuit avec des stats similaires puisqu’il envoie 12,3 points à 42,7% dont 33,8% derrière l’arc, 3 rebonds et 3,4 passes en 25,9 minutes sur les 29 rencontres suivantes. Surtout, “DLo” bosse dur et trouve en Metta World Peace un mentor qui le pousse à donner le meilleur de lui-même. Car si la première chose qui vient à l’esprit est le talent quand on évoque D’Angelo, le rookie est également un gros bosseur. Déjà à Ohio State, sa tendance rat des gymnases avait fait surface.

J’ai commencé à réaliser que beaucoup de personnes ne bossaient pas. Beaucoup de talent inné, beaucoup de qualités athlétiques les séparaient du reste, mais il ne s’agissait pas d’éthique de travail. Je suis du genre “pourquoi on n’est pas là tous les soirs ?” Je venais et j’étais la seul gars à être là. – D’Angelo Russell.

Pour un mec qui est taxé d’immature et dont le manque de concentration est pointé du doigt par Byron Scott, c’est un discours qui s’oppose clairement à la vision donnée par le coach. Certains parlent d’amour vache, de discipline imposée pour cadrer D’Angelo Russell. Peut-être. On y voit plus de l’incompétence. Et avec 8 victoires en 29 rencontres lors de cette période, on ne peut pas dire que les choses aillent mieux avec ce changement de rôle du rookie. De toute façon, les Lakers n’ont que deux objectifs majeurs cette saison, et ils peuvent largement aller de paire : faire progresser les jeunes et s’assurer de rester dans le Top 3 pour la prochaine Draft afin d’éviter de voir leur pick tomber dans les filets des Sixers. Alors autant lâcher un peu la bride à D’Angelo Russell et Julius Randle, les souffre-douleur de Scott, pour leur permettre d’apprendre en faisant des erreurs. Les défaites resteront monnaie courante, mais ils engrangeront de l’expérience, un atout nécessaire pour les années à venir. Ce noyau sur lequel les Lakers vont s’appuyer et qui sera également déterminant au moment d’attirer des agents-libres. Et enfin, les “Pourpres et Ors” semblent en avoir pris conscience : depuis la coupure All-Star, la jeune garde ne fait pas que débuter les rencontres, mais elle reste sur le parquet au moment de les finir. Une nouveauté accueillie avec joie par D’Angelo Russell, mais sans rancune -du moins dans son discours auprès des médias- envers son coach. Une opportunité qu’il a saisi avec tout son talent.

Non, je n’ai pas eu à gérer ça [NDLR : les propos de Byron Scott]. Je m’en foutais complètement. J’aimerais pouvoir vous donner une meilleure réponse. Je n’ai pas eu à gérer du tout. – D’Angelo Russell.

Par contre, D’Angelo Russell reconnait qu’il ne s’attendait pas à autant de difficultés en débarquant dans la Grande Ligue, pensant que les choses allaient glisser. Qu’il a dû faire face à l’adversité et qu’il a tenté de le faire au mieux. Un peu comme au lycée déjà quand on lui avait montré le banc à ses débuts à Montverde Academy. Avant qu’il ne s’impose, à force de talent et de travail. Des mots qui reviennent souvent quand on parle de D’Angelo Russell. À l’époque, ses coachs lui reprochaient son manque d’agressivité. Cela ne lui avait pas plu mais il l’avait accepté, se donnant à fond pour les faire changer d’avis à la première occasion. Avec succès. De quoi le préparer à cette entame difficile en NBA, et que quoi lui permettre de se tenir prêt lorsque sa chance viendra. Ce qu’il a fait depuis un mois. Pour le gros dernier tiers de la saison, Byron Scott a annoncé qu’il allait remettre son rookie, tellement moins mature que Chris Paul et Kyrie Irving au même âge comme il a aimé le rappeler à plusieurs reprises, dans le cinq majeur. Le tout avec des systèmes offensifs donnant plus de rythme et de liberté aux joueurs. D’Angelo Russell a alors lâché les chevaux, sans crainte de faire des erreurs. Les victoires ne s’enchainent toujours pas aux Staples Center, mais les Lakers ont tapé les Warriors et l’ancien d’Ohio State tourne à 18,2 points à 45,8% dont 44% depuis le siège de Jack Nicholson, 2,9 rebonds et 4,3 passes en 30,9 minutes sur les 13 dernières rencontres (avant le match face aux Suns). Pas de quoi titiller Karl-Anthony Towns pour le titre de rookie de l’année, mais de quoi regarder sans rougir Porzingis et Okafor. Le premier parait en effet sur les rotules alors que le premier est out jusqu’à la fin de la saison. Comme si finalement, le fait d’avoir patienté sur le banc avait eu au moins un effet bénéfique, celui de lui éviter le rookie wall.

Aujourd’hui, Byron Scott change son discours. Les coéquipiers de D’Angelo Russell semblent avoir confiance en leur meneur, autant qu’il croit en lui-même. Certains peuvent voir en son attitude de l’arrogance. Peut-être. Mais on a rarement vu un mec réussir avec l’égo d’un chien battu. Certains voient en lui un nouveau Starbury. Eventuellement. Mais c’est pour cela que les Lakers on misé sur lui. Pour son talent, mais aussi par sa personnalité de mâle alpha, celui qui devra cadrer les troupes comme Kobe a su le faire, les pousser à faire toujours plus. Et aujourd’hui, ce choix commence à prendre son sens, alors qu’il n’a que 20 piges.

D’Angelo Russell deviendra une superstar. Point. D’une part parce qu’il pue le basket, mais aussi parce qu’il a cette confiance ancrée au plus profond de lui. Peu importe si cela vous déplait, il est maintenant lancé sur la route qui l’enverra à terme parmi les étoiles. Espérons maintenant qu’en Californie on ne viendra pas foutre le bordel sur son chemin. Car il est peut-être bien au sein même de la franchise le plus gros risque de le pourrir par des choix incohérents. Attention, gâchis interdit.

Source image : Ed Szczepanski, USA TODAY Sports, montage TrahsTalk


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