Pourquoi Space Jam 2 ne sera pas obligatoirement le fiasco retentissant qu’on imagine
Le 30 juil. 2015 à 19:27 par Leo
Après avoir réalisé son plus beau rêve de gosse, celui de devenir un basketteur professionnel émérite en NBA, LeBron James souhaite en exaucer un second : incarner le héros d’une suite plus que probable de l’éternel Space Jam de Joe Pytka, sorti sur nos écrans en 1997 et ayant généré près de 2 millions d’entrées au Box Office français. Cependant, aucune ligne du prétendu scénario n’est encore écrite qu’une immense partie de la Toile déverse d’ores et déjà son venin sur le spectre du potentiel produit fini. Assisterons-nous réellement à une pâle copie du 1, vomirons-nous tous ensemble sur une vulgaire bouse intergalactique qui ferait honte aux souvenirs de l’original ? Pas si sûr…
Minutieusement buzzée par la maison Warner et par LeBron himself sur les réseaux sociaux, cette rumeur planante tend petit à petit à se transformer en une annonce plus que plausible d’un deuxième opus de ce long-métrage encore marquant dans le cœur des fans qui ont notamment grandi au rythme des exploits mémorables de Michael Jordan, personnage principal du premier et unique volet connu à ce jour. Or désormais, il existe de grandes chances pour que Bugs Bunny et son armée de Looney Tunes requiert à nouveau l’aide salvatrice du meilleur joueur de la Ligue actuelle afin de déjouer les manigances des effroyables Monstars, tout droit venus de la délabrée Moron Mountain. En d’autres termes, c’est là que son altesse royale de l’Ohio interviendrait…
LeBron ne sera jamais Jordan et inversement d’ailleurs. Donc pas de soucis ?
De toute évidence, son récent rapprochement avec l’immense maison de production à succès s’avère plus qu’une simple coïncidence et il n’est pas impossible que ce Space Jam 2 tant décrié avant même son écriture scénaristique voit le jour plus rapidement qu’espéré, fin 2016 voire dans le courant de l’année 2017. Juste une supposition hein… Quoi qu’il en soit, le nom de LBJ revient sans arrêt dans le débat publique, de surcroît ces temps-ci. D’un point de vue objectif, quelle autre figure générationnelle à l’aura aussi stylisée et à l’image aussi vendeuse pourrait prétendre s’immiscer dans le costume si singulier du héros de ce film amusant qui a fait rire (et fait toujours marrer) parents et gamins, 20 piges plus tard ? Kevin Durant ? Mouais… De l’avenir mais pas encore de bague à son actif, puis un ado lui a déjà volé ses super pouvoirs dans Thunderstruck pour un résultat peu concluant. Non, partons sur LeBron, sans hésitation. Sauf que pour beaucoup, ce choix on ne peut plus dégoulinant d’évidence va poser problème sur problème.
Constamment comparé, pour l’éternité il faut croire, à son idole de toujours (pas Allen Iverson mais l’autre), LeBron partirait davantage avec une balle dans le pied qu’avec un avantage conséquent dans cette chasse à l’approbation convoitée des spectateurs du monde entier qui se rueront assurément dans les salles obscures pour aller vérifier comment il se démerde au poste face au plus costaud des Monstars. Sur un parquet NBA comme dans un studio au fond vert agrémenté par une multitude d’images de synthèse, le numéro 23 des Cavs ne pourra jamais égaler “His Airness”, ni exécuter un fade-away ni jouer la comédie comme il a su le faire. Si Space Jam 2 il y aura, il faudra accepter d’emblée le fait inaltérable que cette suite sera fortement différente du 1, tant dans son traitement, dans son interprétation, dans son scénario renouvelé que dans ses moyens techniques à disposition permettant d’apporter une touche encore plus moderne, réaliste et colorée à la présence de Bugs Bunny et de ses camarades dans le monde des humains.
Bien sûr que pour les amoureux transis de Space Jam cette conception sera difficile à avaler car, selon eux, rien ne pourra surpasser les émotions ressenties deux décennies auparavant, surtout avec LeBron en tête d’affiche pour reprendre le flambeau de leur modèle de jeunesse. Un sacrilège pour autant ? Une fois cette différenciation acceptée en rapport avec les enjeux propres à une nouvelle ère pour la balle orange, se faire à l’idée de donner sa chance à LBJ, emblème de cette nouvelle ère, ne devrait pas être si insurmontable que cela puisse paraître au premier abord. S’embarquer au ciné ou mater une projection avec des a priori compulsifs plein la tête n’est jamais la meilleure des méthodes donc admettre cette évolution pour Space Jam 2 serait un grand pas pour s’éviter de juger à tort la prestation de l’enfant d’Akron en compagnie des Looney Tunes mais aussi pour ne rien se gâcher au niveau de l’intrigue, aussi maigre et simpliste sera-t-elle, on ne va pas se mentir.
