Joakim Noah et les Bulls : les histoires d’amour finissent-elles toujours mal ?
Le 25 févr. 2016 à 17:59 par David Carroz
Depuis un peu moins de dix ans, Joakim Noah traine sa dégaine sur le parquet du United Center. D’une relation compliquée au début liée à son style et sa grande gueule est née une idylle très forte entre lui et les Bulls, en particulier les fans conquis par son énergie et son coeur, sur les terrains comme en dehors. Mais cette belle histoire d’amour touche à sa fin.
En effet, nul besoin de rappeler que dans quelques mois, le contrat qui lie Joakim Noah à la franchise de l’Illinois se terminera, le Français ayant amassé soixante millions de dollars au cours des cinq dernières saisons pour être le moteur des Bulls, mais aussi leurs cojones. Le leader défensif d’une équipe bâtie sur la rigueur et les systèmes de Tom Thibodeau de ce côté du parquet. Un “Thibs” qui s’appuyait sur son pivot comme clef de voute de sa stratégie, et qui a pu bénéficier de ses meilleures années. Malgré les blessures et les soucis physique – en particulier l’an dernier quand il galérait pour se remettre de son opération du genou – Jooks a posté 10,7 points à 48,5%, 10,5 rebonds, 3,9 passes, 1 interception et 1,5 contre entre l’été 2010 et celui de 2015. Bien entendu, cela ne prend pas en compte les écrans, les aides défensives, les coups de gueule et tous les détails que les stats ne peuvent pas mesurer mais qui font de “Sticks” un joueur essentiel des Bulls. Ou faisaient.
Parce que maintenant, le rôle de Joakim Noah a bien changé. Son importance aussi. En faisant venir Pau Gasol à l’été 214, Gar Forman pensait faire passer un palier aux Taureaux pour enfin disputer plus d’un ou deux tours de Playoffs. En dehors du fait que le résultat n’est pas conforme aux attentes, l’arrivée de l’Espagnol a surtout mis à mal la place de Jooks en tant que pivot, comme point d’ancrage de la défense puis en tant que titulaire. Avec son changement de statut, c’est toute l’identité des Bulls qui vacille. Et avec sa blessure qui le laisse de côté jusqu’à la fin de la saison, ses chances de renverser la vapeur sont au mieux minces, au pire nulles. Il ne correspond plus à la direction prise par la franchise et même si son impact défensif pourrait faire du bien, est-il toujours souhaité sur les rives du Lac Michigan ? Si Fred Hoiberg l’avait collé sur le banc, c’est tout simplement parce que selon lui, Joakim Noah ne correspondait pas aux besoins de l’équipe. D’ailleurs Nikola Mirotic et Taj Gibson ont été testés dans la raquette pour accompagner Pau Gasol, mais jamais l’Espagnol n’a cédé sa place à Jooks, histoire de voir ce qu’une telle rotation pourrait apporter de bien aux Bulls. Un signe fort que le technicien n’estime pas Noah de la même façon que Thibodeau le faisait.
Par conséquent, comment imaginer que le futur agent-libre poursuive sa carrière à Windy City ? S’il répète à l’envie qu’il espère re-signer dans sa franchise de toujours, quelle sera la position du front office ? En n’échangeant pas Gasol et en annonçant vouloir lui offrir un nouveau contrat cet été, Gar Forman n’a-t-il pas déjà clos le dossier Joakim Noah, préférant donc miser sur l’Espagnol ? Difficile en effet de croire qu’avec Fred Hoiberg – un disciple du small ball – aux commandes, les Bulls puissent continuer à payer trop de joueurs dans la raquette. Nikola Mirotic, Taj Gibson et Bobby Portis seront sous contrat l’an prochain, si on ajoute donc Pau, la rotation est blindée. Pas de place pour Jooks qui peut donc préparer ses valises dès maintenant. À moins que les négociations échouent avec l’ancien des Lakers et des Grizzlies et que l’état-major chicagoan se souvienne de ce que le neuvième pick de la Draft 2007 peut apporter.
La suite de l’aventure de Joakim Noah en NBA se fera-t-elle dans l’Illinois ? De nombreux paramètres sont donc à prendre en compte, comme ses exigences salariales, sa santé – en ce qui concerne ce qu’il peut maitriser un minimum – mais aussi les choix stratégiques en haut lieu, l’avenir de Pau Gasol ou encore les joueurs désirés par Fred Hoiberg pour mettre enfin en place sa philosophie de jeu. Des inconnues qui malheureusement ne semblent pas être en faveur du Français qui devrait donc devoir se trouver une nouvelle maison la saison prochaine. Les Knicks sont évoqués, tout comme les Mavs ou encore une réunion en Floride avec Al Horford, du côté d’Orlando.
Pour l’instant, c’est donc dans le flou que Joakim Noah va fêter son anniversaire, potentiellement le dernier qu’il arrose à Chicago. Une vision un peu triste tant il a donné pour cette équipe et cette ville mais on le sait, la NBA reste un business qui ne laisse pas de place aux sentiments.
Source image : Chicago Tribune