Jared Sullinger affronte le dilemme de sa carrière cette année : montagne de dollars ou de Twix ?

Le 07 oct. 2015 à 18:17 par David Carroz

Jared Sullinger

Alors qu’il entre dans sa dernière année de contrat, Jared Sullinger ne devrait pas se voir offrir une prolongation par les Celtics à hauteur de ses attentes. Il faut dire que l’un des plus fessiers les plus imposants de la Ligue n’a pas encore fait ses preuves pour mériter une grosse augmentation de salaire. Conclusion, il joue gros – sans jeu de mots – cette année et va devoir bouger son boule. Réflexion sur son avenir, entre espoir d’un grand nombre de billets verts et risque d’une trade foireux en milieu d’exercice.

En choisissant Jared Sullinger en 21ème position de la Draft 2012, Boston pense réussir un joli coup. Si sa cote a baissé lors de son année sophomore à Ohio State (il était prévu dans le Top 10 de la Draft 2011 avant de retourner à l’université pour un an) à cause de sa condition physique et de soucis au dos, il n’en demeure pas moins un prospect avec du talent plein les mains et des qualités indéniables. De nombreux observateurs crient au steal de la cuvée, à condition que les problèmes de santé soient évités. Trois saisons plus tard, on est loin du compte. Si Sully a montré par séquences son sens inné du rebond et un jump shot pas dégueulasse, il a déjà manqué 69 rencontres NBA, soit plus d’un quart de celles disputées par les Celtics depuis son arrivée. Surtout, on attend toujours des progrès significatifs de la part de l’intérieur et un travail plus sérieux afin de disposer d’une forme à la hauteur de ses qualités. A tel point qu’on peut se demander si les C’s ne jouent pas avec un “Big Baby” junior qui remplit le short XXXXL laissé vacant par Glen Davis.

Si jusqu’à présent son potentiel et un effectif plus léger en quantité et en qualité à Boston lui avaient permis de s’assurer sa place dans la rotation, les temps ont changé dans le Massachusetts et ses jours pourraient bien être comptés. Au moment d’entamer la nouvelle saison, il ne semble plus en odeur de sainteté auprès de Brad Stevens : si on se fie aux premières indications de la pré-saison, Jared Sullinger a glissé dans la hiérarchie des intérieurs. Lors du scrimmage d’ouverture, il n’était pas titulaire ni d’un côté ni de l’autre. De quoi penser que 4 joueurs ont un avantage sur lui pour évoluer dans la raquette aux yeux du coach. Mardi soir contre Milan, il a encore été le 5ème big man à fouler le parquet. Stevens a beau dire que son 5 de départ et ses rotations ne sont pas figés, la tendance ne semble pas favorable au numéro 7 des C’s. Surtout si on se rappelle que l’an dernier, Boston a construit de nombreux succès en jouant small ball – en particulier pour offrir du spacing à Isaiah Thomas – et que cela signifie donc encore moins de minutes à distribuer pour les intérieurs de métier. Pourtant, pas de quoi alarmer l’ancien d’Ohio State :

Stevens ne sait pas encore ce qu’il fait avec ses rotations; c’est ça le truc. – Jared Sullinger

C’est cela, prend les choses relax et laisse le coach voir qui est prêt à se battre pour sa place ainsi que tirer l’équipe vers le haut, et qui se contente de peu. Même si ses minutes ont été intéressantes contre Milan avec comme toujours une bonne présence aux rebonds – certes contre des adversaires moins physiques – et un QI basket bien au dessus de la moyenne – enfin quand il ne décide pas d’envoyer des parpaings du parking tel le premier Josh Smith venu -, il n’a pas levé les doutes sur son futur rôle. Avec l’arrivée de David Lee – titulaire en puissance – et celle d’Amir Johnson – qui est le seul intérieur à offrir un profil défensif dans l’effectif – ainsi que les présences de Tyler Zeller – dans le 5 en Italie – et Kelly Olynyk – très bon complément de Thomas grâce à son shoot extérieur – on a du mal à voir où situer Jared Sullinger. Et comme Brad Stevens a déjà déclaré par le passé que 4 intérieurs lui suffisaient, cela signifie que de Sully ne devrait pas faire de vieux os à Boston.

