18 août 1992, Larry Bird prend sa retraite : une légende se retire en dominant encore le game
Le 18 août 2015 à 12:46 par Bastien Fontanieu
Alors que certains rêvent seulement de terminer leur carrière sportive sur deux jambes, d’autres s’en vont plus tôt que prévu en évoluant pourtant encore à un très haut niveau : le numéro 33 de Boston était toujours au-dessus lorsqu’il décida de tirer le rideau.
C’est un sujet qui revient tous les ans, et de façon compréhensible puisque c’est plus ou moins le cercle respecté de la vie. Celui des athlètes approchant la date de péremption et hésitant à en remettre une dernière, ou un dernier comme dirait Gérard. Ce doute constant, cette pression familiale qui vous gratte le mollet au quotidien, chacun gère sa fin de carrière à sa façon et nombreux sont ceux qui, malheureusement, finissent avec une image ternie en comparaison avec leurs exploits passés. Il y a les rois de la pyramide, comme David Robinson et son départ sur un dernier titre en 2003, un dernier double-double bien gras devant ses proches. Puis les abonnés au cachot, comme Patrick Ewing qu’on verra crouler à Orlando après avoir illuminé New York pendant plus d’une décennie, ou Hakeem Olajuwon chez les Raptors. L’an prochain, la question se posera autour du trio Duncan-Garnett-Kobe, mais elle n’interviendra pas aujourd’hui. Car en ce saint jour d’été ? Un homme mérite ses louanges et surtout son quart d’heure de réflexion, presque spirituel. Le 18 août 1992, après une médaille olympique légendaire avec la Dream Team, Larry Bird prend officiellement sa retraite.
Le contexte est grinçant, comme le dos du sniper diront certains. Gêné par ce foutu dos qui part totalement en vrilles et force le joueur à devoir s’enfiler un traitement de cheval tous les soirs, Larry serre les dents mais la douleur devient tout simplement atroce. Il accepte tout de même de participer à l’aventure olympique, because Magic, mais les lendemains d’entraînements représentent de véritables séances de torture à domicile. Quasi-insupportables. Pourtant, c’est peu dire si le bonhomme aura joué avec un corps endolori ces dernières années, les deux talons ayant eu droit à leur propre opération pendant que les photos du numéro 33, allongé sur le ventre et posé sur ses avant-bras, deviennent des classiques. Cette année-là (han-han, han-han), Bird ne prendra part qu’à 45 rencontres sur 82 mais restera injouable à son poste : 20.2 points, 9.6 rebonds, 6.8 passes, 40.6% du parking, 92.6% aux lancers, 35 ans. Le genre de ligne qui devrait imposer un retour la saison suivante, n’est-ce pas ? Seulement non. Non, Larry ne peut continuer à ce rythme et doit raccrocher les pompes, même après avoir tenu tête aux Cavs en demi-finale de Conférence grâce à des petites performances de choix, dont la pépite ci-dessous (16 points et 14 caviars). La légende s’en va, son numéro est retiré, une période de deuil s’installera pour longtemps dans le Massachusetts.
Du coup, l’hypothèse peut être avancée aujourd’hui, surtout quand on revoit la science de Bird sur le terrain et sa capacité à dominer le jeu en étant encore moins athlétique qu’un fauteuil. Quelle moyenne aurait-il pu tenir s’il n’avait pas eu de soucis au dos ? Balancer 20-10-7 de moyenne avec un lampadaire rentré dans le short, c’est particulièrement impressionnant. Mais surtout, jusqu’à quelle âge aurait-il pu jouer et quels sommets aurait-il atteint statistiquement ? Le débat fait justement rage en ce moment, notamment autour d’un LeBron qui veut mettre un terme à la discussion concernant le meilleur ailier de tous les temps. Bien parti pour y arriver, le cyborg d’Akron aura tout de même un paquet de théoriciens qui continueront à énoncer ces questions à gorge déployée. Et dans toutes celles qui entourent ce poste 3 ainsi que le sniper des Celtics, une énigme demeure au-dessus des autres : quel joueur a pu quitter la Ligue à tout jamais, alors qu’il dominait encore face aux autres ? On a vu Jordan sortir de la Maison-Blanche en tournant à 20-5-5, Jerry West se reposer après un bon 20-4-6, c’est d’ailleurs à Kobe de jouer dans quelques semaines…
Ce jour particulier est donc réservé à un trashtalker suprême, mais surtout à un magicien qui aura quitté la scène en étant encore un cran au-dessus des autres : c’est pas pour rien qu’on l’appelle Larry Legend…