Néanmoins, rien que pour le plaisir personnel des curieux de la nouvelle génération qui est en train de grandir sous l’égide dominatrice de LeBron James, cette distanciation sine qua non de la trace laissée par Jordan dans ce long-métrage inoubliable pour la plupart sera plus que nécessaire au visionnage peut-être crispant de ce Space Jam 2 ô combien délicat à concevoir sans crier au scandale ou à l’hérésie la plus farouche. MJ a eu ses années de gloire, des réussites qui font sens encore aujourd’hui et qu’il ne faut oublier sous aucun prétexte. Mais il faudra savoir faire place nette également à LeBron, à ses exploits comme à ses échecs et à tout ce qu’il peut apporter de positif, de somptueux pour la construction de soi d’un jeune basketteur en herbe qui, tout comme lui, cultivait un destin à la Michael et qui souhaite à présent emprunter sa route, celle d’un LBJ sur toutes les lèvres, à l’ascension fulgurante et à la carrière riche en rebondissements.
Une opportunité supplémentaire pour LeBron James de rentrer encore plus dans les consciences…
Même si ce n’est pas la célébrité qui manque à ce bon vieux LeBron (déjà la trentaine ? Que la vie passe vite, bordel…), s’implanter toujours plus dans l’intellect des fans de basket de la planète ne semble pas le rebuter plus que ça. Au contraire, l’amour inconditionnel de ses admirateurs mixé à la haine viscérale de ses haters constitue un cocktail des plus stimulants qui le pousse à entreprendre, à s’investir corps et âme, à essayer sans relâche même si la victoire n’est pas toujours au rendez-vous. Ainsi, essuyer les probables moqueries quant à ses talents manqués d’acteur à sensation d’Hollywood ne l’empêcheront pas de dormir sur ses deux oreilles. Cependant, Space Jam 2 serait l’occasion pour le quadruple MVP de cimenter pour de bon certains passages de sa carrière encore sous le feu des critiques, des événements ayant ouvert certaines plaies béantes qui ne se sont pas totalement refermées. Tout comme pour Michael Jordan dans l’oeuvre de Joe Pytka, ce serait une occasion en or pour le sieur LeBron afin de placer une bonne dose d’auto-dérision autour de “The Decision”par exemple, instant tourmenté dans la chronologie de sa vie professionnelle et privée qu’il pourrait alors assainir au moyen de quelques frasques voulues par le scénario.
Un chapitre qui se tournerait symboliquement et qui, par la magie su septième art, sublimerait à nouveau son retour grandiloquent cette année à Cleveland, influencé à coup sûr par Bugs et son ébouriffante perspicacité. Après tout, Michael n’a pas hésité à tourner quelque peu en ridicule sa première retraite des salles NBA et sa reconversion éphémère dans l’univers du baseball. Si, pour les besoins du cinéma et de son entrée dans l’intimité d’un public plus large, MJ a réussi à modifier les véritables raisons de son illustre come-back dans la Grande Ligue en 1995, la faute à des personnages cartoonesques, attachants et très persuasifs, pourquoi LeBron ne pourrait-il pas y arriver à son tour ? Il possède également ce grain fédérateur qui dépasse le cadre strict du sport, s’impose comme un membre éminent de son époque et de son domaine de prédilection mais surtout témoigne d’une humanité sensible qui l’a induit en erreur par le passé sans pour autant l’empêcher d’accomplir ses rêves les plus fous. Des rêves partagés massivement par une jeunesse qui se développe avec un œil rivé sur ses accomplissements, saison après saison. En somme, LeBron ferait alors coup double, en recollant certains morceaux peu glorieux par le biais de l’humour d’une part et, d’autre part, de relayer une “réécriture” de son histoire personnelle au plus grand nombre, à une diversité de spectateurs amateurs ou non de basket au départ.
Médiocre ou fabuleux, le film fera recette et mettra le basket sur un piédestal à travers LBJ
80 millions, tel fut le montant injecté à l’époque pour bâtir ce projet surprenant qu’est Space Jam, ce moment de légèreté mêlant sourires et basket le temps de 85 minutes de plaisir en famille. C’est dire les multiples retombées, autres que pécuniaires, que l’oeuvre a reçues, sans même parler de sa fonction d’héritage transmis au fil du temps ni de l’admiration passionnelle pour Michael Jordan qu’elle a véhiculée. De ce fait, cette séduction esthétique pourrait bel et bien se reproduire dans ce fameux Space Jam 2 qui attirerait dans ses filets bon nombre de curieux qui vont assister à un spectacle divertissant, bon nombre d’initiés sceptiques qui ont toujours la VHS du 1 sur l’une de leurs étagères mais aussi véritablement bon nombre de novices qui se découvrent une attirance pour l’univers NBA et ses annexes. Une suite qui toucherait donc différents types de personnes, des tranches d’âge variées et qui surferait sur l’insertion soignée du premier opus dans les mœurs pour parvenir à ses fins.
