Salaire énorme, gros melon, âge avancé : Kobe Bryant est-il le vrai problème des Lakers ?
Le 03 août 2015 à 19:13 par Nicolas Meichel
En octobre dernier, un journaliste d’ESPN du nom d’Henry Abbot avait jeté un véritable pavé dans la mare en publiant un article très controversé mettant en avant le rôle principal de Kobe Bryant dans la récente faillite des Los Angeles Lakers. Ces critiques à l’encontre du « Black Mamba » sont très vite revenues sur le devant de la scène lors des dernières semaines après l’été raté de la franchise californienne au niveau du recrutement. Kobe fait-il fuir les gros poissons ? Bryant est-il devenu un boulet pour les Lakers ? Quelle part de responsabilité possède la superstar dans le fiasco angelino ? Autant de questions qui méritent des réponses.
Habitués à l’excellence, aux superstars NBA et aux bannières de champion, les Los Angeles Lakers vivent actuellement la pire période de leur glorieuse histoire. Absente des Playoffs ces deux dernières années, la mythique franchise californienne vient tout juste de sortir de la plus mauvaise saison de son existence avec un bilan catastrophique de 21 victoires et 61 défaites. Mais plus inquiétant encore que les mauvais résultats sportifs, les Lakers semblent avoir perdu tout leur « sex-appeal », eux qui n’arrivent plus aujourd’hui à attirer de grands joueurs comme ils avaient l’habitude de le faire par le passé. Cet été, ils visaient des stars telles que LaMarcus Aldridge et DeAndre Jordan, et ils se retrouvent finalement avec Roy Hibbert et Brandon Bass. Dans le jargon, on appelle cela une VDM (Vie De M**** pour les plus de 30 ans). A l’heure actuelle, le projet sportif de la franchise pourpre et or est plutôt flou et il est difficile de voir quelle est véritablement la direction empruntée par la famille Buss et le manager général (GM) Mitch Kupchak. Si un noyau de jeunes joueurs prometteurs est déjà en place avec D’Angelo Russell, Jordan Clarkson et Julius Randle, les Lakers ne sont pas vraiment reconnus pour leur volonté de construire tranquillement sur le long terme. A Los Angeles, où règnent les étoiles et les paillettes, la patience atteint très vite ses limites et les attentes sont sans doute plus élevées que dans n’importe quelle autre ville située sur la carte NBA. Malheureusement pour les fans angelinos, une nouvelle saison en carton est à prévoir puisqu’on voit mal leur équipe terminer ailleurs que dans les bas fonds de la Conférence Ouest. Et le pire dans tout ça, c’est que Kobe Bryant, visage des Lakers depuis un paquet d’années et véritable dieu vivant dans la Cité des Anges, devrait prendre sa retraite dans un an et sortir par la petite porte, très loin d’un happy end à l’américaine. Cette fin presque inévitable s’annonce forcément triste pour le « Black Mamba », mais il faut avouer que ce dernier n’est pas non plus exempt de tout reproche dans le fiasco californien, et les raisons pour lesquelles il se retrouve sur le banc des accusés sont nombreuses.
D’abord, Kobe Bryant est vieux, cher et abonné à l’infirmerie. A 37 balais, il va peser pas moins de 25 millions de dollars dans le salary cap des Lakers en 2015/2016, ce qui représente le salaire le plus élevé de toute la NBA, juste devant celui de Joe Johnson (ouch !) et de LeBron James. C’est évidemment beaucoup trop pour une superstar en perdition qui enchaîne les blessures depuis 2013 et qui a disputé seulement 41 matches sur 164 possibles lors des deux dernières saisons. Autrement dit, malgré tout le respect que force Kobe par rapport à sa superbe carrière, il est aujourd’hui un boulet pour une franchise en grande difficulté qui essaye tant bien que mal de repartir de l’avant. Mais outre l’aspect financier et purement sportif, c’est surtout le personnage Kobe qui plombe les Lakers dans leur quête de reconstruction. Ce n’est un secret pour personne, le « Black Mamba » est venimeux. A l’image du serpent à qui il doit son surnom, Bryant défend son territoire et n’hésite pas à montrer qu’il reste le franchise player des Lakers, et ce malgré son âge et son physique qui le lâche. Kobe reste Kobe et restera toujours Kobe, c’est-à-dire un mec relativement solitaire possédant une éthique de travail irréprochable, mais qui n’est pas forcément un coéquipier modèle. Jouer et cohabiter avec quelqu’un d’aussi exigeant que Bryant n’a jamais été chose facile. Rien de nouveau là-dedans. Shaquille O’Neal le dira et Dwight Howard vous le confirmera. C’est notamment l’une des raisons pour lesquelles les deux pivots dominants de leur génération respective ont chacun continué leur carrière sous d’autres horizons que celui de la Cité des Anges. Mais le vrai souci actuellement, c’est que le « Black Mamba » n’a plus la même aura que lors de ses grandes années puisqu’il ne fait plus partie des meilleurs joueurs du monde, qu’il le veuille ou non. Incapable de se remettre en question, il vit aujourd’hui dans l’illusion, dans le passé. Et tout ça se retourne désormais contre lui et donc forcément contre les Lakers. Par exemple, selon plusieurs sources bien informées comme ESPN et le Los Angeles Times, Kobe aurait proposé à LaMarcus Aldridge cet été de prendre le même rôle que Pau Gasol durant son passage à Los Angeles, c’est-à-dire celui de lieutenant. Il y a mieux comme pitch de recrutement non ? Et puis, quand on voit la réaction et le silence de cathédrale de Roy Hibbert, Lou Williams et Brandon Bass en conférence de presse au moment où on leur demande si Bryant leur a souhaité la bienvenue, on se dit qu’il existe déjà un certain malaise aux Lakers alors que la prochaine saison ne débute que dans trois mois. Ces différents épisodes nous montrent qu’il existe bien un problème Kobe à Los Angeles et il est probable que certains dirigeants de la franchise pourpre et or attendent impatiemment le départ du « Black Mamba » afin de définitivement passer à autre chose.