D’un point de vue du talent pur, l’ailier fort pourrait présenter une belle monnaie d’échange pour faire venir un ailier ou un shooteur à Beantown. Mais quelle franchise serait prête aujourd’hui à laisser partir une telle denrée contre un bon joueur certes, mais fragile physiquement et en fin de contrat ? Un pari à prendre, cependant les prétendants ne se bousculent pas, attendant certainement de voir comment la situation évolue à Boston. Danny Ainge n’est probablement pas pressé lui non plus puisqu’il sait que la valeur de son intérieur est probablement au plus bas ou presque. Une chose semble sûre, il ne proposera pas une prolongation à Jared Sullinger avant la date limite fin octobre, même si des négociations ont été entamées au début de l’été. D’ailleurs, Tyler Zeller vit la même chose, l’agacement des observateurs et de l’organisation en moins, puisqu’il entre lui aussi dans sa dernière année de contrat sans certitude pour prolonger, mais mieux placé dans les rotations de Brad Stevens.

Le Jared le plus gros de la Ligue – malgré la concurrence de Dudley – doit maintenant fournir des efforts aussi conséquents que son postérieur s’il souhaite passer du statut de joueur qui ramasse son chèque à celui qui pèse autrement que par ses kilos sur une rencontre et franchir un véritable palier. Cet été, John Lucas II l’a pris sous son aile pour lui redonner une condition physique. Au programme : de la natation, du trekking, beaucoup de sueur, un régime et du ballon. Parce que oui, à 22 ans et après 3 saisons en NBA, Jared n’est toujours pas capable de se prendre en main lui-même, c’est son entourage qui a dû mettre en place un tel programme. Forcément, avoir côtoyé Kevin Garnett, Paul Pierce ou encore Doc Rivers ne lui a pas permis de prendre conscience des sacrifices nécessaires pour atteindre le haut niveau. Et maintenant qu’il semble avoir compris cela, combien de temps va-t-il lui falloir avant de l’oublier de nouveau ? Ok, on est un peu durs, Sullinger n’est pas un mauvais bougre. Mais sur ce qu’on a pu apercevoir face à Milan, le short est toujours bien rempli et l’intérieur est encore “joufflu du fessier” pour reprendre l’expression utilisée par Jacques Monclar en direct. Alors on attendra de voir si ce volume provient d’un changement de la graisse en muscle et si Jared Sullinger peut courir à un bon rythme sur de longues minutes NBA, avant de se prononcer définitivement sur les fruits à récolter de cette collaboration avec l’ancien numéro 1 de la Draft. Mais contrairement à l’intérieur, nous restons sur notre faim.

Alors qu’habituellement les joueurs qui entrent dans leur dernière année de contrat sortent des saisons de qualité pour aller gratter des billets verts par la suite (Jimmy Butler, Brook Lopez, Roy Hibbert par exemple au cours des dernières années), les fans des Celtics en attendent sûrement de même de la part de Sully. Avec 13,3 points et 7,6 rebonds en 27 minutes, sa contribution est bonne si on omet son adresse de 43,9% moyenne pour un intérieur, plombée en bonne partie par les 3,2 tirs pris du parking à chaque rencontre pour une réussite de 28,3%. Un défaut qui se travaille et qu’il est prêt à gommer – du moins selon ses propos – puisqu’il prévoit de plus jouer au poste et de moins squatter derrière l’arc. En ramenant ses statistiques sur 36 minutes, cela fait un joli double double avec 17,7 points et 10,1 rebonds. De quoi réclamer un salaire max quand on voit les contrats signés actuellement. Mais pour cela, il faut être physiquement capable de tenir ces 36 minutes sur le parquet.

La saison n’a pas encore commencé et Jared Sullinger peut encore se sortir les doigts pour trouver une place importante dans les rotations de Brad Stevens et gratter un maximum de minutes. Seul le travail lui permettra de bousculer une hiérarchie qui ne semble pas en sa faveur actuellement. Avec son sens du rebond et son talent, il peut devenir un pion essentiel des Celtics si sa condition physique suit. S’il veut signer un gros contrat l’été prochain, il sait ce qu’il lui reste à faire. Sinon, Danny Ainge ne se privera pas de l’envoyer loin de Boston contre 3 mars et un twix. C’est toujours cela qu’il ne mangera pas dans sa nouvelle franchise…

Source image : buzzly.fr, montage @TheBigD05 pour TrashTalk


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