Car ce ne seront pas les références au premier opus qui manqueront, ne serait-ce que pour justifier le retour sur Terre de Tunes dans la panade près de 20 piges plus tard. Une réapparition sur scène qui en révélerait une autre, masquée quant à elle, à savoir celle de la Warner elle-même qui frapperait du poing sur la table, cette dernière qui s’est progressivement faite mangée dans ce registre concurrentiel de l’animation par la Century Fox (L’Age de Glace) et Paramount (Madagascar). Les canons de la mode changent, de nouveaux venant leur ravir leur place sur le trône à chaque nouvelle période. Tom, Jerry et Buggs Buny ont fait rire aux éclats une myriade de gosses au réveil par-delà le globe pendant plusieurs années ; à vérifier s’ils reviendront en puissance avec ce Space Jam 2 aussi critiqué qu’espéré. Le tiroir-caisse en sera le juge impartial…
Par ailleurs, inutile de préciser que les effets spéciaux et l’option 3D pour les plus courageux devraient être de mise, histoire de parfaire l’habillage visuel du movie et les péripéties qui rythmeront l’activité de notre Bron-Bron et de ses acolytes. Là encore, les billets vont pleuvoir dans les deux sens, rien ne sera certainement omis afin d’allier expérience sensorielle et divertissement à cheval entre deux univers attrayants. Dès lors, pour les fins aficionados de graphismes, ça devrait bien se passer et pour peu qu’ils aient aimé le premier, certaines de leurs attentes devraient être comblées comme il se doit. Enfin, dans le but que la moitié du chemin soit réussie dans le cœur des fans, le timing de l’hypothétique sortie du long-métrage sera, comme à l’accoutumée, cruciale. Il l’a été pour Space Jam, il le sera d’autant plus pour le 2 car c’est un euphémisme d’affirmer ici que les créateurs en poste auront du pain sur la planche pour charmer de nouveau l’opinion générale.
En 1996, au sortir de la victoire des Chicago Bulls sur les Seattle Sonics de notre padre Gary Payton, MJ venait d’être nommé pour la quatrième reprise MVP des Finales, un trophée magnifique glané au terme d’un retour aux affaires unique en son genre, un cadeau inestimable pour son père disparu. Autrement dit, il serait préférable pour tout le monde que LeBron James remporte une troisième bague de champion quelques semaines avant le tournage ! Loin d’être toutefois une obligation, la crédibilité et la justification de sa succession à Jordan n’en seraient que renforcées, chose qui permettrait à “King James” d’encaisser plus confortablement les piques empoisonnées des observateurs. S’acquitter d’un kevlar bombé pour se rendre à un massacre prédit depuis des mois peut avoir son importance, on ne sait jamais…
En un mot, on peut s’attendre à tout avec ce Space Jam 2 officieusement dans les tuyaux : à du bon, de l’honnête comme à du très très mauvais. Or, avant que de condamner de manière aigrie et sans fondements, laissons peut-être le bénéfice du doute à ce cher LeBron qui nous a toujours réservé quelques surprises de taille. Bien que l’impact du premier volet demeure assez intouchable du fait de la présence agréable et savoureuse de l’ami Michael, il ne faudrait point sous-estimer l’influence de cette suite d’un classique sans prétention qui restera ad vitam eaternam bien placé dans un recoin de notre cerveau. La jeunesse d’aujourd’hui n’a pas les mêmes goûts que celle d’hier alors voyons comment cette oeuvre basketballistique pourrait vieillir et quelles cordes celle-ci pourrait toucher chez la jeunesse de demain.
Au lieu de fustiger l’implication de son futur héros, réjouissons-nous plutôt de la très probable sortie de ce Space Jam 2 qui participera quoiqu’il arrive, navet ou chef d’oeuvre, à la démocratisation – racoleuse ou forcée peut-être mais on ne va s’en plaindre au vu de la situation actuelle – du basket en France, de son rayonnement de par le monde. Tant qu’on en parle, qu’on en discute et qu’on vibre grâce à ce lien, c’est plus ou moins gagné. Un Space Jam, un He Got Game ou un Coach Carter ne sort malheureusement pas chaque mercredi dans nos salles obscures. Alors voyons ce qu’il a à proposer, lorsqu’il sera à l’affiche bien entendu. Allez, on se quitte en laissant le mot de la fin à R. Kelly…
Source image : Warner, Twitter