Nicolas Batum en mode étrangleur défensif : le vrai visage qu’on veut revoir face à l’Espagne !
Le 16 sept. 2015 à 15:55 par David Carroz
8,7 points, 3,1 rebonds et 1 passe par match. Voilà le bilan comptable de Nicolas Batum depuis le début de l’EuroBasket. Un peu en dedans, surtout si on rajoute son 16,7% depuis le parking. A l’instar d’un Boris Diaw, Nico nous laissait un peu sur notre faim. Mais hier, il a su répondre présent comme les autres cadres des Bleus, au moment où l’équipe en avait le plus besoin. Même si sa ligne de stats contre la Lettonie ne brille pas de mille feux, sa prestation a été primordiale au moment d’éteindre les Baltes.
Seulement cinquième scoreur parmi les Français, l’ailier – qui retrouve son poste de prédilection suite à l’intronisation de Nando De Colo à l’arrière – est en dessous de ses standards en EDF. Seul Babac marque moins de points que lui dans le cinq majeur, et le sixième homme Joffrey Lauvergne le surclasse dans cette catégorie statistique. Exigeants avec lui de par son talent, on attendait de lui un réveil pour peser dans le jeu des Bleus, comme il avait su le faire lors du dernier Mondial sur les rencontres à enjeu. A l’image d’un Tony Parker, il semblait assurer tranquillement l’essentiel après deux premières rencontres plutôt réussies (16 points et 5 rebonds puis 11 points et 2 rebonds), il a dû attendre le huitième de finale pour atteindre de nouveau les 10 unités. Le début de la montée en régime ? Ses 4 points à 2/6 hier ne semblent pas confirmer cette tendance. Mais il faut voir bien plus loin que les chiffres offensifs pour mesurer l’impact de Nicolas Batum. S’il a parfois manqué de réussite (gamelle à 3 points) ou a fait preuve de maladresse et facilité à d’autres moments (contre-attaque manquée avec Nando De Colo) – ce qui aurait pu laisser penser à une rencontre difficile pour le néo-Hornet – son rôle n’en a pas moins été prépondérant lorsque la France a enclenché la seconde. Si Diaw puis Parker ont su alimenter la table de marque, c’est de l’autre côté du parquet que “Batman” a fait penché la balance en faveur de la France, lorsque les hommes de Vincent Collet montaient en intensité en défense pour poser les barbelés et faire vivre un cauchemar aux Lettons dans le troisième quart-temps.
souvent perdus jusque-là par le mouvement sans ballon des Baltes et leurs nombreux écrans qui créaient soit des mismatchs, soit des énormes absences, les Bleus se sont mis à mieux communiquer et mieux suivre les joueurs adverses au retour des vestiaires. Conséquence, fini les shooteurs dans un fauteuil avec aucun défenseur à moins de 3 mètres d’eux. Certes, en tournant sur chaque écran, les Français s’exposaient à se retrouver en désavantage de taille ou de vitesse, comme de nombreuses fois où Rudy Gobert se trouvait en tête-à-tête avec Strelnieks pendant que Tony Parker lutait dans la raquette avec un intérieur à qui il rendait multiples kilos et centimètres, mais au moins les Lettons ne pouvaient plus s’amuser des errances défensives tricolores. Surtout que dans le même temps, Nicolas Batum compensait alternativement les déficits en taille ou en vitesse par un placement royal et des anticipations judicieuses. De quoi rappeler aux observateurs les raisons de la comparaison de son jeu avec celui de Scottie Pippen. Car lorsque les extérieurs adverses cherchaient un grand dans la raquette défendu par “TiPi”, c’est le numéro 5 des Bleus qui arrivait pour soutenir son leader et griller la politesse au Letton qui espérait recevoir la balle et maltraiter le Spur. Pari qui peut être risqué que d’abandonner son joueur, mais choix calculé et maitrisé par Batum qui, à plusieurs reprises, a ainsi coupé l’attaque balte en détournant le ballon, provoquant des turnovers et interceptant.
Mais ces actions ne résument pas entièrement le boulot défensif abattu par l’ancien stoppeur des Blazers, car il a également su mettre la pression sur le porteur de balle. Avec la même réussite puisque, là aussi, les Lettons ont souffert face à la sangsue Batum comme lorsqu’il provoque un passage en force ou quand il passe une grande partie de la possession dans le short du joueur qui tentait de remonter la gonfle et distribuer le jeu. Un parasite constant pour l’attaque lettone, un symbole de la défense des Bleus qui a su maintenir les coéquipiers de Bertans à 20 points sur deux quart-temps, donc 7 sur le troisième, avec plus de 3 minutes de disettes. Un exemple, une envie et une abnégation communicative au moment de faire basculer le match. Et comme par hasard, les deux paniers de Nicolas Batum sont rentrés lors de cette période, sur deux jumpshots, l’un après une passe de Tony Parker, l’autre qu’il se crée lui-même.
Bien entendu, on aimerait voir Nico tourner à plus de 15 points par rencontre comme l’an dernier au Mondial. Mais la force collective de la France ne nécessite pas que lui, Boris et Tony scorent avec ampleur, seulement qu’ils soient là pour répondre présent lorsque le besoin s’en fait sentir. Hier, les deux anciens ont su apporter leur écot en attaque pendant que l’ailier effectuait des tâches certes moins reconnues, mais essentielles pour qu’une équipe tourne rond. Il faudra en faire au moins autant – et même plus – face à l’Espagne pour conserver les rêves de doublé européen. Nicolas Batum en est capable, à lui de le faire.
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