Bulls 95/96 – 72 victoires pour l’histoire : s’allier avec son pire ennemi, en faire son meilleur ami…
Le 02 oct. 2015 à 17:04 par Alexandre Martin
1995-96, les Bulls entrent dans la légende. Avec 72 victoires en saison régulière et le titre au bout, ils ont tatoué un énorme Taureau sur la peau de la NBA. 20 ans plus tard, TrashTalk vous propose une série d’articles pour célébrer ce parcours d’exception.
Après avoir assisté aux Finales NBA de 1989 qui ont vu les Pistons sweeper les Lakers, Chick Hearn – émérite commentateur dédié aux Angelinos – avait déclaré que Dennis Rodman était “le meilleur rebondeur de la NBA”. Des propos qui sont très rapidement arrivés aux oreilles de l’intéressé qui s’en étonna sincèrement : “Le meilleur rebondeur ?” s’enflamma ce bon Dennis. “De NBA ?? Vous voulez dire qu’ils me mettent devant Oakley, Barkley et tous ces gars ? ” ajouta-t-il…
Le moins que l’on puisse dire c’est que Monsieur Hearn savait reconnaître un talent quand il en voyait un ! Car en 1989, Rodman n’est que rarement titulaire au sein des Pistons même s’il en est déjà une pièce importante. Et même s’il montre déjà un certain penchant pour la cueillette des rebonds, statistiquement, les fameux gars dont il parle – comme les deux Charles (Oakley et Barkley) et surtout le grand Moses Malone ou Hakeem The Dream – le dominent encore, mais plus pour longtemps. D’ailleurs, en octobre 1995, quand les Bulls annoncent son arrivée à quelques semaines seulement du début de la saison, “Dennis La Menace” vient d’être 4 fois d’affilée LE meilleur rebondeur de la Ligue avec notamment ses deux dernières saisons à Detroit (1991/1992 et 1992/1993) où il récolta plus de 18 rebonds de moyenne par exercice ! A l’époque, cela fait déjà un an que les Taureaux pensent à Rodman, qui est sous contrat avec San Antonio, car ils veulent remplacer Horace Grant. Ils savent que malgré son superbe niveau de jeu, l’ambiance n’est pas au beau fixe entre le joueur et le nouveau duo en charge du sportif chez les Spurs : Greg Popovich – le GM au passé militaire – et Bob Hill, fraîchement nommé coach des Éperons.
Les deux Jerry des Bulls (Reinsdorf, le propriétaire et Krause, le General Manager) connaissaient le passif aussi bien dépressif que caractériel, voire ingérable de “Rodzilla” mais cela ne leur a pas fait peur. Ils ont pris le temps de se renseigner sur le joueur – questionnant de nombreuses personnes de son entourage – et ont pensé, à juste titre, que Phil Jackson pourrait tenir un vestiaire comprenant Michael Jordan, Scottie Pippen, Ron Harper, Toni Kukoc et donc Dennis Rodman. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. N’oublions pas qu’en 1988, 1989 et 1990, les Pistons – plus connus sous le doux nom de “Bad Boys” – ont sorti Chicago des Playoffs aux termes de séries sanglantes dans lesquelles le comportement très agressif et borderline en défense de ce bon Dennis a irrité au plus haut point les deux stars, “Mike” et “Pip”.
Et balle à Detroit… Oh que oui, ça énerve ça !
Krause a d’ailleurs attendu que Jordan et Pippen lui donnent leur aval pour se lancer dans des discussions de trade avec San Antonio. Peu de temps après, Will Perdue fit le chemin vers le Texas pendant que “The Worm” débarquait dans l’Illinois. Il est clair que pour se contenter de Perdue, les Spurs devaient vraiment être excédés par cette chevelure blonde rouge verte bleue multicolore du natif de Trenton, dans le New Jersey. Et, sans faire offense à ce bon Will, on peut dire que Chicago a réalisé une superbe affaire sur le plan sportif. C’est donc ainsi que les Bulls ont récupéré un intérieur monstrueux en défense, un energizer hors normes, un rebondeur – tout simplement l’un des meilleurs de l’histoire – qui sortait de deux saisons à 17,3 et 16,8 prises de moyenne ! Et motivé comme jamais à l’idée de jouer aux côtés de Michael Jordan…
“Je veux faire pour les rebonds ce que Michael Jordan a fait pour les dunks.” Dennis Rodman
Bien évidemment, les médias vont faire leur choux gras de cet échange de dernière minute alors que le training camp de Chicago vient tout juste de commencer… Une star aussi excentrique que douée qui rejoint Sa Majesté Jojo 1er et son lieutenant Scottie Pi, voilà typiquement le genre d’événement sympathique qui fait couler de l’encre en attendant le début de la saison. Beaucoup de théories voient alors le jour notamment sur les chances de réussir de cette association de 3 joueurs qui furent ennemis pendant de longues années. La relation sur et en dehors du terrain entre l’ailier Pippen et l’ailier-fort Rodman est déjà décrite comme difficilement envisageable et comme un gros risque pris par le management des Bulls. Mais c’était oublier qu’une triplette d’une complémentarité sans précédent venait d’être formée. C’était oublier que sous ses airs de fou à lier, Rodman était un joueur très intelligent qui savait où était sa place sur un parquet même si sa vie extra-sportive n’était pas toujours exemplaire. C’était oublier que Jordan et Pippen avaient déjà un Three-Peat derrière eux et que Rodman possédait déjà deux bagues acquises avec les enfants de cœur que sont Isiah Thomas et Bill Laimbeer. Ces trois-là savaient ce qu’il en coûte d’aller au bout et prendre le risque de les associer est certainement l’un des plus grands coups réalisés par une franchise en NBA.
Car, nous le savons aujourd’hui, en ce mois d’octobre 1995, les Bulls venaient de former ce qui est certainement la meilleure triplette défensive de l’histoire et peut-être même tout simplement la meilleure triplette tout court. Michael Jordan a alors 32 ans, Scottie Pippen 30 et Dennis Rodman 34 mais ils ont faim. Faim de titres, de bagues. Ils ont envie de défendre le plomb et de trianguler en attaque. Et ces Taureux vont régner sur la saison à venir comme jamais une équipe ne l’avait fait avant eux et comme peut-être jamais aucune autre équipe ne le fera…
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Source : Montage @TheBigD05 pour TrashTalk