Justement, venons-en aux dirigeants. Si Kobe a beau avoir une certaine part de responsabilité dans la situation actuelle des Lakers, il n’est en réalité que la face émergée de l’iceberg, et c’est en partie pour cela qu’il est souvent pointé du doigt aujourd’hui. Mais le problème de fond est ailleurs. Si la franchise pourpre et or est actuellement dans la mouise, c’est avant tout parce qu’elle est mal gérée par ceux qui ont les clés du camion. Jim Buss, co-propriétaire des Lakers avec sa sœur Jeanie ainsi que président des opérations basket, est évidemment l’un des acteurs majeurs de la chute libre du « Lakeshow » ces dernières années, et Magic Johnson ne rate d’ailleurs jamais une occasion de le blâmer. Mais Mitch Kupchak, pourtant considéré comme l’un des meilleurs GM de la NBA, est également critiquable étant donné qu’il a toujours été impliqué (c’est lui-même qui le dit) dans les prises de décisions douteuses de Jim Buss. Pourquoi avoir pris Mike Brown en 2011 alors que l’assistant Brian Shaw semblait être le candidat idéal pour prendre le relais de Phil Jackson sur le banc de Los Angeles ? Pourquoi avoir engagé Mike D’Antoni au lieu du « Zen Master » en 2012 alors que Dwight Howard voulait bosser avec ce dernier et que l’équipe en place à ce moment-là n’était pas du tout adaptée au système de jeu de « Pringles » ? Pourquoi avoir offert un contrat maximum à Kobe Bryant alors qu’il venait de se péter le tendon d’Achille à 35 ans ? Tous ces choix très contestables (parmi d’autres) coûtent aujourd’hui très cher à la franchise californienne. Et quand vous ajoutez un peu de malchance (blessures, transfert annulé de Chris Paul en 2012…) à l’incompétence, vous vous retrouvez très vite bloqués au fond du trou. Alors forcément, ce n’est pas très étonnant de voir les Lakers galérer pour attirer des bons joueurs. Qui voudrait venir dans une telle organisation à l’heure actuelle ? Quelle star prendrait le risque de gâcher quelques années de sa carrière en rejoignant une franchise qui n’aspire pas vraiment confiance ? Pas grand monde, évidemment. C’est simple, le pourpre et or ne fait plus rêver personne. C’est bien beau d’essayer de convaincre LaMarcus Aldridge ou d’autres stars en leur promettant monts et merveilles niveau marketing, mais ça ne suffit pas pour les recruter, tout simplement parce qu’il n’y a pas de vrai projet basket à court ou moyen terme. C’est pourquoi l’ancienne star des Blazers a choisi d’aller à San Antonio plutôt qu’à Los Angeles cet été et que le pivot Greg Monroe a préféré le Wisconsin à la Californie (really !?!). Bref, vous l’aurez compris, les Lakers souffrent aujourd’hui d’un problème bien plus global que celui posé par Kobe Bryant. La personnalité de ce dernier n’arrange évidemment pas les choses, mais c’est au sommet de la hiérarchie que ça coince en premier lieu. A partir de là, difficile de construire quoi que ce soit de cohérent.
Incontestablement, le « Black Mamba » mérite son lot de critiques par rapport à la situation dans laquelle se trouvent actuellement les Lakers. Aurait-il dû prendre moins d’argent afin de permettre aux Lakers de mieux reconstruire ? Sans doute. Est-ce que certains joueurs refusent de venir à Los Angeles en partie à cause de lui ? Probable. Mais en fin de compte, s’il est clair que Kobe Bryant peut faire fuir les meilleurs talents à cause de son attitude de star de plus en plus injustifiée, il ne faut pas oublier que les dirigeants angelinos ont enchaîné les mauvaises décisions ces dernières années et ont ainsi précipité la chute d’une franchise qui n’a plus grande crédibilité aujourd’hui.
Source couverture : sidelinesmag.com
Source images : conversationsabouther.net / lakerholicz.com